Des Nouvelles - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Des Nouvelles

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On dit des Évangiles : « Bonne Nouvelle ». Et on y découvre une nouveauté, jamais lue auparavant. Bonne, certes pas mauvaise nouvelle. De mauvaises nouvelles sont survenues, bien sûr, mais seulement si des bonnes nouvelles, au contraire, pouvaient advenir. Autrement dit, il n’yaurait donc que des nouvelles. Nouvelles, par exemple, d’événements publiées par Google. Les Nouvelles éveillent nos passions — un quelque-chose se trouvant dans chaque mot.

Mauvaises nouvelles, on en trouve depuis les débuts de l’humanité. Aucune époque, aucun lieu, n’ont été épargnés de leur lot de mauvaises nouvelles. En un sens, les Mauvaises nouvelles nous interpellent davantage que les Bonnes nouvelles. Le genre humain a vainement cherché les causes des mauvaises nouvelles, et la méthode pour y échapper.

La Bonne Nouvelle de la Chrétienté nous met en garde contre les mauvaises nouvelles survenant d’une façon ou d’une autre. La Chute due au Péché Originel ne pouvait s’expliquer seule par l’action de l’homme. Bien des gens, par le passé comme à présent, ont néanmoins tenté de l’expliquer autrement. En vain, si ce n’est encore moins bien.

Christopher Dawson notait un jour que si on avait lu le « Jerusalem Post » ou le « Quotidien de Rome » le lendemain de la Crucifixion on n’aurait guère relevé l’information, si ce n’est que trois bandits avaient été exécutés sous Ponce Pilate. La mauvaise nouvelle de la Crucifixion se révéla être pour les Chrétiens une Felix culpa, faute bienheureuse — Bonne Nouvelle.

On se plaint actuellement de la vague de fausses nouvelles [NdT : en Franglais, Fake news]. Il s’agit généralement du récit sensationnel d’un événement ou d’un acte présentés sous une forme objective. Il y a là des informations inexactes ou des commentaires dévoyés. Forme de mensonge. Le lecteur ou auditeur moyen peut prendre les « fake news » pour authentiques. Mais elles n’ont rien de commun avec les racontars. Le lecteur d’un racontar sait bien que l’exagération et la déformation font partie de l’humour.

Le 15 novembre 1977, Joseph Ratzinger (alors futur Benoît XVI) écrivait : « rien ne vaut une information vraiment objective. » Tout ce qu’on lit dans la presse, suit à la télévision ou entend à la radio est arrangé selon une tournure intellectuelle choisissant ce qu’il faut mettre en valeur, et comment le faire.

À première vue, ce peut sembler un jugement erroné et sceptique Mais pour quiconque suit les grandes chaînes (les pires) et croit à leur objectivité, il y a une lourde erreur. L’Osservatore Romano, les Infos mondiales de la BBC, le Washington Post, ne font pas exception.

Est-ce grave ? On apprend à évaluer la présentation des informations. En fait, il faut bien saisir ce qu’on entend par « Nouvelles ». Si toutes les informations diffusées par une chaîne ou un réseau passent presque tout leur temps à nous dire combien le Président Trump est un bon — ou mauvais — Président, ou comment la Gauche nous sauvera tous, nous savons de quoi il s’agit. Il n’y a rien de mal à connaître la pensée des idéologues. Mais si nous ignorons que ce sont des idéologues qui prétendent donner des informations objectives, nous sommes dans l’erreur.

Le plus important dans une information, c’est l’opinion. Les faits ne sont pas vraiment des nouvelles. Ils sont vrais ou faux. Les nouvelles traitent de ce qui a été fait, ou aurait dû ou non être fait. Selon l’importance qu’on y attache, l’information traite d’opinions sur des sujets significatifs, des événements à approuver ou à blâmer. Il s’agit de ce qu’Aristote appelait prudence, selon les buts visés. On ne peut donner pour certains des faits susceptibles d’incertitude.

Nous suivons nos propres penchants. Ils expliquent nos idées pour agir ou non, pour parler ou non, et sur notre comportement. J’ai souvenir d’avoir lu voici quelques années un commentaire sur ce qu’entendaient les « Pères Fondateurs » dans le Premier Amendement [NdT : à la Constitution des États-Unis]. Il n’était pas destiné à protéger les informations mais les opinions. Une opinion n’est ni un fait, ni une certitude. Il nous faut essentiellement agir en sachant qu’on n’a jamais qu’une connaissance imparfaite.

Aristote disait que le critère de nos actes consiste à faire ce que ferait un homme de bien dans les mêmes circonstances. Notre action doit suivre la raison selon les circonstances. Autrement dit, « soyons sages et prudents ».

Selon notre tradition, l’Église, le Sénat, l’Université ont de tels sages. Mais dans le domaine de l’opinion on ne plus se fier à aucune de ces sources. Cependant, ce n’est pas un mal mais un bien que regarder chez les hommes prudents ce qu’ils voient et nous échappe.

Et pour Joseph Ratzinger il n’existe pas d’information objective, il faut suivre l’homme prudent en qui avoir confiance pour nous guider vers les sommets, notre destinée. Ce n’est pas une vaine quête, ni une voie facile. Et, en finale, il nous faut chercher en nous pour devenir prudents — et même sages.

14 août 2018

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/14/on-news-reports/