Face aux saccages qui ont eu lieu samedi aux Champs Élysées, on est forcément enclin soit à l’écœurement soit à la perplexité. L’écœurement, parce que tant de violences aveugles ou systématiques renvoient au non sens, au nihilisme. Que deviennent les revendications les mieux fondées lorsque c’est la loi des casseurs qui prend le dessus et produit des injustices équivalentes à celles qu’on prétend dénoncer ? À quoi ressemble, par exemple, la destruction des kiosques à journaux, qui prive de leur emploi des gens qui gagnent le minimum du minimum alors que la reconstruction de leur outil de travail n’est même pas garantie par des polices d’assurance trop coûteuses ? Et puis il y a aussi le risque terrible de l’incendie d’une banque, avec la mise en péril des habitants de l’immeuble, notamment une maman et son bébé.
Peut-être faut-il distinguer entre Gilets jaunes et casseurs, car il semble bien que samedi il y avait quelque 1500 spécialistes du saccage, certains venus de l’étranger ? Mais on fait remarquer que les casseurs bénéficiaient souvent de l’indulgence des manifestants qui laissaient faire, au prétexte que seule l’extrême violence paye, les cortèges paisible n’impressionnant personne et sûrement pas les autorités. On peut parler, en ce cas, de la violence du désespoir. Mais la violence du désespoir peut-elle déboucher sur des solutions quelconque ?
Elle peut, au contraire, provoquer un retournement de l’opinion, qui, très favorable au mouvement pendant longtemps, considérera que la révolte a échoué et qu’elle est désormais sans lendemain. L’éditorialiste du Parisien écrivait hier : « Révolutionnaires de pacotille, voleurs et agresseurs de policiers, les cagoules noires ont définitivement sali un mouvement qui sombre dans le n’importe quoi. »
Pourtant, les causes qui ont produit ce mouvement social sans précédent n’ont pas disparu. Le gouvernement, et le chef de l’État en premier lieu, sont sommés de prendre des mesures d’urgence contre les casseurs. Il devront aussi apporter des conclusions pratiques au Grand débat national où Emmanuel Macron s’est complètement investi. Peut-on espérer que la raison reprendra le dessus et qu’avec le concours du plus grand nombre, on parviendra à répondre de la façon la plus adéquate aux causes d’un malaise qui ne disparaîtra pas avant longtemps ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 mars 2019.
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