Oui, le père Dominique Greiner a tout à fait raison, dans son éditorial de La Croix hier, d’exprimer un sentiment de tristesse à l’égard de ce qui se passe, en ce moment, chez nos amis orthodoxes. La rupture de communion qui a été déclarée entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople, n’est pas seulement un motif de tristesse pour l’orthodoxie, mais aussi pour l’ensemble des chrétiens, qui ressentent ainsi la difficulté de la communion entre les Églises, en dépit de tous les efforts en faveur du dialogue œcuménique. Les raisons de ce désaccord, la presse les a amplement développées. Moscou ne peut admettre que l’Ukraine soit soustraite à son autorité, au profit d’une Église ukrainienne autocéphale. Église reconnue par le patriarche Bartholomée de Constantinople, qui a une primauté d’honneur, admise historiquement dans l’orthodoxie.
Plutôt que de revenir sur les causes de cette séparation et leurs conséquences, je préfère dire en quelques mots la reconnaissance que nous pouvons avoir, nous autres catholiques, à l’égard des trésors de tradition que portent nos frères orthodoxes. Le grand théologien catholique qu’était le père Louis Bouyer mettait en valeur l’importance de la liturgie, comme adoration de Dieu, vie dans le Saint Esprit, avec un sens exceptionnel de la louange et de la glorification. Il y ajoutait la place prééminente de la vie monastique, dans un don total au mystère du Christ. La très belle liturgie orthodoxe se caractérise encore par sa nature cosmique, l’Homme étant profondément inséré dans la création.
Pour nous catholiques, c’est une grâce, disait encore Louis Bouyer, de bénéficier de ce témoignage, parce que nous sommes tentés d’oublier cette primauté de la prière liturgique et parce qu’en dépit de la solidité de nos congrégations, fondées à la suite de saint Benoît, nous n’accordons pas la même importance au monachisme dans l’équilibre ecclésial. Pour qui, et c’est le cas de ma propre famille, a la possibilité d’une familiarité avec cette spiritualité, c’est la chance de mieux approfondir notre propre tradition pour en redécouvrir les sources délaissées. C’est aussi une raison d’accompagner nos frères orthodoxes, pour qu’ils sortent de leurs difficultés d’aujourd’hui.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 octobre 2018.
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