Pour comprendre la crise - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Pour comprendre la crise

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Pourquoi les nations conspirent-elles et les peuples complotent-ils en vain ? Les rois de la terre se sont soulevés et les gouvernants du monde tiennent conseil ensemble contre le Seigneur et contre son oint, disant : « brisons leurs chaînes et débarrassons-nous de leurs entraves ». – Psaume 2:1-2.

Le Psaume 2 semble écrit pour notre époque. Depuis le début du modernisme, le monde mène une guerre féroce contre les frontières à la fois naturelles et morales qui bornent la condition humaine. La liberté absolue est le but ultime de toute forme de libéralisme. Le psalmiste se focalise sur la vanité de cette guerre en l’assimilant à une guerre contre Dieu et son oint. Jean 1:1-17 identifie cet oint avec le Logos incarné dans le Christ, la véritable lumière de l’existence, la force irrésistible qui emporte la création vers sa destinée finale.

Apocalypse 1:8 montre le Christ comme la limite ultime, le commencement et la fin : « je suis l’Alpha et l’Omega… celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant ». Alors ces idées de « libération » sont exposées comme la stupidité ultime : l’unité imparfaite de l’humanité – les fragiles briques de terre crue de Babel assemblées avec du bitume – tentant de déborder les limites imposées par la parfaite et indestructible unité de la Sainte Trinité.

Les gouvernants du monde ont l’intention de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Dieu trouve leurs efforts risibles et décide de mettre à leur place un roi juste, mettant ainsi fin à la prétention humaine à l’autonomie.

Le Psaume décrit une pulsion qui a fait partie de la condition humaine depuis la Chute. Le désir de rendre vrai le mensonge du démon – « être comme Dieu, ayant la connaissance du bien et du mal » – coïncide avec la folle ambition des rois de ce monde d’acquérir la liberté absolue, l’anomie, un désir qui par définition est impossible à satisfaire.

Saint Jean explique l’anomie comme une caractéristique de l’Antéchrist. Depuis les débuts de l’Eglise, l’anomie a été comprise comme la négation de la filiation divine du Christ et de la paternité de Dieu le Père. Jésus a expérimenté ce rejet, le définissant comme le refus de l’amour du Père et du Fils, un blasphème contre l’Esprit-Saint (Marc 3:28-29). Toutes les communautés apostoliques expérimentent ce rejet, parce qu’il est présent et agit au milieu d’elles. Saint Jean et Saint Paul ont prophétisé que l’influence de cet esprit culminerait à la fin des temps.

La crise affectant actuellement l’Eglise n’est rien d’autre qu’un autre symptôme, si pas la manifestation finale, de cet esprit mauvais qui veut subordonner les limites naturelles et morales au désir de l’homme. Les militants de l’Eglise étant des êtres humains vivant dans le monde, la contamination est toujours possible. Jésus a mis en garde ses disciples contre « le levain des Pharisiens et des Sadducéens » qui réclamaient avec dédain un signe spécial de Jésus qui le confirmerait comme Messie. Dans Matthieu 16, ce passage vient juste avant l’instauration de la papauté.

Matthieu 16:13-23 est un modèle prophétique de l’histoire de la papauté. Jésus confirme que le Père a poussé Pierre à confesser que le Messie est le Fils de Dieu. A ce moment, la Sainte Trinité et Pierre sont parfaitement d’accord. Ce n’est pas le signe public que réclament les ennemis de Jésus mais un signe secret réservé à l’Eglise militante fondée sur Pierre, le Rocher.

A partir de ce moment, la mission de Simon Pierre sera de « lier et délier », non pas les filets qu’il était en train de réparer le jour où Jésus l’a rencontré, mais le filet divin qui amènera les hommes dans l’Eglise pour leur salut. Il y a ici une allégorie cachée. Les filets de pêche sont conçus pour limiter les mouvements du poisson. Le nouvel appel de Pierre est similaire à son ancienne profession ; sa mission de lier et délier concernera la loi vivifiante de l’Eglise jusqu’au retour en gloire du Christ.

Jusqu’à ce point, la parabole se déroule de façon somme toute prévisible mais débouche sur une fin abrupte quand Jésus prédit sa passion et sa mort. Arrivé à ce point, Pierre rabroue le Seigneur. Le pêcheur ne peut comprendre la Croix. Il a permis au levain des idées humaines de contaminer ses pensées. Il veut que Jésus soit le Messie attendu par les Pharisiens et les Sadducéens. Il est incapable de voir que cette vision des choses est opposée à la volonté de Dieu.

Ceci peut être lu comme une prophétie compacte résumant l’histoire de la papauté. Cela commence avec un parfait alignement avec la volonté de Dieu. Mais le destin de Pierre est de se battre avec l’esprit d’anomie jusqu’au retour du Christ. Peut-être, à un certain point, les « pensées des hommes » domineront l’esprit d’un pontife et la barque de Pierre aura à faire face à un orage colossal alors que l’Eglise essaie de s’aligner avec les pouvoirs des rois de ce monde.

Saint Jean peut nous aider à comprendre pourquoi les agents du chaos doivent être révélés dans l’Eglise : « Ils sont sortis de nos rangs, mais ils n’étaient pas vraiment des nôtres. Car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous ; mais leur départ montre qu’aucun d’entre eux n’est des nôtres » (1 Jean 2:19).

Cette crise est nécessaire pour la purification de l’Eglise. Dieu est en train de permettre à l’esprit du mal de venir à la surface. C’est à la fois le prélude d’une tempête qui mènera l’Eglise très proche du naufrage et le signe qu’une grande ère de l’Eglise se lèvera une fois la tempête passée. Nos ordres sont de rester à bord et de prier. Le mal ne prévaudra pas.

Carlos Caso-Rosendi est un écrivain américano-argentin. Converti, il a été reçu dans l’Eglise Catholique en 2001. Il est le fondateur du site web espagnol « Primera Luz » et d’un blog en anglais à son nom. Il vit à Buenos Aires.

Illustration : « Naufrage de Saint Paul à Malte » par Nicolo Circignani (connu aussi comme Pomarancio), vers 1580 [archives secrètes du Vatican]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/11/18/to-understand-the-crisis/