Il y a huit jours, j’abordais – dirais-je imprudemment ? – la question du referendum en Catalogne, en vue de l’indépendance de cette région. Je dis imprudemment, parce que, n’ayant pas une connaissance directe du problème, j’en étais réduit à des considérations un peu générales. Depuis lors, nous nous sommes aperçus que l’éventuelle indépendance de la Catalogne nous entraînait vers des conséquences très graves. Les indépendantistes ont donné le sentiment de dominer la situation, avec une adhésion populaire massive, mais la réplique est venue hier avec la contre-manifestation de Barcelone. Il y avait eu, entretemps, la très ferme déclaration du roi d’Espagne, qui montrait bien comment le pays était touché dans sa chair vive. Et nous sommes, de toute évidence, à la veille d’une épreuve de force.
Si les séparatistes prononcent, dans les jours qui viennent, une déclaration d’indépendance unilatérale, la réaction de Madrid sera immédiate. Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a déclaré que la constitution l’autorisait à suspendre l’autonomie de la Catalogne. Le pouvoir central pourrait ainsi administrer directement la région, abolissant l’autorité locale. On peut craindre alors des affrontements directs, et certains évoquent même le précédent de la guerre civile. Dès lors, on ne peut que formuler tous les vœux pour un règlement pacifique du conflit. C’est ce que réclamaient, ces jours-ci, beaucoup de manifestants, qui suppliaient que l’on se parle entre parties adverses.
Un ami rencontré hier matin, originaire de la Catalogne, me donnait une idée de l’état de tension où vivent les habitants, dans un climat souvent très idéologique, et même sous la menace de représailles pour qui n’accepte pas la ligne séparatiste. Un tel témoignage direct n’a fait qu’accroître ma perplexité et ma crainte. C’est une grande erreur de croire que les cadres nationaux sont dépassés à l’heure de l’Europe et de la mondialisation. Notre équilibre politique est à la merci d’une crise qui peut ébranler toutes les structures de notre continent.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 octobre 2017.
Pour aller plus loin :
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