Un protocole entre religions ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Un protocole entre religions ?

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La visite que François vient de rendre aux Émirats arabes unis est vraiment hors-normes. Nous le signalions lundi matin, mais tout ce qui s’est déroulé à Abou Dhabi ces deux derniers jours n’a fait que confirmer une telle impression. Le rassemblement de 180 000 chrétiens pour une messe publique en terre d’islam n’est pas seulement exceptionnel en tant qu’ouverture à la liberté du culte, mais elle est aussi un signe en faveur d’une véritable reconnaissance du fait chrétien. Jamais, il n’y avait eu, dans la péninsule arabique, un rassemblement populaire de cette importance. C’est dire l’intention des autorités des Émirats, à l’occasion de cette visite du Pape, de manifester leur tolérance et leur refus de se reconnaître dans l’extrémisme islamiste qui sévit aujourd’hui.

Du côté du Pape, il y avait aussi la volonté de marquer un grand coup en faveur d’un rapprochement avec les musulmans. On lui a parfois reproché trop de bienveillance à l’égard d’un univers, dont certains spécialistes pensent qu’il le connaît mal. Pourtant, dans son intervention prononcée devant 400 personnalités religieuses de toutes appartenances, il n’a nullement esquivé le danger d’une violence extrême pour le monde entier. Une de ses phrases les plus impressionnante doit être retenue : « Il n’y a pas d’autre alternative, ou bien nous construirons ensemble l’avenir, ou bien il n’y aura pas de futur. »

Le dialogue interreligieux est donc pour lui capital : « On ne peut reporter cette tâche qui incombe aux religions : contribuer activement à démilitariser le cœur de l’homme. » Dans son entreprise, le Pape a trouvé un allié privilégié en la personne de l’imam Ahmed al Tayeb de l’université égyptienne d’al-Azhar, qui jouit d’un grand prestige dans l’islam sunnite. Les deux hommes ont signé un document commun d’une facture très particulière, parce qu’il ne s’insère pas dans le mode d’expression habituelle du magistère. Il s’agit d’une sorte de protocole de conduite pour les religions en faveur de la paix, avec des précisions intéressantes sur la défense de la vie et les droits des femmes. Dans la partie qui se joue et qui est d’une complexité redoutable, on peut parler d’un acte de gouvernement dont il faudra apprécier les conséquences.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 février 2019.