Ce troisième samedi de l’Avent, à moins de deux semaines de Noël, le message pour l’Eglise est tout de joie. Le prophète Sophonie annonce la venue du Messie : « le Seigneur ton Dieu est en toi en vaillant Sauveur » et dans cet esprit nous devrions « éclater de joie ». Comme nous approchons de la grande fête de la Nativité, nous nous rassemblons comme le Peuple de Dieu, unis par notre commune immersion dans le Verbe de Dieu, qui brosse une image appropriée pour les catholiques en cette époque.
L’Eglise nous prédispose à être d’humeur à célébrer parce que « nous n’avons plus de malheur à craindre ». Le Sauveur est toujours avec nous donc : « ne soyez pas découragés ». Parce que le Sauveur est avec nous, Dieu « va trouver sa joie en nous » et il « chantera à notre sujet… comme on chante aux fêtes des moissons ». Dieu se réjouira à propos de l’Eglise, en dépit des faiblesses de certains membres du clergé.
Dans notre situation, avec le Christ vraiment présent, nous pouvons « être confiants et nullement effrayés » comme il est dit dans le psaume du prophète Isaïe. Non pas en raison de ce que nous ressentons mais à cause de ce que signifie la présence du Christ dans le monde à travers l’Eglise.
Nous ne donnons pas du sens à sa présence, c’est plutôt que nous sommes pleins de sa présence et que cela donne du sens à nos vies. La nécessité d’adorer Dieu et d’aimer notre prochain n’a pas disparu. La mission de l’Eglise de transformer chacun de nous n’a pas changé si bien que « nous pouvons puiser de l’eau aux sources du salut » dans ce temps joyeux et ensuite « parmi les nations[nous ferons] connaître ses œuvres ».
Avec Isaïe, nous pouvons « chanter les louanges du Seigneur pour ses glorieuses prouesses ». Dieu est en train d’accomplir la grande tâche de sauver l’humanité et nous devrions déborder de gratitude. Le chant d’Isaïe est donc un chant de reconnaissance.
Il est tout à fait approprié, en fait il est obligatoire, après les déclarations prophétiques sur la venue du Messie, un temps glorieux où « le loup sera un hôte pour l’agneau, le léopard dormira avec le chevreau ; l’agneau et le lionceau paîtront ensemble, un jeune enfant les conduira » – ces mots sont du chapitre précédant celui que nous lisons à la messe de ce jour.
Ces signes métaphoriques de paix arrivent déjà ici et là, comme le Royaume de Dieu s’introduit dans le monde. Mais il ne sera pleinement là que lors de la Seconde Venue du Christ.
Les habitants des Etats-Unis sont très aptes à se mettre en colère, mais pour les catholiques, être en colère a une autre nature parce que « la paix de Dieu gardera vos esprits et vos cœurs ». Comme baptisés, nous sommes sous l’emprise de la sainteté qui est le fondement d’une juste colère. C’est une colère qui respecte les personne et souhaite leur bien suprême. C’est, paradoxalement, la colère issue de l’amour.
La puissance spirituelle de Dieu est présente. Les paroles de Dieu s’appliquent : « le Seigneur est proche. N’ayez aucune inquiétude, mais en toute circonstance, priez et suppliez tout en rendant grâce pour faire connaître à Dieu vos demandes ». (seconde lecture)
Les gens sont à bon droit ulcérés de la déplorable faiblesse morale de certains membres du clergé, donc il y a vraiment des raisons de prier. Une action doit être décidée. De fait, cette action fait partie des « heureuses nouvelles à annoncer aux pauvres ».
Mais, historiquement, nous devons reconnaître que les heureuses nouvelles – la position morale de l’Evangile – ont déjà été diluées il y a des années, une fois que les diocèses ont toléré la théologie morale fadasse des années soixante. Le désordre se préparait depuis toutes ces années. Il a donné une base à la négligence de la direction spirituelle et de la discipline de l’Eglise. Et pour parler franc, beaucoup d’entre nous s’en sont accommodé, maintenant les pigeons se sont retournés.
C’est là que l’Evangile de ce jour s’introduit puissamment : Jean le Baptiste instruit les gens moralement : tout d’abord, « partage avec qui n’a rien ». Sans se soucier de se qui se passe par ailleurs, se soucier des pauvres. Ensuite aux collecteurs d’impôt, « ne demandez pas davantage que ce qui est prescrit ». Ce sont des prescriptions de la loi et elles sont censées être suivies, et pas uniquement par le clergé. Enfin, les soldats ne doivent pas abuser de leur pouvoir – un message pour tous ceux qui ont un pouvoir quelconque, et pas uniquement les ecclésiastiques.
Finalement, la présence irrésistible du Seigneur dans le monde – présence dans l’Eglise – nous montre à quoi ressemble une véritable morale. Mais sa présence a une autre facette également. Il nous jugera – ce qui est une des raisons de la Seconde Venue du Christ : « Il tient en main sa pelle à vanner pour nettoyer son aire, rassembler le grain dans son grenier, mais la balle, il la brûlera dans un feu inextinguible ». (Jean le Baptiste)
Donc, célébrons Noël, mais faisons-le d’une manière qui montre que nous comprenons que Noël nous appelle à nous tenir prêts pour le jour du jugement.
Le père Bevil Bramwell est l’ancien doyen de premier Cycle à l’université catholique de Distance.
Atkins, Kansas City, Missouri
Illustration : « Saint Jean-Baptiste dans le désert » par le Caravage, 1604 [Musée d’Art Nelson-Atkins, Kansas City, Missouri]
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/12/16/the-peace-of-god-will-guard-your-minds-and-hearts/