Le Président de la République sera donc demain au Vatican, s’inscrivant dans la tradition de ses prédécesseurs, du général de Gaulle à François Hollande. C’est toujours un moment singulier que celui de la rencontre de notre chef de l’État avec le Pape, autorité spirituelle, avec qui la conversation est d’un style particulier, qui a peu à voir avec les négociations d’État à État. Pourtant, si l’on suit certains commentateurs, ce n’est pas sans arrières-pensées électorales qu’Emmanuel Macron irait rencontrer François. N’a-t-il pas déclaré qu’il voulait réparer le lien de la République avec les catholiques français ? Derrière cette main tendue, il y aurait l’intention de retenir un électorat tenté par l’abstention ou par une opposition plus ou moins dure. Le Parisien, qui a fait sa une hier sur le sujet, explique aussi qu’il y a un agenda politique impératif, qui commande la prudence avec les catholiques.
En effet, Emmanuel Macron envisagerait de faire voter la PMA, la procréation médicalement assistée, étendue aux couples de femmes et aux célibataires. C’est un point de friction qui risque de ranimer un affrontement direct. Macron veut l’éviter à tout prix, ne serait-ce qu’en suscitant le dialogue préalable et en écartant la légalisation de la GPA et de l’euthanasie, en dépit de fortes pressions, dans son propre camp, sur le second sujet. Ainsi faut-il sans doute comprendre que la visite au Vatican aura aussi une fonction apaisante auprès des catholiques. Même si l’extension de la PMA vous déplaît, nous ne voulons pas vous enfermer dans une opposition stérile. Une partie de vos arguments est retenue.
Il est peu probable qu’en trente minutes prévues de conversation, le Président et le Pape puisse aller au fond des problèmes de bioéthique, d’autant que d’autres thèmes seront évoqués, tel celui des migrants qui est considérable et auquel François est très attaché. Nul doute que la rencontre sera cordiale, d’autant qu’Emmanuel Macron est très soucieux de la qualité de ses relations avec les autorités spirituelles et qu’il y a sur ce point, un ferme accord avec François. Il tient à libérer la laïcité nécessaire de l’État de toute étroitesse idéologique. On se souvient de son discours des Bernardins. Nul doute que la visite romaine en sera une illustration à observer avec le plus grand intérêt.