Jésus : le cœur de la morale chrétienne - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Jésus : le cœur de la morale chrétienne

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Des théologies influentes de ces cinquante dernières années sont des abstractions stériles et trompeuses parce que, en réalité, elles déconnectent la morale de notre participation à la vie du Christ. Tant qu’on n’aura pas réparé cette rupture, la vie, le témoignage et l’unité de l’Eglise comme de ses membres continuera de souffrir. Le rétablissement commence par le retour à la réalité : Jésus.

Jésus, le Verbe incarné, révèle ces mystères : qui est Dieu, qu’est-ce que cela signifie d’être pleinement humain. Ces mystères sont les réalités qui fondent Son existence et Son identité. Il leur a donné toute leur expression dans des paroles et des actes humains durant sa vie terrestre.

Les bonnes nouvelles annoncées par Jésus, c’est que Dieu est amour, et que la nature humaine peut être transformée par la communion avec Dieu en vue de prendre part à Son amour. C’est ce que signifie l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus. Il n’y a rien d’abstrait ou d’idéaliste là dedans. C’est la réalité essentielle du fils de Marie qui est également le Fils de Dieu.

Cependant, Jésus n’a pas simplement révélé Dieu et l’appel à la communion avec Dieu. Depuis la Croix, il nous attire à Lui, nous invitant à partager Sa vie humaine et divine et à devenir un avec Lui, de cœur, d’esprit, de corps et d’âme, comme membres de Son épouse, l’Eglise. Cette union participative survient parce qu’Il demeure en nous et nous en Lui, un don qu’il nous a accordé en envoyant l’Esprit Saint.

Unis à Jésus, nous sommes un avec Dieu et tous membres de l’Eglise. Par conséquent, la vie chrétienne est par essence trinitaire, christologique et ecclésiale. Elle est communautaire et non individualiste.

La mission de Jésus est d’établir une demeure mutuelle entre la Trinité et la race humaine. De là proviennent tous les dons (ou grâces) dont nous avons besoin pour rester un seul corps et un seul esprit en Christ. Parmi ces dons, les plus importants sont la Foi, l’Espérance et la Charité, qui nous rendent capables de connaître Dieu, de Lui demander de l’aide en toute circonstance et de L’aimer.

La morale chrétienne, alors, découle de notre union avec Dieu dans le Christ. Ce n’est rien d’autre que la façon de vivre fidèle à l’amour de Dieu, consentie au cœur et à l’esprit de Jésus qui demeure en nous. Comme la foi, qui est une participation à la connaissance de Dieu que possède Jésus, notre partage de Son Amour est incomplet durant notre pèlerinage sur la terre. Néanmoins, cette participation imparfaite permet à nos pensées, à nos paroles, à nos actes, d’être inspirés par Dieu à travers Jésus.

Il s’ensuit que la connaissance par un chrétien de son devoir moral et de la culpabilité (i.e. sa conscience) est une participation à la connaissance et à l’amour du Christ. La conscience est donc une connaissance de soi qui est simultanément un « savoir avec » Jésus, la Trinité et l’Eglise. Cela signifie que Dieu et l’Eglise sont internes à notre conscience.

Comme participation à la vie de Jésus, la conscience est un témoignage particulier d’Espérance. L’Espérance renforce notre conscience pour nous diriger vers des actes qui promeuvent notre communion avec Dieu, et celle des autres, en dépit du mal qui nous menace ou qui survient. L’Espérance nous assure que dans le Christ une action droite est toujours réalisable, quel qu’en soit le prix. Quand nous péchons, elle fait des reproches de notre conscience un appel à la conversion plutôt qu’une cause de désespoir.

De ce qui est dit plus haut, il est clair que la théologie morale est bien concernée par des mots et des normes comprises non comme des abstractions mais comme étant en relation avec la réalité concrète du Christ, et, à travers Lui, avec la réalité de qui est Dieu et de qui nous sommes. Il ne devrait pas être surprenant que des réalités aussi profondes puissent (en dépit des négateurs) être exprimées adéquatement en mots. Après tout, Dieu s’est révélé et a révélé son œuvre salvatrice via des mots humains et via le Verbe Incarné. En outre, Dieu voulait que l’Eglise proclame au monde ses paroles et son Verbe. Jésus a partagé cette mission d’une manière unique avec les Apôtres et leurs successeurs si bien qu’à travers eux Il continue d’enseigner et de conduire son peuple.

Tragiquement, la compréhension participative de la vie, de la foi, de la morale et de la conscience chrétiennes et de l’Eglise a été atténuée ou gommée dans la plus grande partie de la chrétienté occidentale ces derniers siècles. A la place, l’intérêt s’est déplacé sur les croyants individuels conformant leurs pensées et leurs actes à l’exemple et à l’enseignement du Christ tel que transmis par l’Eglise, ou par défaut à la Bible. La soumission à ces mots et normes extérieurs a eu tendance à remplacer la participation comme centre de l’identité chrétienne.

De plus en plus, les affirmations de foi et de morale en sont venues à être traitées comme de simples propositions linguistiques et ont été considérées à part du Christ, comme des expressions d’idées abstraites ou de croyances et pratiques historiques. Comme telles, elles manquaient de toute relation intime avec Dieu ou avec les réalités de la vie contemporaine. Donc, pour être pertinentes, elles devaient être adaptées à l’expérience et aux circonstances personnelles. C’est pourquoi le jugement privé, d’abord de l’Ecriture et ensuite de la conscience a émergé comme la clef pour appliquer la foi et la morale chrétiennes. Le témoignage de l’Eglise, quoique étant peut-être de quelque valeur n’est plus considéré comme ayant un rôle interne ou normatif dans ces jugements.

Les théologies morales basées sur cette approche prétendent confirmer l’enseignement de l’Eglise parce qu’elles reconnaissent que ses déclarations sont vraies abstraitement – et même infaillibles. Cependant, en étiquetant ces enseignements « idéaux abstraits », et en manquant à considérer le rôle crucial de l’Eglise vis-à-vis de la conscience, elles autorisent la conscience à appliquer ces enseignements à des situations concrètes d’une manière qui en réalité viole « l’idéal » présumé.

Par exemple, il est dit que la conscience peut affirmer en théorie la fidélité maritale tout en justifiant dans la pratique une deuxième relation de peur de compromettre le bien-être des enfants par un remariage. L’irréalité de toute cette approche est ainsi exposée puisque cela revient à dire : « Jésus est fidèle à moins que cela n’entraîne une extrême souffrance ».

Ces fausses théologies oublient que quiconque agit mal, que cela soit dû à l’ignorance ou à la peur de suivre des normes morales va cependant souffrir et est ignorant de ce qu’est la vie chrétienne ou craint de s’y engager. Les « idéaux de l’Evangile » ne peuvent pas l’aider. Il a besoin de la proclamation par l’Eglise d’un Evangile qui plonge dans les réalités de la vie quotidienne, nous unit au Christ et nous rend libres d’aimer comme Il aime – quel qu’en soit le prix.


Le père Timothy V. Vaverek est prêtre du diocèse d’Austin depuis 1985. Il est actuellement curé de paroisses à Gatesville et Hamilton.

Illustration : « L’échelle de l’ascension divine », 12e siècle [monastère Sainte-Catherine, Mont Sinaï, Egypte]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/11/29/jesus-the-heart-of-christian-morality/