Depuis 1998, un groupe de travail s’est constitué au sein du Conseil épiscopal pour l’Unité des chrétiens, sous la dénomination de « conversations catholiques-évangéliques ». Un ouvrage vient d’être publié d’ailleurs en commun – Évangéliser aujourd’hui 1 – qui témoigne du chemin parcouru, en dépit de réelles difficultés doctrinales. Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, résume d’une formule ces difficultés : « La grande question qui nous sépare est d’ordre ecclésiologique : le rôle et la place de l’Église, l’autorité dans l’Église ou les ministères dans l’Église… Toutes ces questions constituent des obstacles même si nous nous accordons sur certains points : la mort et la résurrection, la conversion et l’accueil de l’Évangile. » Le nécessaire dialogue avec les évangéliques est rendu plus urgent en raison de leur expansion dans le monde, mais aussi en France, où ils sont parvenus à transformer le protestantisme, du fait de leur dynamisme missionnaire
Il est vrai aussi que l’évangélisme pose de réels problèmes à l’Église catholique en général, eu égard à la dimension qu’il a pris ces dernières décennies et qui lui confère parfois un rôle civilisationnel décisif. Celui-ci n’a pas échappé à la sagacité de Régis Debray, qui l’associe au leadership américain sur la planète : « Nous découvrons avec la mondialisation le businessman du Salut, le VRP de la Bible, le télévangéliste qui parle en langues, soit l’exposant extatique d’une Promesse planétaire dont le comité directeur est dans la Silicon Valley, les fidèles dans les cinq continents et les règles d’utilisation au bout des doigts de chaque internaute 2. » Est-il vrai que face au défi, l’Église romaine elle-même « pour se mettre en phase avec les vents porteurs, a dû huiler ses rouages post-tridentins » ? Régis Debray met en avant certains aspects de l’aggiornamento de Vatican II. On peut discuter certains de ses arguments, mais il ne fait pas de doute que la confrontation avec un tel phénomène était inévitable et pose des questions nouvelles qu’il faudra bien résoudre, ne serait-ce que dans le cadre des rencontres missionnaires qui ont lieu régulièrement entre catholiques et évangéliques.
Une confrontation n’est pas nécessairement négative, elle peut susciter des initiatives, des approfondissements doctrinaux, une revitalisation des esprits et des cœurs, d’autant que les influences sont réciproques et non unilatérales. L’œcuménisme peut y trouver un nouveau souffle. Ce peut être une des grâces d’aujourd’hui.
- Groupe national de conversations catholiques-évangéliques, Évangéliser aujourd’hui. Des catholiques et des évangéliques s’interpellent, Salvator – Excelsis.
- Régis Debray, Le nouveau pouvoir, Médium – Éditions du Cerf.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010