Un bâillon sur l'Église Catholique. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Un bâillon sur l’Église Catholique.

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Les idéologues partisans de l’homosexualité soutiennent que toute réprobation du comportement homosexuel est une forme d’ « homophobie » et donc que tout discours hostile à l’homosexualité est un « discours de haine » .

Lors des dernières décennies cette campagne contre le langage haineux homophobe s’est révélée fort efficace aux États-Unis. De nos jours, presque personne n’oserait tenir en public un discours contre l’homosexualité.

Qu’en est-il au sein de l’Église catholique ? La campagne « pro-homo » contre le « discours de haine » a-t-elle réduit l’Église au silence, l’empêchant de tenir son enseignement selon lequel la sodomie homosexuelle est un péché ?

Si les informations dont je dispose sont valables on n’entendra que rarement un prêtre, lors de la messe dominicale, rappeler à ses paroissiens qu’un comportement homosexuel est un péché grave. Il se peut, sans doute rarement, que le silence du clergé résulte d’un désaccord avec l’enseignement de l’Église sur le sujet.

Mais pour la plupart ce silence ne relève que de la discrétion (le genre de « discrétion » qui, selon Falstaff est le meilleur choix). Pourquoi choquer des paroissiens, dont un certain nombre n’approuve pas l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité, et dont bon nombre a des amis ou des membres de sa famille gays ou lesbiennes ? Ne dérangeons pas un chien qui dort.

Par ailleurs, le prêtre peut bien se dire, décidant de ne pas aborder ce sujet délicat, que « chacun connaît la position de l’Église. Pas besoin que je la leur rappelle. » Ce qui est vrai, jusqu’à un certain point. L’Église catholique est bien connue pour son éthique sexuelle super-stricte selon laquelle l’unique activité sexuelle moralement légitime est celle des époux, mari et femme, sans contraception, au sein d’un ménage monogame. Sachant cela, vous savez que l’Église condamne le comportement homosexuel. Mis à part le cas des gens qui l’ignorent (étrange, le nombre de gens qui méconnaissent les évidences), on distinguera entre croire à une abstraction et croire à sa réalité.

Prenons pour exemple un autre composant de l’éthique sexuelle catholique : la règle selon laquelle la contraception conjugale est un péché grave. « Tout le monde sait bien » de manière abstraite que c’est dans l’enseignement de l’Église, mais rares sont les catholiques américains qui pensent que telle est la conviction de l’Église. Pourquoi donc ? Parce que depuis un demi-siècle et la réaffirmation par S.S. Paul VI de l’enseignement traditionnel de l’Église à ce sujet dans son Encyclique Humanae Vitae les prêtres en paroisses ont soigneusement mis de côté la seule question de la contraception.

Le prêtre sait bien que les jeunes couples de sa paroisse (s’il a la chance d’en compter parmi ses ouailles) pratiquent vraisemblablement la contraception, ou la mettront en œuvre dès qu’ils auront le nombre d’enfants souhaités
 ; il sait également que ses plus anciens paroissiens en ont usé quand l’épouse était encore assez jeune pour une grossesse.

Ce n’est donc pas un péché rare et aussi exceptionnel parmi ses paroissiens qu’un meurtre ou une attaque de banque. Prononcer des homélies contre le meurtre ou les hold-up serait perdre son temps. Mais prêcher au sujet de la contraception attirerait l’attention des paroissiens sur un péché couramment commis dans la paroisse. Et cependant, un prêche sur la contraception heurterait les paroissiens et briserait la popularité du célébrant. Mieux vaut garder le silence sur ce sujet.

Mais si ce silence persiste année après année, décennie après décennie, curé après curé, le paroissien moyen finira par être persuadé que l’É glise n’est pas vraiment concernée en déclarant que la contraception est un péché grave. L’Église considère sans doute que la contraception conjugale est un péché véniel, même, peut-être, pas du tout un péché.

William Ellery Channing (1780-1842), souvent cité comme « Père de l’unitarianisme » [NdT : doctrine rejetant la notion de Trinité et ne retenant que l’unicité de Dieu.] déclara que le calvinisme connut son déclin à Boston et alentour non à cause de prêcheurs congrégationistes hostiles aux doctrines calvinistes, mais parce qu’ils ne soutenaient plus ces idées. Les anti-calvinistes ne prêchaient plus contre la doctrine de la prédestination, la perversité, la Trinité, la divinité du Christ, etc. Ils demeuraient silencieux sur ces sujets. Et un jour, les meilleurs citoyens de Boston s’aperçurent qu’ils n’étaient plus des chrétiens orthodoxes mais étaient devenus unitariens.

Quelque chose ressemblant se produit au sein du catholicisme américain en ce qui concerne le comportement homosexuel (sans compter d’autres éléments relatifs à l’éthique sexuelle catholique). Il n’y a peut-être aucun prêtre prêchant contre l’enseignement traditionnel catholique. Mais il n’y en a que peu prêchant pour promouvoir cet enseignement. Il en résulte que la réprobation de l’homosexualité qu’on devrait rencontrer dans les cœurs et les esprits des Catholiques est en voie d’extinction.

Alors vient la réponse à la question que je posais ci-dessus — « la tendance homosexualiste pour faire taire toute critique du comportement homosexuel a-t-elle eu de l’effet au sein du clergé catholique américain ? » — est un OUI massif.

La réussite de cette campagne « Bâillonnons l’Église catholique » impose, me semble-t-il, la quadruple obligation à l’épiscopat et au clergé catholiques de prêcher vigoureusement contre le comportement homosexuel. Il faut agir :

-1- pour que la doctrine morale catholique concernant l’homosexualité ne faiblisse pas.

-2- pour dire, afin de parler net aux idéologues pro-gay et à leurs complices anti-chrétiens : « vous ne nous ferez taire ni à ce sujet ni à aucun autre sujet Chrétien.

-3- pour encourager les fidèles catholiques dont beaucoup craignent parfois que l’Église laisse tomber ou se diluer cette question et bien d’autres concernant la foi catholique.

-4- pour encourager les chrétiens non catholiques, quels que soient leurs désaccords avec Rome, à suivre le mouvement ; Rome est le rocher de Gibraltar de la Chrétienté.

Les catholiques et tous autres, amis ou hostiles, doivent être persuadés que l’Église catholique n’est pas prête à suivre le chemin de certaines églises Protestantes « libérales » ; et qu’il n’est pas question d’abandonner élément après élément de la Chrétienté, ce qui mènerait à l’athéisme.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/01/25/silencing-catholic-speech/

Image: Acedia (c’est-à-dire paresse) de Hieronymous Bosch, v. 1500-10 [ Musée du Prado , Madrid]. Voici un détail des Sept péchés capitaux et des Quatre dernières choses (ci-dessous).

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David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island et est l’auteur de Le déclin et la chute de l’Église catholique en Amérique .