Depuis que le monde est monde, depuis que Caïn a tué son frère Abel, la violence n’a cessé d’exercer ses ravages sur notre terre. L’information de ces jours-ci en est pleine. Qu’il s’agisse de l’intervention au Burkina Faso, où deux de nos militaires ont perdu la vie. Qu’il s’agisse dans ce même Burkina Faso de l’attaque d’une église où cinq fidèles et le prêtre célébrant la messe ont été tués par un commando terroriste. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter quant à l’ancrage des groupes islamistes au sud du Sahel. Et nous ne pouvons pas oublier que c’est notre armée, qui, sur place, s’oppose à la menace djihadiste, sans que nos alliés ne songent vraiment à lui venir en aide.
Autre forme de violence, la violence civile, celle qui sévit entre forces de l’ordre et Gilets jaunes et a pris ainsi des proportions inquiétantes pour notre paix intérieure et la solidarité qui devrait dominer tous les risques de propagation de la haine. On en est à comparer les statistiques des blessés parmi les manifestants, certains ayant été atteints grièvement, et celles des blessés parmi policiers et gendarmes. Est-il vrai que le silence du gouvernement finit par devenir pesant, parce qu’il cautionne des dérives graves et alimente ainsi un climat de discorde ?
Je me permettrai d’ajouter un autre type de violence à toutes celles-là, d’une nature très différente il est vrai, mais qui pose une interrogation morale considérable pour l’avenir de nos sociétés. On nous explique que sur la porte du CHU de Reims une affichette Vigipirate a été placardée : « Sécurité renforcée, risque attentats. » Pour le moins curieux ce « risque attentats », car il est douteux que les auteurs habituels d’attaques meurtrières contre la population soient en cause. Mais alors, qui ? Les parents de Vincent Lambert qui s’opposent à l’euthanasie de leur fils, euthanasie qui risque d’intervenir au cours de la semaine prochaine ? Soyons sérieux. S’il y a manifestations, elles n’auront rien de terroriste puisqu’au demeurant il s’agit de protéger une vie. Qu’on le veuille ou pas, interrompre l’existence d’un homme, même très handicapé, constitue un acte d’une extrême violence. Et le cas de Vincent Lambert pose un énorme problème de société, eu égard au basculement de civilisation qui se profile dans un horizon très proche. Le risque d’attentat n’est pas là où on voudrait nous le faire croire. C’est notre humanité même qui est en péril.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 mai 2019.
Pour aller plus loin :
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- Jean-Paul Hyvernat