Ce lundi 18 décembre est journée internationale des migrants. Il n’est pas utile de préciser l’importance du sujet, aussi bien pour la France, l’Europe que l’ensemble du monde. Il se trouve que pour nous, cette journée s’insère dans un climat particulièrement tendu, souligné par la presse et la mauvaise humeur des organisations dévolues au soutien des personnes déplacées, qu’elles se réclament ou non du droit d’asile. Est-il vrai que la politique gouvernementale se signale par une pratique dure du tri et de l’expulsion, comme le proclame un communiqué rédigé par des bénévoles parisiens ? « À Paris comme à Calais, à la Roya, à Briançon et ailleurs, les personnes exilées à la rue sont maltraitées et harcelées. » On les empêcherait « de manger, de dormir, de se laver et d’avoir accès à des toilettes ».
L’éditorialiste du Monde donne quelques précisions : « À Calais, la police n’hésite pas, dans la froidure de l’hiver, à jeter les couvertures des 700 exilés et à détruire les abris de fortune. À Paris, les toiles de tente des 800 migrants vivant dans les rues ont été lacérées. Le but est d’empêcher la reconstitution de campements. » Le même éditorialiste met en cause l’honneur de la France et le contraste de ces pratiques avec les engagements du candidat Emmanuel Macron. Il est prévisible que la tension va encore augmenter autour de la discussion de la réforme préparée par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sur l’accueil des réfugiés et la reconduite aux frontières des clandestins.
Mais cela fait des années que l’on débat de cette question. En 1989, le Premier ministre Michel Rocard avait prononcé sa formule fameuse : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » Il avait toutefois ajouté qu’elle devait en prendre sa juste part. Comment évaluer cette juste part ? Comment respecter rigoureusement le droit d’asile qui est inaliénable, dès lors qu’il y a menace mortelle sur le sort de ceux qui nous demandent aide et protection ? Comment concilier générosité et responsabilité ? Comment envisager l’avenir de l’immigration dans une France inquiète pour son avenir, déstabilisée par l’insécurité culturelle et certains effets délétères de l’économie mondialisée ? La réponse n’est pas simple, et la tâche des gouvernants singulièrement délicate. Mais il y a tout de même une exigence minimum de respect à l’égard des pauvres gens qui sont chez nous et que nous n’avons pas le droit de maltraiter.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 décembre 2017.