Des prêtres et des scandales. Dans l'Église de France du concile de Trente aux lendemains du concile Vatican II - France Catholique
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Des prêtres et des scandales. Dans l’Église de France du concile de Trente aux lendemains du concile Vatican II

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Il y a toujours des personnes bien intentionnées qui pensent qu’il ne faut pas parler du mal dans l’Église catholique (« pour ne pas désespérer Billancourt » pour parler comme Sartre…). Anne Philibert montre au contraire qu’on peut mettre le couteau dans la plaie et en ressortir plein de foi, ou au moins mieux informé et donc plus intelligent. Elle a entrepris de relever le défi d’enquêter sur une période de l’histoire de l’Église de France qui couvre un peu plus de quatre siècles – à partir des lendemains du Concile de Trente (1545) jusqu’aux lendemains du Concile Vatican II (1978) – avec pour axe de recherche : les prêtres et le scandale (prêtres scandaleux, prêtres face aux scandales…) Sujet trop vaste que son éditeur lui a heureusement demandé de limiter à quelque 450 pages pour ne pas dépasser les 24 euros et pour bénéficier rapidement – on s’en doute – du climat médiatique de la révélation actuelle des affaires de prêtres pédophiles…

C’est donc au pas de charge, en ne se laissant pas arrêter par les obstacles (par exemple les archives diocésaines ou départementales qui croient de leur devoir de ne pas transmettre certains dossiers individuels de prêtres condamnés), et avec parfois un vrai sens du suspens policier que cette historienne (biographe d’Henri Lacordaire, mais aussi énarque et magistrat) nous met face à une réalité historique. Oui il y a toujours eu des prêtres qui sortaient des clous plus ou moins gravement, bravant la doctrine, mais aussi la morale de l’Église, et la morale la plus ordinaire : prêtres sans loi ni foi : voleurs (« simoniaques »), fornicateurs, pédophiles, assassins… On a même vu un prêtre assassiner un évêque (Mgr Sibour en 1857)…

Face à ces infamies, la hiérarchie (les évêques, le Pape) a, sauf exceptions rares, toujours cherché à faire la part entre ce qui était de l’ordre du scandale public – et qui devait donner lieu à des sanctions publiques – et ce qui était de l’ordre du scandale privé et qui devait si possible rester secret, pour ne pas faire scandale justement, ne pas donner l’occasion au bon chrétien de chuter… et pour protéger l’institution comme on ne l’a que trop bien compris désormais. Le souci d’étouffer les affaires a fait que, trop souvent, les sanctions sont restées, à nos yeux effarés, bien symboliques, permettant aux coupables, aux pervers, de récidiver sans que le sort des victimes, des plus faibles, ne soit sérieusement pris en compte.

Anne Philibert aborde avec précision, mais sans insister sur les détails les plus sordides, toutes sortes de faits divers qui donnent parfois le tournis. Mais son ambition est plus vaste. Il y a tant de choses qui peuvent nous scandaliser chez un prêtre, qui ne relèvent pas forcément de la justice humaine et qui peuvent varier selon les époques, sauf pour ce qui concerne le manque de charité…

Les chapitres sur le sacré dans l’Église du Christ ou sur la sainteté du prêtre nous mettent à la hauteur d’interprétation convenable pour analyser des comportements plus ou moins lamentables de prêtres ou d’évêques, notamment confrontés aux puisant du jour, aux Révolutions aux grandes défaites, aux idées nouvelles ou réputées anciennes. Mais il est tant de motifs de scandale, à un moment donné, qui font sourire ou sont même la norme à peine quelques générations plus tard !

Ces dossiers passionnants, ces comptes-rendus de lectures nombreuses, semblent parfois curieusement entremêlés. Mais l’auteur a un cap qui n’est pas seulement de satisfaire notre curiosité. On sent dans cette réflexion un véritable amour de l’Église qui prend tout son sens dans l’analyse, reprise plusieurs fois, et qui fait la conclusion, du scandale de la Croix.

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Anne Philibert, Des prêtres et des scandales. Dans l’Église de France du concile de Trente aux lendemains du concile Vatican II, Le Cerf, 464 pages, 24 €.