Le film de Wim Wenders intitulé Le pape François. Un homme de parole sort aujourd’hui en France. Destiné à toucher le grand public et co-produit par le Vatican, aura-t-il le succès escompté ? Difficile à dire. Pourtant, le test est intéressant. Le pape François n’a cessé de s’adresser aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, au-delà des catholiques qui reconnaissent son autorité. Ce pourrait être l’occasion pour ceux qui ne croient pas au Ciel de se joindre à ceux qui y croient, pour comprendre la personnalité singulière de ce Pape inattendu. Wim Wenders, l’auteur du film, en tout cas, a été séduit. Il a retenu le parallèle avec saint François d’Assise, qu’il qualifie de réformateur et révolutionnaire, en évoquant le poverello en quelques courtes scènes en noir et blanc.
Wim Wenders s’est éloigné de son catholicisme de naissance pour rejoindre le protestantisme. Son regard présente donc un intérêt particulier, qui rejoint la volonté d’atteindre les non catholiques. On lui reprochera sans doute de ne pas s’intéresser au cœur de la foi du Pape, pour s’en tenir à la force attractive d’un humaniste dénonçant la misère du monde. Et puis les spécialistes de saint François discutent de la façon avec laquelle il met en scène l’homme d’Assise face au défi de l’islam.
Mais il faut prendre le film tel qu’il est, tel qu’il s’offre à nous dans une rencontre de personne à personne. C’est à nous, en effet, que s’adresse, sans faux-semblant, ce Bergoglio venu d’Argentine. Il est direct, sans apprêt, et on comprend comment il peut faire vibrer ces foules auxquelles il s’adresse dans un cœur à cœur qui nous est ô combien sensible. Claudel disait du Bernanos de Sous le soleil de Satan qu’il avait su donner une impression physique du surnaturel. Il y a quelque chose de cela dans le film de Wim Wenders. C’est du moins l’impression qu’il m’a donnée, il y a trois mois lorsqu’il fut présenté à la presse. Tandis que le pape François entre dans une phase de haute turbulence, il est salutaire qu’il s’offre ainsi à nous dans toute son authenticité d’homme, d’homme de Dieu.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 septembre 2018.