Moralité du contrôle des armes à feu. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Moralité du contrôle des armes à feu.

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Après avoir prononcé une homélie réprouvant les sénateurs catholiques (démocrates et républicains) qui votaient contre la législation qui aurait rendu illégal le fait de tuer les fœtus au système nerveux déjà développé, j’ai reçu dans une lettre la réponse suivante :

J’attends avec impatience d’entendre votre prochaine homélie politique, semblable à celle sur l’avortement d’il y a quelques semaines. S’il vous plaît, faites état de la position catholique sur les massacres de masse, et, dans ce contexte, faites la liste des républicains catholiques du congrès qui bloquent tout bannissement raisonnable des fusils d’assaut. Vous risquez d’avoir besoin de prolonger le temps de l’office car la liste a beaucoup de chance d’être très longue. Merci.

Il faut dire tout de suite, bien sûr, qu’une homélie sur le mal de l’avortement est à peu près aussi politique qu’une homélie condamnant l’holocauste. Malgré tout, si mon correspondant identifiait un politicien favorable au fait de mettre des armes – poignards et cutters inclus – dans les mains de criminels ou de psychotiques en vue de massacres de masse, je serais heureux de les citer par leurs noms. Et j’inviterais à faire retentir les mêmes huées et sifflements que pour un politicien qui ne lève pas le petit doigt pour protéger les vies des bébés non nés.

Mais dans ce cas précis, voici ma réponse en quelques mots :

L’avortement est intrinsèquement mauvais, et donc, s’y opposer n’est pas politique.

Les fusils ne sont pas intrinsèquement mauvais. Au contraire, le catéchisme enseigne non seulement le droit, mais le devoir de tuer, si nécessaire, pour se défendre, et défendre ceux dont nous sommes responsables. Le même droit à la vie qui condamne les massacres de masse implique l’usage d’un fusil pour blesser ou tuer, si c’est nécessaire pour sauver une vie. Garder les fusils hors de portée des tueurs de masse est évidemment un devoir moral, mais les fusils en eux-mêmes ne sont pas intrinsèquement mauvais, au contraire de l’avortement.

Toute espèce d’arme à feu peut être utilisée dans un assaut, aussi le terme de « fusil d’assaut » est politique plutôt que moral.

Les prêtres et les prélats n’ont pas des experts assez pertinents pour élaborer une loi de contrôle des armes à feu, ou, en l’occurrence, pour empêcher l’armement des Etats voyous. Que l’on soit tué par un couteau à beurre, un AK-47 ou une bombe à neutrons, de toute façon, on est mort. Dans chaque cas, le recours à des armes sera jugé juste ou injuste selon le même critère moral.

L’Eglise doit toujours faire respecter l’intégrité de la justice, et la justice non seulement permet, mais réclame la défense de l’innocent contre des agresseurs injustes, c.a.d. ceux qui font du mal sans cause valable.

Mais est-ce que le « bannissement raisonnable des armes d’assaut » est un impératif moral de nos jour, quand on voit l’augmentation de la fréquence des fusillades dans les écoles (sans parler de la violence dans les villes) ?

C’est là que s’élèvent des questions vraiment politiques qui exigent une considération réfléchie et une analyse rigoureuse – par les laïcs. Ceux dont je suis prêt à faire la liste ne sont certainement pas les seuls. (Je ne me permettrai pas ici d’exercer mon autorité de prêtre, mais je suis, après tout, aussi un citoyen.)

Qu’est-ce qu’une arme ? Evidemment les pistolets et les fusils sont des armes. Mais les cutters dans les avions le sont aussi. Près de 3000 personnes ont été assassinées dans des attaques qui ont commencé par des cutters dans les mains de terroristes.

La difficulté pour définir une « arme », toutefois, ne disparaît pas quand on restreint la conversation à des armes à feu. Qu’est-ce qu’une « arme d’assaut » ? Un tank ? Une mitrailleuse ? Un fusil Winchester à répétition ? Un M-16 ? La vraie question est : Comment la loi pourrait-elle garder ces armes hors des mains des criminels et des malades mentaux ?

La question de l’élaboration de lois pénales qui menacent d’infliger une juste punition, est, me semble-t-il, beaucoup plus facile à évaluer avec des critères moraux qu’avec des lois réglementaires. Les lois réglementaires initiales telles que « le bannissement raisonnable des armes d’assaut » en revanche, sont beaucoup plus compliquées parce que non seulement elles doivent envisager un univers de définitions en continuelle expansion, mais il se pose sérieusement la question de l’efficacité et de la moralité de porter atteinte au droit d’auto défense. Et il faudrait aussi être conscient de ce que parmi les conséquences de la violence, l’hystérie et l’émotionnel perturbent facilement la clarté du raisonnement.

En ce qui concerne la question de l’efficacité : quel type de contrôle sur les armes à feu est raisonnable ? Comment les hors la loi se procurent-ils des fusils ? Est-il vrai – ou est-ce juste une phrase intelligente – que si l’on met les fusils hors la loi, seuls les hors la loi auront des fusils ? Quelle est l’expérience des villes qui ont des lois strictes de contrôle des armes à feu ? Quelle est l’expérience des entités politiques qui ont des lois « cache et transporte » ? Quels sont les faits ?

Toutes ces questions dépassent clairement les compétences du clergé.
La question des causes de la violence par armes à feu nécessite une enquête continue et dépassionnée par les laïcs et parmi elle par des experts. (Mon idée d’homme instruit est que la pornographie joue un grand rôle dans ces causes. Quand la pornographie ne satisfait pas, un esprit tordu cherche d’autres méthodes d’excitation. Et bien sûr, à la racine, il y a la destruction de la famille avortement légal inclus. L’irrespect pour la vie de l’être humain non né engendre l’irrespect de toute vie humaine.)

Qui parmi nous n’aimerait pas voir un monde sans violence, où les fusils ne serviraient que pour la chasse et le sport ? Mais les effets du péché originel demeurent et nous avons un droit naturel à l’auto-défense. (Hélas, chaque fois que j’essaie de « visualiser la paix mondiale », je finis par visualiser un état policier.)

Il y a des temps difficiles où une culture brisée contribue à une destruction sur une grande échelle de notre civilisation, et cela conduit à d’innombrables actes de violence. Aussi se prononcer sur la moralité du bannissement des armes à feu ne devrait pas être le fait d’un clerc dans l’exercice de son rôle prophétique. Il y a trop de pièces mobiles, de questions de faits et de causes, et de jugements de bonne foi prudente où les catholiques croyants peuvent ne pas être d’accord entre eux, en toute bonne conscience. Mais les principes moraux sous-jacents demeurent et il est nécessaire de les appliquer avec justesse.

Parfois, un fusil propre et en bon état peut être la solution – comme dans une guerre juste, une juste intervention de police, et des actes d’auto-défense. Mais une loi qui régule la façon de se procurer et de posséder un fusil, pour préserver la liberté, l’ordre et la sécurité essentielle à une société libre, est l’affaire des laïcs.

24 février 2018