Saint Jean Capistrano et l’incarnation - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Saint Jean Capistrano et l’incarnation

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Même si un Starbucks est maintenant sur le trottoir d’en face, le bâtiment de la Mission à Saint jean Capistran est toujours bien en évidence.

L’architecture, le terrain, l’ambiance : c’est avec raison qu’on l’appelle « le joyau des missions de Californie ». Quel que soit le rang que vous lui donnez, c’est quelque chose de spécial.

Et une simple plaque, juste à côté de l’entrée, a retenu mon attention récemment. Elle relie plusieurs fils de « l’histoire ancienne » qui ont refait surface de façon impérieuse.

Les gens associent surtout cette mission au retour des hirondelles. Mais retournons en arrière et consultons la plaque : qui est celui qui a donné son nom à la mission ? C’était un juge italien avant de rejoindre les franciscains et de devenir un orateur de réputation internationale. C’était dans les années 1450 ; Constantinople venait de tomber. Comme le Sultan Mehmet II empiétait sur le cœur de l’Europe en entraînant les forces turques, ce religieux de 67 ans, sur l’ordre du pape Calixte III, s’est lancé dans l’action.

Il a recruté des volontaires et les a rassemblé sous les ordres de John Hunyadi, le grand stratège militaire hongrois ; ensemble, ils ont installé leur résistance à Belgrade. Quoique largement minoritaires en nombre, ils ont « miraculeusement renvoyé l’armée la plus grande et la mieux équipée de l’époque ». Il n’a survécu au siège que pour mourir quelques mois plus tard de la peste bubonique.

Aussi Saint Jean Capistran prend-il sa place parmi les personnages qui ont été cruciaux pour contrecarrer l’avance militaire de l’Islam à des moments décisifs. L’époque actuelle se présente comme un autre de ces moments. En effet, les percées sans précédents de l’hijra au cœur de l’Europe – conquête par les moyens de l’immigration – dépassent de beaucoup les incursions armées précédentes de l’Islam.

Actuellement, le premier ministre hongrois se demande à haute voix si la Hongrie ou l’Europe demeureront chrétiennes ; il y gagne surtout des accusations de xénophobie et d’islamophobie de la part de gens qui imaginent que le problème n’est pas l’immigration massive, mais le fait qu’il s’en préoccupe. Pendant ce temps, ailleurs en Europe, des gouvernements minimisent l’existence de nombreux viols, de zones de non droit, et de mosquées radicalisées sponsorisées par les saoudiens. Le maire musulman de Londres a parfaitement illustré cette attitude : il a dit, que c’est lamentable, mais que le terrorisme fait tout simplement partie de la vie d’une grande ville de nos jours. Retournons à la plaque : elle note que le soulèvement hongrois de 1956 « contre l’oppression étrangère athée a éclaté le jour de la fête du saint (23 octobre.- 500 ans après sa victoire contre les infidèles ». Le cardinal Mindszenty, qui avait été emprisonné par les communistes hongrois sous l’accusation de trahison, a reçu asile à l’ambassade des Etats Unis pendant ce soulèvement. Il y a été confiné pendant les quinze années suivantes, mais a finalement rendu visite à la Mission Saint Jean Capistran – et a béni la plaque.
Autre coïncidence intéressante : après la victoire de Capistran, le pape Calixte a ordonné la sonnerie quotidienne des cloches des églises, et «depuis ce jour, l’angélus de midi commémore cet évènement. » Ceci pourrait sembler une pieuse arrière-pensée, mais l’Angelus est bien sûr une prière qui célèbre l’Incarnation – dont le furieux rejet relie l’un à l’autre Mahomet et Karl Marx.

C’est précisément sur le plan métaphysique – dans la négation doctrinaire de l’Incarnation – que nous trouvons les points communs les plus profonds (plus encore que le totalitarisme et l’expansionnisme) entre l’esprit musulman, et l’esprit communiste – et, oui, même l’esprit «  libéral ».

La modernité peut être définie essentiellement par son indifférence pratique à l’évènement radical qu’est l’Incarnation. Quelque part au long de la ligne, l’Incarnation a cessé d’être considérée comme le tournant décisif de l’histoire de la race humaine. L’histoire elle-même – avant ! – a trouvé que sa place était « l’évènement » – jusqu’ici non réalisé – autour duquel tout devait être orienté.

Rousseau, ce grand patriarche de la gauche, pensait que la nature humaine elle-même faisait un voyage historique, mais considérait l’homme comme généralement bon ; la persistance entêtée du mal, il fallait alors qu’il l’attribue aux défauts de la société, et une lourde transformation serait nécessaire pour inaugurer le paradis sur terre. Ainsi, sa pensée l’alignait sur celle de Mahomet en éliminant la notion du péché originel. Et si l’homme n’a pas besoin de rédemption, l’Incarnation n’a pas de sens.

Pourtant, en définitive, c’est seulement à cause de l’Incarnation que Jacques Maritain – l’influent champion catholique des droits de l’homme du 20° siècle – a pu écrire que l’âme de n’importe quelle personne a plus de valeur que l’univers matériel entier. Ce n’est pas une simple platitude. Réfléchissez-y la prochaine fois que vous aurez l’occasion d’observer les gens.

Le musulman n’a jamais pu concevoir cette considération sublime. Le libéral postmoderne – malgré son réflexe de bavardage sur les droits – ne le peut pas vraiment non plus ; parce qu’en dévaluant l’Incarnation, il retire des « droits universels de l’homme » à la fois «  l’Universel », et « l’homme ».

L’universalité dérivée de la vision de l’homme comme créé Imago Dei et renforcée de façon singulière par l’Incarnation, contraste violemment avec les véritables dissensions que nous voyons un peu partout de nos jours – non pas les dissensions simulées utilisées couramment dans les débats publics comme tactique rhétorique, mais une forme de « eux contre nous » : les musulmans contre tous les non musulmans ; les riches les contre pauvres, les noirs contre les blancs, les forts contre les faibles, les femmes contre les hommes, la sexualité libérée, contre les prudes haïssables, une « identité » privilégiée contre une autre.

Il en résulte que nous en sommes venus à classifier des choses apparemment carrément mauvaises et inhumaines comme des « droits ». Ainsi le « progrès » nécessite la mort de dizaines de millions de personne qui auraient peuplé le futur.

En d’autres termes, cette façon de penser est construite de telle manière que certains membres de la famille humaine universelle doivent être pris pour cible (à des degrés variés) : voilà une vraiment forte raison pour laquelle le sens monumental de l’Incarnation ne peut pas être une affaire simplement privée – contra la vision intérieure et sentimentale de la religion que nous avons si complètement adoptée depuis Rousseau.

Notre attitude envers un sujet aussi important que l’Incarnation peut paraître seulement une curieuse croyance d’un nombre décroissant de chrétiens. Mais, comme le montre l’histoire, c’est beaucoup plus que cela, et cela affecte toute la race humaine.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/10/28/san-juan-capistrano-and-the-incarnation/