Rendu·e·s au monde... - France Catholique
Edit Template
Funérailles catholiques : un temps de conversion
Edit Template

Rendu·e·s au monde…

Copier le lien
Faut-il revenir, pour s’indigner à juste titre, sur le malheureux communiqué du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, dirigé hargneusement contre la Marche pour la vie de dimanche dernier ? Il vaudrait mieux faire silence sur un texte accablant pour ses auteur·e·s, s’il n’était significatif d’une mentalité et d’une idéologie persistantes, dont l’Église de France, dans un passé récent, a été tellement victime qu’elle faillit en disparaître, corps et biens (surtout spirituels). Non content d’accuser les responsables de la Marche pour la vie « d’intolérance et de haine », le MRJC défend ouvertement « le droit fondamental pour les femmes et les couples d’avoir recours à l’IVG ». Ce droit assurerait la liberté de conscience et éviterait aux femmes des démarches « lourdes et culpabilisantes ». Nos jeunes ruraux voudraient s’inscrire ainsi dans un élan « d’émancipation personnelle et collective ». Un tel langage rappelle bien des précédents, où déjà des militant.e.s se réclamaient d’un mouvement d’émancipation qui revêtait alors les couleurs marxo-léninistes. Le sens de l’histoire exigeait un alignement des chrétiens sur le grand mouvement qui embrasait le monde. Cela me rappelle furieusement ce qu’écrivait alors mon ami Maurice Clavel dans un grand cri de colère : « Vous n’êtes pas allés au monde, vous vous êtes rendus au monde ! […] Vous vous êtes essoufflés après ces idéologies elles-mêmes à bout de souffle ! Vous l’avez suivi au suicide alors qu’il espérait malgré lui votre coup d’arrêt ! Mais oui, son vide en appelait obscurément à votre substance et vous vous êtes évaporés ! Ses mains cherchaient le roc et vous vous êtes dissous en poussière à sa ressemblance ! Il se perdait et vous vous êtes perdus avec lui, sans même l’aimer… » (Dieu est Dieu nom de Dieu, Grasset, 1976). Il n’est pas un mot à retrancher de cette apostrophe, qui aujourd’hui clame encore, sinon plus, sa tragique vérité. La date du libelle de Clavel est à retenir, car elle correspond strictement à un incroyable mouvement de dispersion dans la nature de ceux·elles qui prétendaient être aux avant-postes missionnaires de l’Église, en se revendiquant d’ailleurs de Vatican II, comme d’une victoire et d’un drapeau. Les jeunes gens et les jeunes filles qui per­sistent dans la fascination de l’ouverture au monde, pas plus que leurs prédécesseur·e·s, ne s’aperçoivent que leur attitude fusionnelle par rapport à la culture de mort dénoncée par le saint pape Jean-Paul II est non seulement anti-missionnaire, mais mortifère pour eux.elles-mêmes et pour leur propre foi. Ceci dit, le signataire de ces lignes n’a aucune envie de brandir les menaces de l’excommunication. Il préférerait une franche explication avec les intéressé.e.s, qui devrait par priorité avoir lieu avec les jeunes gens de leur génération. Ceux-ci pourraient témoigner qu’en défendant la vie ils n’éprouvent aucun sentiment de haine mais veulent transmettre la Bonne Nouvelle, celle qui guérit les blessures et répand la joie dans les cœurs.  image001.png
—  P.S. : À ceux qui s’étonneraient de l’emploi de l’écriture inclusive dans ce texte il convient de faire savoir que c’est le mode familier d’expression du MRJC.