J’ai envie de remercier nos confrères du Parisien, un des rares quotidien qui soit paru hier sur papier, pour avoir donné toute son importance aux dramatiques attentats du dimanche de Pâques au Sri Lanka. Le quotidien titrait à la une : « Les catholiques pris pour cible. Au Sri Lanka, des attaques dans des églises et des hôtels ont fait plus de 200 morts. La communauté chrétienne est une nouvelle fois endeuillée durant la fête de Pâques. » Une fois de plus, en effet, car il y a des précédents rappelés de façon précise par les rédacteurs. En 2017, deux kamikazes avaient provoqué la mort de 45 personnes dans le nord de l’Égypte, à Alexandrie et Tanta, atteignant une fois de plus la communauté copte déjà très éprouvée. En 2016, c’est à Lahore au Pakistan qu’il y avait eu 75 morts, dont beaucoup d’enfants parmi les chrétiens rassemblés dans un grand parc de la ville. En 2012, on relevait 41 morts dans le nord du Nigeria, à cause d’une voiture piégée près d’une église.
Dans un vigoureux éditorial de La Vie, Jean-Pierre Denis note que ce n’est pas succomber à la surenchère victimaire que de rappeler qu’aujourd’hui le christianisme est la religion la plus persécutée au monde. Et de mettre l’accent sur l’extraordinaire témoignage de ce christianisme vécu comme « une réalité humaine universelle et vivante, faite d’enfants, de femmes et d’hommes réunis pour célébrer la réalité universelle du Salut ». Oui, vraiment c’est à un tel témoignage que l’on saisit la force de l’espérance pascale vécue au milieu des persécutions. L’éditorialiste du Parisien paraît d’ailleurs lui aussi persuadé de cette puissance d’attestation, puisqu’il affirme qu’« une violence aveugle et vaine ne fera que donner plus de poids l’an prochain à cette célébration de la renaissance » qu’est Pâques.
J’ajouterai pour ma part que la ferveur des chrétiens sri-lankais m’est sensible jusque dans ma propre paroisse de banlieue où j’en côtoie plusieurs de la façon la plus amicale. Il font toute mon admiration avec leur pratique de la messe souvent quotidienne, parents et enfants réunis et aussi leur présence soutenue dans les activités paroissiales. Oui, la tragédie de Colombo nous fait prendre conscience de la réalité vivante d’une Église d’authentiques témoins et de la fraternité qui nous réunit.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 avril 2019.
Pour aller plus loin :
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