Il y a quelque chose de déconcertant dans l’alliance LGBT (Lesbiennes-Gays-Bisexuels-Transgenres) : pourquoi le T est-il si intimement raccordé avec LGB ? Pourquoi les LGB se déchaînent-ils contre l’injustice lorsque les T ne sont pas autorisés à utiliser les toilettes de leur choix ou ne peuvent pas servir dans les armées ?
Il est facile de comprendre pourquoi des gens qui appartiennent à une catégorie de personnes homosexuelles (gays, lesbiennes ou bisexuels) sont contrariées lorsque la discrimination est dirigée contre une autre catégorie d’homosexuels. Après tout, toutes les trois sont dans le même bateau homosexuel, même si les bisexuels préfèrent parfois voyager dans celui des hétérosexuels.
Mais une personne transgenre n’est pas homosexuelle, du moins ne l’est pas nécessairement ; et de toute façon, ce n’est pas son orientation sexuelle qui la qualifie comme transgenre. Donc, pourquoi une personne homosexuelle se sent elle personnellement offensée lorsqu’une personne transgenre est bannie de certaines toilettes et douches, ou est virée de l’armée ou de la marine ?
Pourquoi les LGB se sentent-ils si proches des T ? Leur alliance est-elle seulement une question de commodité politique, un peu comme les LGB ont des alliances politiques avec les « Black Live Matters- 1 », les féministes, les écologistes ou les partisans du contrôle des armes ?
Non, c’est plus profond que ça. La personne trans est ressentie comme une des leurs. Mais pourquoi ?
Si la révolution sexuelle, dont le mouvement pour les droits gays a été un artisan majeur, fut le grand mouvement anti-christianisme pendant environ le dernier demi-siècle (et ce fut bien le cas), il y a un autre grand mouvement anti-christianisme qui s’est mis en place. Ce second mouvement est un mouvement anti-nature, un mouvement qui promeut l’idée que les choses qui ont été considérées comme contre nature depuis des temps immémoriaux devraient maintenant être considérés comme tout à fait inattaquables.
Depuis maintenant quelque temps, ces rejets de la nature sont célébrés, ou au moins tolérés, à la télévision, au cinéma, dans les classes, dans les assemblées législatives et dans les tribunaux. De quoi s’agit-il en particulier ?
1. Homosexualité. On l’appelait « le vice contre-nature ». À présent, selon les maîtres de notre culture populaire, c’est une forme d’amour parfaitement respectable.
2. Abandon d’enfant. On pensait que seul un parent dénaturé abandonnerait ses enfants, le lien parent-enfant étant le plus fondamental de tous les liens humains. Mais depuis maintenant des décennies, la société américaine a permis à des pères (mais pas encore à des mères) d’engendrer des enfants puis de les abandonner.
3. Mutilation corporelle. Si vous passez beaucoup de temps parmi les jeunes (comme je le fais en tant que professeur d’université), vous observerez cette mode relativement récente qui consiste à se faire des trous de la taille d’une pièce de cinq ou de vingt centimes dans les lobes d’oreilles, les joues, ou ailleurs. C’est là de la mutilation de seconde zone. Les partisans les plus avancés de la mutilation (Dieu merci, je n’en ai pas croisé dans ma faculté) vont plus loin et défendent l’amputation de doigts, de mains, de membres, soit comme un moyen d’être « différent », soit comme une manière d’entretenir la solidarité avec les personnes handicapées (capables autrement).
4. Suicide. Le suicide était naguère considéré comme la chose la plus contre-nature qui soit au monde. Que pourrait-il y avoir de plus contre-nature que de renoncer à la vie elle-même ? Le plus fondamental de tous les biens naturels ? Mais maintenant, le suicide ou l’euthanasie volontaire est considéré par de vrais « progressistes » comme une bonne chose.
Sans doute, ils ne considèrent pas que tous les suicides soient bons. Il est bon que le suicide ou l’euthanasie soit choisi par les personnes très âgées qui sont à présent (prétendument) incapables de jouir vraiment de la vie, ou par des malades en phase terminale qui souhaitent raccourcir leur vie de quelques semaines ou de quelques mois, ou par des gens dont la vie comporte des souffrances physiques ou mentales particulièrement sévères, ou par des gens mûrs (mais pas nécessairement âgés) qui trouvent désormais la vie ennuyeuse. Mais ce n’est pas bon (pas encore, mais restez à l’écoute) si une jeune fille de dix-sept ans se suicide parce que son petit ami l’a laissé tomber.
5. Le fait transgenre. Dans les autres cas de la liste, la nature nous donne de solides indications sur la manière de procéder – par exemple : « n’avoir de relations sexuelles qu’avec des personnes de l’autre sexe », « n’abandonnez pas vos enfants », « ne mutilez pas votre corps » et « ne vous tuez pas ». Mais dans le cas de l’identité sexuelle ou de genre, ce que nous donne la nature est plus qu’une indication. On avait coutume de penser que la question de savoir si un nouveau-né était un garçon ou une fille trouvait sa réponse en jetant un rapide coup d’œil sur les organes génitaux du bébé. On nous dit maintenant que la réponse à la question ne devrait pas être donnée par d’autres personnes (docteurs, infirmières, pères, mères) qui « assignent » un genre à l’enfant.
Non, la réponse devrait être donnée par l’enfant lui-même, lorsqu’il est assez grand pour se faire sa propre opinion. Naguère, le docteur disait à la mère : « Félicitations, c’est un garçon. » ou « Félicitations, c’est une fille. »
Aujourd’hui, un docteur vraiment à la page va dire : « Félicitations, c’est un bébé humain d’une certaine sorte, mais bien sûr, nous ne saurons pas vraiment laquelle tant que l’enfant ne sera pas assez grand pour en décider par lui-même. »
On avait l’habitude de penser que la nature était une création de Dieu et que Dieu, s’exprimant au travers de la nature, nous avait donné quelques solides indications sur la manière de nous conduire (ces indications qui sont souvent appelées « loi naturelle »). En rejetant ces indications, ce qui est ce que fait aujourd’hui la philosophie populaire, nous rejetons la nature ; et en rejetant la nature, nous rejetons Dieu.
Ainsi, si vous vous demandez pourquoi le mouvement homosexuel est si intimement connecté avec le mouvement transgenre, la réponse est : parce que tous deux font partie du mouvement anti-nature.
Ceci nous permet d’apprécier à quel point le mouvement homosexuel est particulièrement dangereux pour le catholicisme. Il se trouve à l’intersection de la révolution sexuelle et du mouvement anti-nature. En tant que partie de la révolution sexuelle, il est contre le christianisme. Et en tant que partie du mouvement anti-nature, il est anti-Dieu. Il s’agit donc d’une double menace vis-à-vis du catholicisme.
Pourtant, il y a des catholiques qui croient que nous avons besoin de « construire un pont » vers ce mouvement.
https://www.thecatholicthing.org/2017/11/03/the-oddity-of-the-lgbt-alliance/
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David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island, et l’auteur de The Decline and Fall of the Catholic Church in America (« Le déclin et la chute de l’Église catholique en Amérique”).