Quand il faut prendre l'épée - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Quand il faut prendre l’épée

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Seize ans après les attentats du 11 septembre, il est probable que « l’excuse » des croisades considéré comme un facteur motivant la violence d’al-Qaida et des autres groupes terroristes islamistes n’est plus aussi plausible.

Evidemment, les islamofascistes peuvent bien affirmer que ces événements datant de plus de 900 ans sont encore gravés dans la conscience des musulmans, mais cela ne prouve rien. Oussama ben Laden s’est référé aux croisades, comme, sans aucun doute, Abu Bakr al-Baghdadi, un des chefs de Daech. Mais la vérité c’est qu’ils détestent l’Occident parce que leur interprétation de l’islam leur impose de haïr les infidèles et de leur faire la guerre : autrefois, maintenant et toujours. C’est la seule « cause fondamentale » qui importe.

En tout cas, la plupart d’entre nous n’auront jamais l’occasion de débattre avec un terroriste sur ce sujet. En fait, nous risquons bien davantage d’affronter des gauchistes pro-djihadistes à propos des croisades et de leur impact, et c’est ce qui rend si précieux le petit manuel de Thomas F. Madden.

The Crusades Controversy : Setting the Record Straight est un brûlot de cinquante pages contre les invariables stupidités et demi-vérités de ceux qui croient, selon les termes du professeur Madden, que les croisades sont « le condensé de l’intolérance et du pharisaïsme, une tache noire sur l’histoire de l’Eglise catholique en particulier et de la civilisation occidentale en général ».

En réalité, les croisades étaient « une riposte à plus de quatre siècles de conquêtes grâce auxquelles les musulmans s’étaient emparés des deux tiers du vieux monde chrétien ». Les armées qui partirent par voie de terre et de mer d’Europe occidentale vers l’Empire byzantin et la Terre sainte répondaient aux plaintes des chrétiens d’Orient demandant qu’on les sauve de la religion belliqueuse de Mahomet.

Les guerriers chrétiens convoqués par le pape Urbain II au Concile de Clermont en 1095 n’étaient pas un ramassis de « va-nu-pieds et de bons à rien » à l’affût d’une bataille quelconque et de rapines. C’était un échantillon de la société européenne qui comprenait un grand nombre des hommes les plus riches et les plus puissants d’Europe, dont beaucoup perdirent leur fortune (et leur vie) dans la lutte menée pour libérer le berceau du christianisme qui avait été établi non pas par l’épée, mais par de paisibles conversions un demi-millénaire avant l’apparition de l’islam.

Le successeur d’Urbain II, le pape Innocent III, s’adressa ainsi aux croisés :
« Comment un homme peut-il, selon le divin précepte, aimer son prochain comme lui-même si, sachant que ses frères chrétiens dans la foi sont maintenus dans une stricte détention par les perfides musulmans et accablés par le joug de la plus lourde servitude, il ne se consacre pas à la tâche de leur libération ? »

Jérusalem était tombé au pouvoir de l’islam plus de quatre cents ans avant la libération de la ville par les croisés en 1099. Mais comme Innocent III le laisse entendre, la reconquête n’avait qu’en partie pour but de redonner le pouvoir aux chrétiens dans le berceau de la foi. Le voyage et les batailles des chrétiens leur promettaient aussi la libération du fardeau du péché : une indulgence leur ouvrant le chemin du ciel.

Madden écrit :

Les croisés étaient des pécheurs. Ils entreprenaient les croisades non seulement pour défendre leur monde, mais aussi pour expier leurs péchés. De par leur profession même, les guerriers mettaient leurs âmes en danger. La croisade était pour eux un moyen de sauver ces âmes.

En tout cas, leur triomphe à Jérusalem, qui électrisa l’Europe, fut de courte durée. En 1291, Saint-Jean-d’Acre (la dernière forteresse chrétienne au Moyen-Orient) était tombé, et les « croisades » des siècles suivants furent des campagnes défensives, la dernière d’entre elles étant la bataille du siège de Vienne en 1529.

Mais les croisades ne se terminèrent pas parce qu’une « bataille définitive » contre l’islam avait été gagnée (il devait y avoir un autre siège de Vienne en 1683), mais parce que l’essor des Etats-nations, la corruption de l’Eglise et la naissance du protestantisme avaient affaibli la volonté de les poursuivre.

Au sein de l’Europe de nouvelles idées étaient en gestation… Issues d’une alliance de foi, de raison, d’individualisme et d’esprit d’entreprise, ces idées entraînèrent un rapide développement de l’expérimentation scientifique et de ses applications pratiques. Au dix-septième siècle, l’Europe enregistra une croissance exponentielle de sa richesse et de son pouvoir. Les Européens entraient dans une ère nouvelle et sans précédent.

Dans le monde islamique, bien sûr, cette progression fut freinée.

Depuis le dix-huitième siècle, la réputation des croisades a connu une espèce d’évolution en dents de scie, les creux étant plus fréquents que les pics. Pour atteindre, selon moi, son point le plus bas le jour où, après le 11 septembre, Bill Clinton déclara dans un discours que, lors de la libération de Jérusalem en 1099, des juifs furent brûlés vifs dans une synagogue et des musulmans (hommes, femmes et enfants) égorgés sur la colline du Temple – les croisés baignant dans le sang jusqu’aux genoux.

Autant de mensonges.

Mais pis encore, les musulmans n’eurent en général aucune connaissance du déroulement des croisades jusqu’après la fin de la première guerre mondiale.

La première histoire des croisades en arabe ne parut qu’en 1899, ce qui rend la « longue mémoire » que les musulmans auraient gardée des croisades à peu près aussi longue que leur mémoire du jazz. Tout ce que les musulmans modernes savent à partir de Saladin et de 1099 jusqu’aux sièges de Vienne leur vient surtout des histoires coloniales européennes du XXe siècle.

C’est à cet impérialisme colonial que les musulmans actuels ont réagi si violemment. A savoir : « Cette réaction devint particulièrement marquée après la création de l’Etat d’Israël qui, selon les Arabes, était un nouveau royaume des croisés. Le fait qu’Israël était un Etat juif leur importait nullement ».

A la fin :

Ce ne sont pas les croisades qui ont entraîné les attentats du 11 septembre, mais une mémoire artificielle des croisades élaborée par les puissances coloniales modernes et transmise par les nationalistes arabes et les islamistes. Cette nouvelle mémoire prive les expéditions médiévales de tout leur contexte temporel, en les affublant par contre des guenilles de l’impérialisme du XIXe siècle.

En d’autres termes, c’est le siècle des Lumières, à l’origine de la Gauche moderne, qui est aussi la source de la rage islamiste actuelle contre les croisades. Al-Qaida et Daech donnent corps à un fantasme anti-chrétien occidental qui n’est même pas de leur cru.

Bien sûr, les attentats islamistes s’inspirent également d’autres motivations. La soumission du monde entier est l’une des plus fortes.

Lundi 2 octobre 2017

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Photographie : The Crusades Controversy : Setting the Record Straight [La controverse sur les croisades : essai de rectification] de Thomas F. Madden.

Brad Miner est un des principaux rédacteurs de The Catholic Thing, membre supérieur du Faith&Reason Institute et membre du conseil d’administration d’Aid to the Church in Need USA. Il est l’auteur de six ouvrages et un ancien rédacteur littéraire de National Review. Son dernier ouvrage, Sons of Saint Patrick, écrit en collaboration avec George J. Marlin, est à présent en vente. The Compleat Gentleman existe en audiolivre en en iPhone app.