Suite aux véritables scandales touchant l’Église, nous devons éviter d’en rajouter par des scandales dûs à nos paroles et à nos actes Nous-mêmes sommes susceptibles d’être causes de péchés pour des non-Catholiques comme pour des Catholiques, y-compris ceux qui n’ont guère de formation religieuse et pouvant — à cause peut-être de notre exemple médiocre — abandonner la pratique de leur foi ou leur recherche du service de Dieu hors les murs des églises. Une saine colère est légitime, comme le dit Saint Paul, mais il nous faut éviter le péché par l’expression de cette colère, il ne faut pas donner prise au diable (Ep, 4- :6-27).
Le clergé, en particulier les évêques qui trahissent sans scrupules leurs devoirs sacrés de pères spirituels et de pasteurs devraient être démis de leurs charges et même, en certains cas, être traduits en justice. Rappelons-nous, cependant, qu’en bâtissant Son Église Jésus-Christ l’a charpentée avec des évêques (successeurs des apôtres) et leurs auxiliaires religieux chargés de guider le peuple de la Nouvelle Alliance (Mt, 16:18-19 ; 18:15-18). En fait, au long de l’histoire de notre salut, Dieu a fait appel comme guides à des hommes imparfaits pour guider Son peuple comme Il avait jadis choisi Abraham, Moïse et le Roi David.
Soyons clairs, ce n’est certes pas une excuse pour tolérer un mauvais comportement de chefs de l’Église, ou soutenir que des dirigeants laïcs ne devraient pas avoir d’importantes fonctions pour participer à la maîtrise et à la réforme des structures hiérarchiques. C’est leur devoir. En même temps, nous ne devons pas succomber à la tentation — ni transmettre à autrui par nos actes et paroles une telle tentation — de remettre en question l’autorité confiée par Dieu et la mission de la hiérarchie, nous mettant en travers (de façon ou autre) de la fonction salvatrice établie par le Christ en nous précipitant dans une tentative de réforme de l’Église.
Regardons l’histoire de Miryam lorsque son frère Moïse décida d’épouser une femme Africaine (une Kushite) ; elle décida de mettre en question l’autorité confiée par Dieu car selon elle Moïse avait eu l’audace de se marier hors du clan Israélite (Nb, 12). Avec son frère Aaron, elle demanda, méprisante : «Le Seigneur ne S’est-t-Il exprimé que par Moïse ? . . . . . N’a-t-Il pas aussi parlé également par nous ? » Miryam se repentit après avoir été punie de la lèpre pour sa rébellion injustifiée.
Voyons aussi le destin tragique — la mort — de Coré, Datân, Abiram et leurs amis dévoués et parents quand ces meneurs tentèrent également d’usurper l’autorité confiée par Dieu à Moïse (Nb, 16). Saint Jude met de même en garde contre de telles rébellions au sein de l’Église de la Nouvelle Alliance (Jude, 8-11).
Bref, alors que les scandales actuels appellent à la réforme, nul n’envisage — ni ne peut — rendre caduque la mission confiée par le Christ (Mt, 16:19), quels que soient les arguments des opposants. Si l’Église était simplement un organisme humain, on aurait depuis des siècles soulevé le couvercle de la poubelle de l’Histoire simplement en raison de scandales internes comme de persécutions de l’extérieur.
Que nul n’imagine que je ne tiens pas compte du terrible mal commis — ou qui pourrait être commis — par des abus sexuels de membres du clergé ; un de mes amis de longue date, alors enfant de chœur, a été violé par un prêtre de notre paroisse dans l’Archevêché de Détroit. Je ne l’ai su que de nombreuses années plus tard, et je l’ai aidé à obtenir la radiation de ce prêtre en 2002.
Cet ami m’a confié n’avoir pas prié pendant des années, abandonnant la pratique religieuse Catholique de son enfance. Je continue simplement à être son ami et je persiste à semer ce que je peux avec espoir et prières afin qu’un jour il retrouve la différence entre le Christ avec Son Église et les ignobles individus qui commettent de telles abominations.
Nous sommes confrontés, comme souvent dans le catholicisme, à une situation ambiguë. Ceux qui furent blessés par des ministres et autres dirigeants de l’Église réclament justice et un soutien vigilant dans leur souffrance. Ainsi que je l’ai souvent conseillé à des » ex-Catholiques » comme à des « non-catholiques », il ne faut pas laisser s’éloigner la consolation apaisante de l’amour du Christ en Son Église « c’est ma paix que je vous donne ». (Jn, 14:27)., spécialement par l’Eucharistie et le Sacrement de Réconciliation. Ne laissez pas ceux qui ont gravement manqué à leur mission au sein de l’Église vous éloigner de la vérité donnée par Dieu en son cœur.
De plus, pour promouvoir la justice et la consolation, la critique de nos dirigeants spirituels doit avoir un caractère constructif, toujours inspiré par un véritable amour pour le Christ comme pour tous les fidèles, y-compris les évêques et prêtres fautifs qui méritent la sanction de leurs graves fautes, doivent se repentir et se réconcilier avec le Seigneur et Son Église.
Certains ont appelé à une enquête indépendante sur le cas « McCarrick » et autres affaires analogues. Cependant, selon les régles de l’Église, seul le pape exerce une autorité disciplinaire sur les évêques (Canon 1405-06) ; S.S. François devrait faire appel à des fidèles experts pour recommander des sanctions contre les coupables, y-compris le renvoi à l’état laïc (Canon 1336), ainsi que des mesures pour déraciner cette sous-culture qui a facilité les scandales. Ce comité pourrait compléter — sans limitations — le travail d’enquête de la Conférence Épiscopale des États-Unis tel qu’annoncé par S.E. Le Cardinal Daniel DiNardo, président de la Conférence.
S.S. François, en tant que pasteur suprême, doit intervenir aux États-Unis et en d’autres contrées. Bien que pénibles, ces enquêtes sont indispensables pour rétablir l’ordre au sein de l’Église et la confiance en sa direction. Ne pas agir ainsi entraîne un risque de nouveaux et pires scandales, pouvant déclencher des interventions civiles — et des actions d’esprits mal intentionnés guidés par leur mépris pour le Christ et Son Église.
25 août 2018
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/25/beware-of-adding-scandal-to-scandal/
Tableau : Le sacrement de l’Ordination (Le Christ remet les clés à St. Pierre) Nicolas Poussin, vers 1640, Musée d’art Kimball – Fort Worth, Texas.
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Jean-Paul Hyvernat
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux