Comme chaque année, les interventions du Pape à l’occasion de Noël sont largement répercutées, y compris par des moyens d’information qui ne sont pas toujours bienveillants à l’égard de l’Église. C’est un fait : la voix du successeur de Pierre porte singulièrement, parce qu’elle est celle d’une autorité spirituelle, qui n’a guère d’équivalent dans le monde. Même le secrétaire général des Nations unies n’est pas entendu de la même façon et avec la même intensité. Il doit bien y avoir des raison à cette singularité. La popularité actuelle de François, sensible dans les sondages et à la façon dont il est suivi sur le réseau social Twitter, ne suffit pas à tout expliquer. Il est d’abord le Pape, l’évêque de Rome, et c’est en vertu de sa mission propre qu’il s’exprime. Une mission qui le rend indépendant de toute autorité séculière.
Le philosophe polonais Leszek Kolakowski, qui avait lui-même accompli un itinéraire intellectuel et spirituel depuis son origine communiste, insistait sur la spécificité sacramentelle de la papauté, en vertu de la succession apostolique et de la nature du sacerdoce catholique. Ces deux caractéristiques lui conféraient une auctoritas qu’aucune instance politique, même internationale, même à visée universaliste, ne pouvait atteindre. On opposera à cela les défaillances de l’Église et celles propres à la papauté qui ont été exposées ces dernières années et ont cruellement blessé l’institution. On se souvient ainsi de la lettre pathétique de Benoît XVI aux catholiques irlandais. Mais cela ne parvient pas à déligitimer, même aux yeux des non-chrétiens et des non-croyants, l’homme qui parle pour défendre les biens les plus fondamentaux de l’humanité.
Le pape François s’est distingué, depuis le début de son pontificat, par sa défense des plus pauvres, des plus démunis, des plus délaissés. Encore le jour de Noël, il a pris la défense « des millions de personnes qui ne choisissent pas de s’en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre ». Ainsi est-il la voix des sans-voix, à l’heure où les opinions publiques sont braquées contre des mouvements migratoires, redoutés pour leurs ampleurs et leurs effets. C’est bien le signe de l’indépendance d’une autorité qui s’exprime en vertu de sa seule finalité, indéfectiblement humaine et surnaturelle.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 décembre 2017.
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