Dimanche, qui était le premier dimanche de carême, le père Guillaume de Menthière a inauguré ses conférences à Notre-Dame de Paris. Ainsi renoue-t-il avec la tradition du père Lacordaire qui, au début du XIXe siècle, attira des foules de fidèles dans la cathédrale pour ranimer leur foi, approfondir leur réflexion sur les questions essentielles. Lacordaire attirait notamment les jeunes, selon le vœu de son ami Frédéric Ozanam, universitaire catholique qui avait pour souci l’intelligence de la foi. Fort heureusement, Lacordaire a eu des continuateurs de grand talent qui surent communiquer de génération en génération la substance du christianisme, répondant également aux interrogations distillées par la culture du temps. Chaque époque a ses caractéristiques propres, le monde change parfois à une allure vertigineuse, et il faut tenir compte des problématiques contemporaines.
La culture de l’après-guerre, marquée par le marxisme et l’existentialisme athée n’est plus celle d’aujourd’hui. Cependant, l’adaptation n’empêche pas la nécessité d’un retour incessant à ce qui fait le noyau du christianisme. Ce qu’en termes savants on appelle le kérygme, c’est-à-dire la proclamation du mystère pascal. Qu’on le veuille ou pas, c’est là qu’il faut toujours en revenir. Et l’on ne doit rien attendre d’autre de l’Église. Revenir sans relâche au Christ mort et ressuscité. Telle est bien la mission que Mgr Aupetit a confié cette année au père de Menthière, qui pose d’emblée la question : « Allons-nous quelque part ? » et qui répond : « Avec le ressuscité, faire route vers Emmaüs. »
« Oui, nous dit-il, il y a un chemin, c’est le chemin d’Emmaüs, la plus large avenue du monde, car c’est le chemin de tout homme. Bienheureux boulevard où le Ressuscité nous rejoint, bienheureuse auberge où nous attend la révélation de notre destinée éternelle, bienheureuse Cène qui nous propulse dans la nuit avec la certitude d’aller enfin quelque part. » Je suis certain qu’avec un tel programme et avec une telle conviction, la cathédrale sera remplie, non seulement de la foule des fidèles, mais par ceux et celles qui, l’ayant peut-être appris de bouche à oreille, voudront aussi prendre ce chemin d’Emmaüs, où ils sont sûrs de ne pas s’égarer.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 mars 2019.
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Photo © Michel Pourny