Quand le prêtre devient athée - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Quand le prêtre devient athée

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Quand John Milton nomme et décrit le plus mauvais de tous les anges déchus, il nous dit où, dans le monde méditerranéen et le Levant, ils se sont établis comme de faux dieux pour y être adorés. Plus on est proche de Sion, pire on est. Ainsi, dans ce sens, Moloch qu’il nomme en premier, est, après Satan et Belzébuth, le pire de tous.

Il est déjà assez mauvais qu’il ait été vénéré par les Ammonites tout proches:

Non content

D’un voisinage aussi audacieux, il induisit

Le coeur si sage de Salomon à bâtir

Son temple face au temple de Dieu

Sur cette colline d’opprobre; et fit sa tombe

De la riante vallée de Hinnom, pour ce appelée

Tophet et noire Géhenne, modèle de l’Enfer.

Pouvez-vous faire pis que d’induire le bâtisseur du Temple de Dieu, le roi Salomon, à vous construire aussi un temple, collé au vrai Temple? Pouvez-vous en trouver un plus proche?

Vous le pouvez. Milton y conduit. Le dernier démon qu’il nomme, fait pour être le contraire apparent du sanguinaire et belliqueux Moloch, est Belial le lubrique, l’efféminé, l’amant du vice pour le vice.

Où Belial est-il adoré? La réponse est inquiétante :

                            

Pour Bélial, aucun temple ne s’élevait, aucun autel ne fuma : qui cependant est plus souvent que lui dans les temples et sur les autels, quand le prêtre devient athée comme les fils d’Eli qui remplirent de prostitutions et de violences la maison de Dieu ?

Belial n’a point besoin d’ériger des temples et des autels pour lui-même. Il est déjà là quand le prêtre devient athée. Cela ne libère pas non plus le monde profane parce que Belial s’est également installé dans des places de gouvernement et dans les pratiques luxurieuses des hommes :

Il règne aussi dans les palais et dans les cours, dans les villes dissolues où le bruit de la débauche, de l’injure et de l’outrage, monte au-dessus des plus hautes tours : et quand la nuit obscurcit les rues, alors vagabondent les fils de Bélial gonflés d’insolence et de vin ;

Le vice particulier auquel se livrent les fils de Bélial est contre-nature:

Témoins les rues de Sodome, et cette nuit dans Gabaa, lorsque la porte hospitalière exposa une matrone pour éviter un rapt plus odieux.

Nous avons ainsi à un bout de la chaîne Moloch le dévoreur d’enfants, brutal et sanglant, appuyant son temple contre celui de Dieu, et à l’autre bout, Bélial, le vice du sexe contre-nature, pénétrant à la fois le temple et la cour et, la nuit, envahissant les rues, dirigeant aux hommes dans leur vie ou les forçant à se cacher dans leurs maisons, s’ils le peuvent.

Moloch et Belial; meurtre d’enfants et sodomie,; sang versé pour rien et semence semée pour rien; guerre pour la guerre, et débauche pour la débauche; un dieu de la fertilité qui engloutit ce que vous produisez, et un dieu de la stérilité dont le vice ne vous fait rien produire.

Rien de nouveau sous le soleil, dit l’Ecclésiaste.

Les gens se sont demandé si les prêtres qui ont entraîné de jeunes gens à des actes sexuels, consentis ou non, peuvent avoir cru en Dieu. J’ai essayé de rappeler à tous la capacité illimitée de l’homme à se jouer la comédie et à se tromper soi-même, pour ne pas parler de la contradiction. Mais peut-être pourrions-nous regarder les choses à l’autre bout. Milton ne dit pas que les fils de Eli, Pinhas et Hophni, étaient des athées quand ils assumaient les fonctions d’Eli à Siloe. Il dit qu’ils s’étaient convertis à l’athéisme.

Certains perdent la foi en Dieu à cause des difficultés dont ils souffrent. Ils désespèrent, submergés par leur sentiment d’abandon. D’autres perdent la foi en Dieu à cause de leurs succès. Ils sont présomptueux, séduits par le sentiment de leur invincibilité. Mais dans le cas du prêtre ?
Je ne suis pas en train de poser une loi universelle. Chaque prêtre est un homme comme chacun d’entre nous, et il peut souffrir ce que chacun d’entre nous souffre. Mais si nous demandons ce que sont les dangers particuliers que court la foi du prêtre, nous devons conclure que dans notre monde ils ont pris résidence du côté du pouvoir, du confort et du prestige, et non du côté de la faiblesse, de la privation physique et de l’humiliation.

Je ne suis pas entrain d’accuser. Je ne suis pas en train de dire que les prêtres devraient être au pain sec et à l’eau, et que les gens devraient les jeter à la rue. Je veux simplement remarquer un fait. Ce n’est pas la persecution qui fait perdre la foi à nos prêtres. C’est la complaisance.
Qu’arrive-t-il s’ils ont perdu la foi ? Nous devrions encore être prudents et nous rappeler les confusions et les contradictions du Coeur humain. Nous fuyons la dure vérité. Le cardinal McCarrick peut avoir cru ce qu’il croyait. Mais que feriez-vous si vous deveniez athées, et si votre vie entière avait été dirigée vers un une seule et unique chose, le ministère divin ?

Vous ne pouvez pas revenir à votre ancien métier, car vous n’en avez pas. Vous ne pouvez vendre vos services parce que vous n’en avez pas à vendre. Vous ne pouvez vous permettre d’aller à l’école, même si vous pourriez en supporter la gêne. Vous n’êtes pas endurcis à un dur labeur physique, ce qui fait que vous ne pouvez travailler avec une équipe d’aménagements paysagers. Vous restez où vous êtes.

Si vous êtes sincère, priez, et priez, mortifiez-vous, et trouvez un directeur spirituel solide, et vous survivrez à la tempête. Si vous êtes faibles et insincère, vous laissez votre foi devenir de plus en plus ténue, tandis que, pour consolider votre image, vous vous dites que vous êtes l’avant-coureur d’une foi nouvelle, une nouvelle façon de croire. Vous savez ce qui, réellement appartient à la foi et ce qui n’y appartient pas. Vous enviez les gens qui ont des dévotions qui ne vous touchent pas. Vous vous complaisez secrètement dans l’échec. Vous allez où va le monde. Vous devez prendre quelqu’un pour vous diriger. Chaque être humain suit un drapeau; les athées autant que tous les autres. Pourtant l’enfant Samuel viendra et il ne vous apportera aucun soulagement. Faites que cela soit bientôt, ô Seigneur.
 

https://www.thecatholicthing.org/2018/09/16/when-the-priest-turns-atheist/

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Anthony Esolen est conférencier, traducteur , écrivain. Ses derniers livres: Ten Ways to Destroy the Imagination of Your Child et Out of the Ashes: Rebuilding American Culture [“Dix manières de détruire l’imagination de votre enfant” ; “Relever de ses cendres et reconstruire la culture américaine”]. Il dirige le Centre pour la restauration de la culture catholique au Thomas More College of the Liberal Arts.