Foi, vie, raison - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Foi, vie, raison

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La quarante-sixième marche pour la Vie de ce jour à Washington n’est pas une chose catholique. Il a été gratifiant, au cours des années, de voir le nombre grandissant d’évangéliques, de protestants des courants majoritaires, de juifs – vous devez aimer le son du chofar depuis la tribune juste avant que les marcheurs se mettent en route – de mormons, de musulmans et d’autres. Tous en sont venus à prendre conscience que tuer les plus petits et les plus vulnérables de notre espèce humaine n’est pas humain, ni favorable aux femmes, des dizaines de millions d’entre elles étant ciblées partout dans le monde alors qu’elle sont encore dans le ventre de leur mère pour la simple raison d’être de sexe féminin.

Mais la marche – et la cause pro-vie – ne sont même pas, strictement parlant, des sujets religieux. Voir les « Athées pour la Vie » marchant autour du National Mall est toujours encourageant, mais cela est également un rappel précis. Nous ne nous opposons pas à l’avortement parce qu’il heurte quelque dogme religieux. Si c’était le cas – comme les partisans de l’avortement le clament souvent à tort – il serait difficile dans les démocraties pluralistes modernes telles que les nôtres d’éviter la fausse accusation d’essayer « d’imposer notre religion » aux autres. Tout au contraire, nous essayons d’empêcher les gens de pratiquer une forme d’idolâtrie déraisonnable, fausse et meurtrière.

Parce que c’est la raison, et non la révélation, qui nous dit que – si nous croyons que tuer est mal – alors tuer des enfants dans le sein maternel est mal. Et chaque année, le soutien scientifique à cette position morale devient de plus en plus clair. Quand l’arrêt Roe contre Wade est tombé en 1973, nous n’avions rien de comparable à la preuve médicale que nous avons aujourd’hui. Nous savons par exemple maintenant que le cœur d’un enfant commence à battre environ quatre semaines après la conception – et beaucoup d’autres choses se passent qui rendent évident que cet être vivant qui grandit est humain (avec son génome unique), et sexué dès l’origine. Il est rationnel de dire : quiconque interrompt cette vie, même dans ses premiers stades de développement, fait une grave erreur morale.

Et nous avons tout-à-fait le droit à la fois d’argumenter rationnellement et de marcher pour faire cesser l’avortement. En fait, c’est une obligation morale. Se lancer dans le combat à la recherche de la vérité est un moyen de démontrer notre conviction que ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord sont, comme nous-mêmes, des êtres rationnels. Je sais – cela demande beaucoup de raison quand tant de passions et d’intérêts sont impliqués. C’est pourquoi les marches, les manifestations, l’exemple personnel doivent souvent être en jeu rien que pour donner une audience à la science et à ses excellents arguments.

Environ dix ans après l’arrêt Roe, je parlais avec un philosophe maintenant mondialement connu de l’avortement. Il prédisait que, bien que la science et le raisonnement moral rendraient de plus en plus clair ce que nous faisons en avortant nos enfants, rien de cela n’aurait d’importance : « le jour viendra où ils devront admettre la vérité. Et ils diront : eh bien oui, c’est tuer un bébé, et alors ? »

En ce temps-là, j’étais sceptique ; je ne le suis plus. Nous avons maintenant eu des années de changement de sujet, depuis le statut moral de l’embryon jusqu’à plein de choses, du respect pour la libération des femmes des préjugés religieux jusqu’au combat contre la pauvreté et les dommages environnementaux. Et nous avons même vu l’argument que c’est un choix difficile – difficile pourquoi ? peut-être parce qu’un bébé est impliqué ? – mais que les femmes doivent cependant avoir le droit. Dans un moment d’exaltation morale, le pape François a touché juste : avorter, c’est comme louer les service d’un tueur à gages pour résoudre vos problèmes. Et le monde recourt énormément à ce tuer à gages : 42 millions de fois de par le monde l’an passé, selon une estimation, faisant de l’avortement la première cause de mortalité.

Les catholiques américains ont joué un rôle central et honorable, bien sûr, en gardant active la cause pro-vie. Et il n’est pas surprenant que d’autres, qui tiennent la vérité pour libératrice, nous aient rejoints. Et pas seulement sur ces rivages. Notre exemple a déclenché des efforts similaires dans plusieurs pays et, récemment, à Rome même, bien que l’Eglise italienne et le Vatican aient gardé leurs distances, semble-t-il pour de mauvaises raisons politiques, avec la Marcia per la Vita.

Depuis la seconde vague de la crise des abus sexuels dans l’Eglise, les évêques d’Amérique et par extension l’Eglise dans son ensemble ont été la proie de critiques sévères, parfois imméritées, très souvent méritées. Tous cela a miné la force de notre témoignage public sur plusieurs fronts. Ces derniers jours, le cardinal Wuerl de Washington a dû abandonner son projet de célébrer la messe pour la vie de ce matin. Le nonce apostolique Christophe Pierre le remplacera. Mais nous Américains pouvons prendre en main plus d’un problème à la fois. Finalement, nous ferons le ménage dans la crise des abus sexuel même en continuant notre témoignage pro-vie et pro-famille.

Le combat ne sera pas facile. Il a fallu près de cent ans – et une guerre civile – entre le premier écrit de John Wesley contre l’esclavage et l’acte d’émancipation. Cela peut être aussi long ou même plus long pour renverser l’arrêt Roe et changer les attitudes culturelles envers l’avortement. Mais quelle que soit la durée, quand nous irons vers des jours meilleurs, les gens regarderont en arrière vers ces temps obscurs et se demanderont comment un peuple libre jouissant de la plus grande prospérité que le monde ait jamais connue a pu permettre à ces avantages de l’aveugler sur le massacre des innocents.

Beaucoup ont critiqué l’Eglise et d’autres entités chrétiennes pour leur défaillance à combattre l’esclavage au dix-huitième et au dix-neuvième siècles. Et cela reste une tache sur la mémoire de beaucoup de disciples du Christ qui savaient.

Mais le jour béni où l’avortement sera de nouveau vu comme l’horreur morale qu’il est, les gens verront aussi que c’est d’abord l’Eglise, en dépit de critiques acerbes et alors que presque personne d’autre ne le faisait, qui a défendu le caractère sacré de toute vie humaine. Quelque chose à célébrer, alors que tant d’autres choses semblent mises en doute.


Robert Royal est rédacteur en chef de The Catholic Thing et président de l’institut Foi & Raison.

Illustration : l’invitation à la Marche pour la Vie 2019

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/01/18/faith-reason-life/