Les gilets jaunes, c’est la France profonde - France Catholique
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Les gilets jaunes, c’est la France profonde

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Décidément, impossible de lâcher notre actualité nationale et le conflit des gilets jaunes. Car il s’agit d’une crise extrêmement profonde, qui n’est pas près de s’éteindre. La scène symbolique des Champs-Élysées a pu déchaîner les passions, mais il faut bien prendre conscience que ce qui compte, ce n’est pas la violence qui s’y est exercée mais le caractère hautement représentatif de ce qui s’y est joué et va sans doute encore se jouer samedi prochain. Car c’est l’ensemble du territoire national qui est en quelque sorte représenté par les quelques milliers de gilets jaunes qui ont pris possession du cœur civique de la France, là où le 11 novembre dernier étaient réunis les chefs d’État du monde entier. Un ami me téléphone depuis le Limousin et m’informe d’un phénomène nouveau. La solidarité avec les gilets jaunes s’affirme de plus en plus ouvertement avec une majorité de voitures qui exhibent ledit gilet sur leur pare-brise.

Par ailleurs, la sécheresse met dans une situation extrêmement critique les paysans qui ne parviennent pas à acheter de la paille pour faire la soudure et dont les troupeaux s’achètent à vil prix. Bien sûr, Emmanuel Macron n’est pour rien dans ce phénomène qui se rattache d’ailleurs au réchauffement climatique, par lequel il justifie sa politique fiscale. Mais le monde agricole avec la France périphérique n’est pas prêt à accepter cette politique, qui ne fait qu’ajouter à son tracas. En janvier prochain, la fronde risque de s’enflammer dans des proportions nouvelles, notamment avec les entreprises de travaux public dont les coûts vont exploser. Leur colère peut s’exprimer cette fois par la paralysie de la circulation, bien au-delà des barrages filtrants des dernières semaines.

Emmanuel Macron, pourtant, semble conscient du formidable défi qu’il affronte. N’a-t-il pas déclaré mardi : « Le Brexit, c’est le même sujet. Ce sont des citoyens britanniques qui disent juste “le monde que vous nous proposez, il n’est plus pour nous. On ne s’y retrouve pas”. Toutes les sociétés démocratiques contemporaines ont ce défi que nous avons devant nous. » Face à ce défi, l’affirmation d’un progressisme triomphant aggravera le mal plutôt que le conjurer. Comment réparer la fracture sociale ? Comment rétablir les conditions du dialogue ? Comment élaborer une stratégie d’ensemble qui réconciliera les classes à nouveau en guerre ? Convaincre et non contraindre, disait déjà François Mitterrand.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 novembre 2018.