La tristesse des abus liturgiques - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La tristesse des abus liturgiques

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Ce dernier Noël, lors de la messe de minuit, le Père Fredo Olivero, recteur de l’église San Rocco de Turin, a choisi de remplacer la récitation du Credo par un chant. Ce cas n’est pas unique : nous sommes tous devenus insensibles à la prédilection de certains prêtres à « blesser » la liturgie sous une impulsion personnelle, mais à ce qui serait euphémiquement, selon eux, un acte pastoral. Au vu du rejet actuel de notre société face à une proposition fondamentale comme pour la phrase « homme et femme, il les créa », cela ne semble pas très important. Pourtant, cela saisit dans son essence même, ce qui est au cœur du « dialogue » naissant des dernières décennies entre l’Eglise et notre culture Moderniste/Postmoderniste et la mesure dans laquelle ces présomptions culturelles ont influencé l’Eglise.

Analysons les mots qu’il a proposés pour expliquer son action : « Savez-vous pourquoi je ne vais pas dire le Credo ? Car je n’y crois pas ! Comme si quelqu’un le comprenait vraiment ; pour ma part, après de nombreuses années, j’ai réalisé que c’était quelque chose que je ne comprenais pas et que je ne pouvais donc pas accepter. Chantons quelque chose d’autre qui présente les idées essentielles de la foi. »

Il n’y « croit » pas ? Ok, c’est son choix libre, mais, dans un souci envers sa propre intégrité intellectuelle, il devrait peut-être reconsidérer la vocation qu’il a choisie.

Mais il ne « comprend » pas ? Il est vrai que le Credo propose une série de mystères révélés par Dieu, qui, étant des mystères, met à l’épreuve puis vainc un esprit limité, en essayant de saisir l’Infini. Comme les lecteurs le savent probablement, même le plus grand intellectuel de l’Eglise, St Thomas d’Aquin, a fait un rêve dans lequel il rencontrait Dieu et définit tous ses écrits par cette simple phrase : « tout cela n’est que du foin ». Pourtant, à un autre niveau, le Credo est si simple que même un élève d’école élémentaire pourrait le comprendre.

En langage humain simple, le Credo nous ouvre une porte vers le Divin. Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit, un Dieu en Trois Personnes Divines ; une communauté d’Amour, qui souhaite nous sauver et nous amener à la vie éternelle. L’Eglise est une, sainte, catholique et apostolique. Le baptême nous sauve, nous unit à la Trinité à travers l’Eglise et nous met sur le chemin de la résurrection et d’une vie d’éternel bonheur à venir. Le Credo nous donne une preuve de l’activité divine de l’Eglise, qui a été formulé dans un court texte de 224 mots dans lequel apparait la réponse complète et minutieuse de la plus fondamentale des questions qu’un homme peut se poser « Pourquoi je suis là ? »

Et sincèrement, le chant que le père Olivero a proposé à la place du Credo, ce chant qui selon lui « présente les idées essentielles de la foi », révèle les origines du Credo dans une Eglise qui est humaine et pourtant bien divine :

C’est tellement agréable de sentir

comment dans mon cœur,

maintenant, simplement,

l’amour grandit.

.

C’est tellement agréable de comprendre

que je ne suis désormais plus seul,

mais que ma vie est éternelle,

qui (la vie) somptueusement

brille autour de moi.

.

Un cadeau de Son Amour,

de Son Amour sans fin.

Il nous donne le ciel,

et la lumière des étoiles,

notre frère soleil

et notre sœur lune.

.

(Il nous donne) Notre Terre-Mère

avec les fruits, le gazon, les fleurs,

le feu, le vent,

l’air et l’eau pure

source de vie pour Ses créatures.

.

Un don de Son Amour, de Son Amour sans fin

Un don de Son Amour, de Son Amour sans fin.

Ce n’est pas même pas la moitié du Credo, pourtant, il en contient une fraction. En effet, le chant reprend une partie de la première ligne, « Je crois en Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles… »

Je suis sûr que beaucoup trouvent que ce chant est très beau, un chant aux paroles émouvantes et fondamentales. Pourtant, Dieu est plus qu’un Créateur. C’est aussi le Rédempteur, et nulle part Jésus n’est mentionné. Je suppose qu’on puisse répondre qu’Il est, comme l’Esprit Saint, enterrés dans ces mots quelque part. Rappelez-vous quand même que c’est l’argument de ce triste prêtre qui trouve ce chant plus « essentiel », plus compréhensible que le Credo par lequel il l’a remplacé. Comment exactement, la compréhension du Credo peut être promue par quelque chose de plus ésotérique ? Manquent aussi à l’appel : Marie pour les débutants, ou tout autre mention d’autres personnes, comme l’Eglise. Ce chant offre un instantané radicalement individualiste d’un moment de notre relation avec Dieu (le phénomène de consolation) qui n’est pas, selon les grands auteurs spirituels, ou qui ne devrait pas être le centre de notre pratique de la Foi.

Ce n’est pas la faute du compositeur, il cherchait sûrement à capturer un simple fragment de notre expérience religieuse. Mais dire que ce simple fragment constitue l’élément « essentiel » de notre Foi, comme disait le triste Père, c’est voler la fidélité de la plénitude, la richesse de la Foi, façonné avec Amour pour eux par Dieu.

Bien sûr, l’action du triste Père a été accueillie par des rires. Un certain esprit d’irritation profond mélangée à de l’arrogance, de mince frivolité mélangée à de la légèreté/désinvolture s’est développé dans toute la cuture de l’ouest et qui s’est infiltré dans l’Église. Nous méprisons le passé, nous nous mettons au-dessous de la sagesse accumulée au cours des siècles et même au-dessus de la sagesse de Dieu, et à cause de cette fierté, nous ne vivons que pour et dans l’instant présent. Dieu nous a préparé un riche banquet de propositions du Credo par lesquelles nous pourront venir le connaitre et beaucoup choisisse plutôt le sentiment de barbe à papa conçu par l’homme. Et le triste Père leur a maintenant enseigné qu’ils ont raison de faire ça.

Ce serait plus facile de réagir à cela dans une colère juste. Mais c’est aussi triste, une tristesse reprise dans la demande « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

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Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/02/25/the-sadness-of-liturgical-abuses/

Image : Tribunal de l’Inquisition par Francisco de Goya, vers 1815 [Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Madrid]

Alan L. Anderson a travaillé dans la paroisse et pour le diocèse de Peoria, en Illinois, aux Etats-Unis, pendant plus de vingt ans. Catholique converti et père de quatre enfants, il écrit des articles sur la culture et la Foi depuis Roanoke, aussi en Illinois.