N’est-il pas paradoxal et même disons le carrément insupportable, qu’en la fête solennelle de la Pentecôte, où l’Église reçoit l’assistance de l’Esprit saint, cette même Église vive une redoutable épreuve, où loin de manifester la Lumière venue d’en haut, elle se montre démunie et pécheresse ? Un épiscopat entier, celui du Chili, vient de présenter sa démission au Pape, en raison de son inaptitude et de ses fautes dans la gestion d’une très grave affaire de pédophilie. Le Pape lui-même s’accuse de défaillance, pour ne pas s’être informé suffisamment et avoir porté un jugement téméraire qui a atteint certaines victimes dont la sincérité était ainsi récusée. François exprime sa douleur et sa honte devant « le mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Église ».
Nous vivons ainsi la contradiction qui existe entre l’Église sainte et immaculée et une communauté de pécheurs. Comment assumer pareil scandale pour le monde et d’abord pour nous-mêmes qui en sommes profondément blessés ? Peut-être que la première leçon à retenir est celle d’un nécessaire retour à notre condition pècheresse. Bernanos a écrit que la luxure était une blessure au flanc de notre espèce, mais c’est une vérité bien difficile à admettre pour les modernes. Ils sont sur le point, d’ailleurs, de revenir là-dessus, si j’en crois le formidable réquisitoire de ces derniers mois à l’encontre des atteintes sexuelles faites aux femmes. Nous sommes très loin du triomphalisme de la révolution des mœurs tant célébrée dans les années soixante.
Mais en cette fête de Pentecôte, peut-être conviendrait-il aussi de recourir aux dons dispensés par l’Esprit saint, pour guérir notre nature pécheresse et accéder à une vie renouvelée. Je ne veux pas énumérer ici les sept dons du saint Esprit que la théologie a mis en évidence. Mais nos défaillances et celles du corps ecclésial ne viennent-elles pas de notre désintérêt pour ce que nous pourrions recevoir des grâces d’en haut ? Par exemple, la force qui donne la persévérance dans l’épreuve, le courage dans la vie de tous les jours, avec la possibilité de mener un combat spirituel contre le mal insidieux qui nous détruit. Ou encore le don du conseil qui éclaire le discernement et nous évite les occasions de sombrer par aveuglement. Faut-il encore invoquer la crainte de Dieu, qui n’est pas terreur devant sa puissance mais conscience de la distance qui nous sépare de la sainteté divine ? Que Marie, mère de l’Église, que nous fêtons aujourd’hui puisse nous confirmer dans la réception des dons de l’Esprit.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 mai 2018.
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