Philosophie et laïcité - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Philosophie et laïcité

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En cette période d’examens, marquée traditionnellement par les sujets de dissertation en philosophie du bac, il doit être possible de revenir à quelques grandes questions qui nous renvoient au sens même de la culture. Tout d’abord, pourquoi ne pas se féliciter de cette spécificité française que constitue l’insistance sur la philosophie en classe terminale ? Il est vrai qu’il y a contestation à ce propos, puisque cent vingt professeurs viennent de protester auprès du ministre de l’Éducation nationale sur le danger que ferait courir la réforme du lycée à cet enseignement. Mais cette querelle même est significative d’un désir puissant que soit honoré l’art d’apprendre à penser. Le désir est-il la marque de notre imperfection ? Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ? Le seul intitulé des sujets du bac montre l’intérêt d’une discipline qui se caractérise par sa nature désintéressée, ce qui pourrait être précisément la raison de son impérieuse nécessité.

S’interroger sur ce qu’il y a de singulier dans le désir c’est rejoindre notre humanité dans sa plus profonde énigme, tout comme passer au crible la notion de justice. C’est exprimer aussi que l’exigence philosophique est nécessairement métaphysique, parce qu’elle désigne ce qui, en nous, nous dépasse infiniment. Dès lors, on peut s’interroger sur les relations plus que problématiques entre la recherche sur le sens de la vie humaine et cette autre notion bien française qui est celle de la laïcité. Que peut bien signifier l’enseignement laïque de la métaphysique ? Ne s’agit-il pas d’un oxymore aussi paradoxal que l’enseignement laïque des religions dont on reparle en ce moment ? La laïcité n’est-ce pas justement la neutralité dans ces deux domaines, le refus de s’engager sur des questions qui relèvent d’un domaine à propos duquel l’État moderne libéral décline toute compétence ?

La laïcité, dans son acception contemporaine, est née avec Jules Ferry et son école dite laïque. On rétorquera, à juste titre, que cette école laïque n’a eu nul scrupule à faire étudier à tous les élèves, quelles que soient leurs appartenances religieuses, les querelles de la grâce au XVIIe siècle autour de l’aventure de Port-Royal, avec le rôle central d’un Blaise Pascal. Certes, depuis la IIIe République, les choses se sont plutôt dégradées, avec un effacement de la culture générale. Le tournant incontestable accompli par le ministère de Jean-Michel Blanquer aboutira-t-il à un réexamen décisif de cette dimension de l’enseignement ? Il faut l’espérer. Le dossier remarquable que vient de publier sur saint Augustin la revue Histoire 1, suscité notamment par la publication d’un livre posthume de Michel Foucault, pourrait être un bon point de départ d’une réflexion nouvelle sur le sujet.

  1. Histoire, juin 2018, « Saint Augustin, Dieu, la liberté, le sexe et les Pères de l’Église »