Si nous ne vivions que cinq ou dix ans entre naissance, âge adulte et mort, nous pourrions plus facilement – avec une bonne formation religieuse – tenir fermement aux hautes exigences morales du christianisme. Mais vivre 80 ou 90 ans – tous ces jours et toutes ces heures – rend difficile de ne pas pécher et donc, comme les protestants aiment à le dire, de ne pas récidiver. L’Église a pour cela un remède : la confession.
Considérez les mots que le Christ adresse à Pierre sur le pardon (Mt 18 : 21-35). Celui qui allait devenir le premier pape demandait : « Seigneur, si mon frère pèche contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Et vous savez ce que répond le Christ : non pas sept fois mais soixante-dix sept fois sept fois (Il dit beaucoup plus dans la parabole qui suit, et cela donne réellement le frisson.)
Maintenant les spécialistes universitaires de la Bible nous disent que le Seigneur ici ne veut pas être précis dans ses mathématiques : il ne dit pas que nous devons pardonner à notre frère 490 fois. Il nous dit que le pardon, qui finalement vient du Père, est sans aucune limite. Bien qu’encore une fois de nouveau, ce qui suit dans la prière du Seigneur est un présage du Purgatoire, sinon de l’Enfer même.
De cela nous pouvons conclure que quand un homme va au sacrement de pénitence pour confesser le même péché pour la 491e fois… c’est bon. Louez le Seigneur, comme diraient nos amis protestants.
Bien sûr ce serait une façon de pécher plutôt impressionnante et si notre pécheur se trouvait devant le même prêtre pour chacune de ces confessions, le prêtre pourrait être enclin à dire lors de la 491e confession :
« Ecoutez, je ne suis pas sûr que je vais pouvoir vous donner l’absolution cette fois, parce que je suis tout à fait sûr de ne pas voir ici de contrition. »
« Mais je suis contrit ! »
« C’est ce que vous dites. Mais, s’il en est ainsi, vous avez besoin d’un psychiatre parce que vous êtes aussi un genre assez spécial de cinglé, faisant la même chose encore et toujours et attendant encore le pardon. »
« Mais… »
« Non ! Vous m’avez convaincu que Jésus a réellement donné une instruction précise quand il a dit de pardonner 70 fois sept fois, et vous avez dépassé les limites. »
« Mais… «
« Avez-vous pensé à ce qui arriverait si, la 492e fois que vous auriez commis ce même péché, vous traversiez la rue et soyez heurté par un bus ? Et mouriez ? Je veux dire que c’est une récidive plutôt alarmante dans votre cas. »
« Je regrette… »
« Je ne le pense pas. Vous êtes gêné maintenant parce que j’en ai par-dessus la tête de vous entendre débiter toutes les bêtises que vous débitez à ce sujet et j’en ai assez. C’est cela que vous regrettez. Si vous étiez véritablement repentant, vous ne commettriez pas encore et toujours le même péché. Vous utilisez la confession comme une justification pour la prochaine fois où vous pécherez. « Bon, je n’ai qu’à aller voir le Père, et il me donnera l’absolution… » Le confessionnal, vous l’avez remarqué, n’a pas de porte tournante. S’il y avait une possibilité de tout avoir… alors, vous prenez tout. Pensez-y, vous n’êtes pas seulement coupable de débauche, vous êtes aussi un gourmand ; vous ne pouvez jamais avoir assez, n’est-ce pas. En réalité, vous êtes aussi coupable de paresse, parce que vous ne faites aucun effort pour changer réellement, et ajoutons-y l’orgueil car cela demande une sérieuse arrogance d’aller se moquer de Dieu de cette façon. Je vais vous donner les mots latins pour chacun : luxuria, gula, acedia et superbia. Voilà mon ami : ce sont quatre des Sept Péchés Mortels ! »
« Vous ne pouvez pas me parler comme cela. »
« Ah ! voilà la colère, ira ! Maintenant tout ce que vous avez à faire est de confesser l’envie et l’avarice, et vous les aurez tous les sept. »
« Je vais sortir d’ici. C’est vous le fou ! Je m’en vais écrire une lettre au Cardinal et nous verrons ce qu’il a à dire d’un vieux prêtre qui refuse de donner l’absolution à un pauvre pécheur ! Qu’est-ce que vous pensez de ça ? »
« Pas de problème ! Je suis un vieux prêtre. Il n’y a rien que Son Eminence puisse me faire qui affecterait ma vie d’un poil. Et n’oubliez pas de lui dire dans votre lettre que vous vous confessiez à moi – pour la 491e fois. »
« Vous n’oseriez pas le lui dire ! »
« Non je ne le ferais pas parce que je ne le peux pas, mais vous vous devriez. Il pourrait vous donner un avis paternel, duquel – dans votre cas – je suis finalement dépouillé. Et une autre chose : toutes les fois que vous entrez ici vous avez une histoire – « Voyez, mon Père, je me suis senti spécialement seul » ou « Cette dame avec qui je sortais était habillée d’une façon séduisante. » Nous prêtres nous n’avons pas besoin d’entendre vos tentatives évidentes et ridicules d’expliquer pourquoi vous étiez justifié de pécher comme vous l’avez fait. Le nombre de fois et le genre – c’est tout ce que vous avez besoin de dire. »
« Vous ne pensez pas que le contexte a de l’importance. »
« Contexte ! Con… Vous plaisantez. Voici la manière dont c’est supposer marcher : vous faites quelque chose de mal : vous savez que c’est mal : vous venez en confession : vous confessez -le NOMBRE de fois et le GENRE ; vous décidez sincèrement de ne pas recommencer ; vous recevez l’absolution ; vous faites votre pénitence et vous NE PECHEZ PLUS. Oui, nous péchons tous, mais vous – c’est de VOUS que je parle – ne refaites pas encore le même péché ! Comme je le dis, vous avez besoin d’un psy, pas d’un prêtre. »
« Donnez-moi l’absolution ! Donnez-moi ma pénitence ! »
« Ecoutez-vous vous-même : donnez-moi, donnez-moi. Mais dites, c’est de l’avaritia ! Montrez-moi l’invidia et je vais vous absoudre après tout ! Allez, pécheur ; allons-y pour les sept ! »
Mercredi 28 novembre, 2018
Brad Miner rédacteur en chef de The Catholic Thing, maître de conférences au Faith & Reason Institute, et secrétaire au bureau de l’Aide à l’Eglise en Détresse, USA. Il est ancien rédacteur du National Review. Son nouveau livre Sons of St. Patrick, écrit en collaboration avec George J. Marlin, est maintenant en vente. The Compleat Gentleman, est disponible en audio.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/11/28/all-seven/
Note : Brad Miner traite aujourd’hui d’un sujet – avec un peu d’humour – qui est probablement familier à tout un chacun ou presque. L’habitude obstinée de certains péchés et le nombre de fois qu’ils ont à être confessés avant que nous fassions quelque progrès pour les éviter. Ce n’est pas étonnant qu’une réforme qui implique beaucoup de gens – dans l’Eglise, dans le monde – soit si souvent un processus lent, et également difficile. Mais nous avons à combattre ce combat sur tous les fronts. C’est une raison qui nous a fait décider il y a des années (contre l’avis éclairé de plusieurs bons amis) de faire paraître The Catholic Thing chaque matin, chaque jour de l’année. Beaucoup de lecteurs écrivent pour dire qu’ils font de TCT une de leurs dévotions matinales – j’ai entendu dire par certains évêques que c’était l’une des premières choses qu’ils regardaient chaque jour. Je pense que les lecteurs savent que nous assumons cette responsabilité aussi sérieusement qu’ils le font eux-mêmes. Si vous êtes un de ces lecteurs et n’avez pas encore contribué à notre collecte de fonds de chaque fin d’année, nous avons besoin que vous preniez votre part dans ce travail régulier. Sans vous, rien ne peut se faire. Il y a plusieurs moyens de faire un don, et si vous cliquez sur le bouton, je suis sûr que vous verrez quelque chose qui convienne à vos possibilités, que ce soit don en une fois de 50, 100, 500 dollars ou plus, ou un don plus modeste par prélèvement mensuel. L’Institut Foi et Raison/ Faith and Reason, l’institution parente de TCT a été reconnue comme non lucrative par l’IRS. Ainsi votre don non seulement nous aide mais emporte pleine déduction fiscale pour vous également. C’est maintenant que nous devons atteindre notre but et donc tous autant que nous sommes pouvons diriger toute notre attention vers l’Avent.
Robert Royal