note : cet article est paru en août mais nous n’avions pas eu le temps de le traduire jusqu’ici.
« J’appellerai mon livre ‘Le pays poupre’. Car quel nom plus approprié pourrait-on trouver pour un pays si maculé du sang de ses propres enfants ? » – William Henry Hudson
Aux petites heures du 9 août 2018, les sénateurs argentins ont rejeté la légalisation de l’avortement : 38 contre et 31 pour. Deux sénateurs se sont abstenus. Depuis le début, la loi contenait plusieurs contradictions légales flagrantes. Par exemple, le texte reçu par le Sénat affirmait que l’avortement « est un droit » – en fait, un droit absolu et exclusif pour les femmes – alors que la Constitution reconnaît clairement que la vie de tout être humain est protégée du moment de sa conception jusqu’au moment de sa mort naturelle.
Le mouvement pour légaliser l’avortement en Argentine a été financé pour la plus grande partie par des organisations étrangères basées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, avec un soutien additionnel de fonds publics procurés par des autorités locales à différents niveaux. Il y a eu également un soutien considérable venant d’un média local détenu majoritairement par des sociétés de presse étrangères. Il est facile de voir que cela ne faisait qu’apporter une nouvelle pierre au mur anti-vie que les mondialistes sont en train de construire partout dans le monde.
Depuis la disparition de la loi coloniale espagnole, des groupes d’Argentins se sont mis, de temps à autre, à se détester férocement mutuellement. Les désaccords se poursuivent durant des décennies, le frère affrontant le frère dans des guerres amères qui auraient scandalisé les Hatfield et les McCoy (NDT : allusion à une série télé où deux familles de ce nom se déchirent).
La récente campagne pour légaliser l’avortement n’a pas fait exception. Les catholiques et autres dénominations chrétiennes s’opposaient majoritairement à la nouvelle loi. Dans l’autre camp, il y avait des groupes petits mais bruyants, et naturellement les principaux médias. Tous financés par de puissantes sociétés mondialistes d’Europe et d’Amérique.
Les militants anti-avortement ont organisé des marches et divers événements, parmi lesquels une manifestation massive et pacifique partout dans le pays, organisée par des groupes d’action catholiques. Des gens de toutes les marches pour la vie ont marché contre la proposition de nouvelle loi dans la capitale, Buenos Aires, et également dans une autre marche organisée par des chrétiens non-catholiques avec le soutien et la présence de sympathisants catholiques pro-vie. Ces manifestations étaient aussi ordonnées et irréprochables que paisibles et imposantes.
Le côté pro-avortement recourait au vandalisme, aux agressions physiques et verbales, au blasphème, à la nudité et aux attaques des lieux de culte catholiques, principalement à Buenos Aires. Ils avaient le soutien des émissions d’information des radios et télévisions, où les arguments de l’opposition étaient présentés par les « cognoscenti » comme des superstitions moyenâgeuses indignes d’une société du 21e siècle.
Durant les semaines précédant le vote final au Sénat, l’Eglise Catholique a recueilli consciencieusement des signatures, exprimé des inquiétudes et proposé des solutions raisonnables (malgré le silence assourdissant de Rome). Un prêtre catholique de mes connaissances se lamentait de ce qu’une majorité de ses confrères prêtres et évêques se préoccupait plus de ne pas faire de vagues que de défendre la vérité et la vie – ce qui ne m’a pas étonné du tout.
Bien que le camp auto-proclamé pro-choix ait blâmé « la puissante hiérarchie catholique » pour leur éclatante défaite, la véritable opposition dans le camp catholique est venue des laïcs qui se sont rapidement organisés pour défendre la vie sur un grand nombre de fronts, et étaient prêts le cas échéant à attaquer la constitutionnalité de la loi si elle était passée. Les évêques ont montré publiquement leur soutien une fois que le mouvement a atteint une masse critique, quelques semaines avant le vote du Sénat.
Le débat au Sénat s’est déroulé alors que les procureurs et juges fédéraux avaient arrêté plus d’une douzaine d’hommes d’affaires, liés à un vaste réseau de dessous-de-table et de détournement d’argent, qui selon les premières estimations, a privé le trésor public d’un montant de 100 milliards de dollars durant la dernière décennie. Le scandale a des ramifications internationales qui seront révélés dans les semaines et mois à venir.
L’une des retombées de cette gigantesque escroquerie a été la hausse exponentielle, approchant maintenant les 50%, de la population argentine vivant sous le seuil de pauvreté. La hausse de la pauvreté et une pression pour légaliser l’avortement forment une mélange fort particulier. Pourquoi ? Parce que les mêmes politiciens qui ont causé ces déplorables conditions en volant les pauvres argumentent maintenant qu’une femme enceinte devrait avoir le « droit » d’avorter si elle est trop pauvre pour élever l’enfant.
Qualifier cet argument de cynique est sûrement en dessous de la réalité, mais je n’ai pas d’autre mot que je puisse utiliser en bonne compagnie.
Pour l’Argentine, c’est la fin d’un siècle de déclin. Qu’est-ce qui peut être plus décadent que rassembler les législateurs de la nation pour donner à certains citoyens licence de tuer les faibles et les sans-défense ? Comment le monde réagirait-il face à une loi décriminalisant l’esclavage, le meurtre des juifs ou le viol des femmes ? Y a-t-il une différence de taille entre l’un ou l’autre de ces crimes et l’avortement ?
La République Argentine autrefois fière et prospère a touché le fond. Le club fermé des âmes damnées passant pour des capitaines d’industrie a mené à la ruine le peu d’économie restante, avec l’aide de politiciens immoraux, d’un système judiciaire corrompu et d’une population qui restait hypnotisée par le chant des sirènes du péronisme et les slogans éculés de la gauche politique vieillissante des années 70.
Au milieu de ce désastre achevé, je suis heureux de voir que les catholiques ordinaires ont les tripes pour submerger le pays et montrer à leurs chefs politiques pourris, à leurs hommes d’affaires, à leurs chefs religieux qu’ils ne vont pas permettre aux mondialistes d’exterminer notre population.
L’ordre « social » que nous avons subi pendant si longtemps touche à son terme. Après tout, il est dans la nature d’une culture de mort de finir par mourir. Les puissants ne s’attendaient pas à ce que cela arrive. C’est également un appel aux catholiques de partout de tenir compte des paroles de notre pontife : faites du boucan, parce que nous avons une Eglise à purifier et un monde plein d’âmes méritant d’être sauvées.
Carlos Caso-Rosendi est un écrivain américano-argentin. Converti, il a été accueilli dans l’Eglise Catholique en 2001. Il vit à Buenos Aires.
Illustration : des Argentins pro-vie célèbrent la victoire
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/18/death-and-life-in-argentinas-purple-land/
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