« Faire des réformes à Rome, c’est comme nettoyer le Sphinx d’Egypte avec une brosse à dents » : ce mot du Pape François semble bien exprimer une certaine lassitude devant les lenteurs proverbiales de la Curie romaine, cette administration centrale du Vatican. C’est à la veille de Noël que le Souverain Pontife a adressé de nouveaux reproches aux responsables de la Curie censés travailler depuis quatre ans sans réticence à la réforme de leur organisme, en particulier certains cardinaux. Parmi eux, des prélats qui l’ont critiqué publiquement pour diverses raisons.
En décembre 2014, le Pape avait déjà diagnostiqué sans ménagements une quinzaine de maladies sévissant au sein de la Curie… Notamment un « Alzheimer spirituel », une « pétrification mentale », un redoutable immobilisme et une tendance au « profit mondain »… Cette fois-ci, avec l’image du nettoyage du sphinx avec une brosse à dents, le Pape recourt à un humour grinçant qui fait mouche : héritée dit-on d’un prélat belge du… XIXème siècle, cette formule éloquente laisse songeur, même si elle évoque des problèmes récurrents. Cependant, l’irritation n’était pas absente de l’exhortation de François : dans un contexte de tensions internes, il a évoqué aussi « ceux qui trahissent la confiance », là où il comptait sur une « communion d’obéissance filiale ». Et il a dénoncé une « logique déséquilibrée et dégénérée des complots et des petits cercles », y voyant « un cancer » rongeant le cerveau de l’Eglise.
Le jour de Noël, parlant alors Urbi et Orbi, le Pape François a mis en garde avec gravité contre les « vents de guerre » qui font peser sur le monde des menaces souvent mortelles, de Jérusalem à la Corée du Nord. Mais au sein du Vatican, la paix des âmes paraît difficile à maintenir en ces temps troublés…