Après les vents, les pluies, les inondations, viennent les pillards. Les plus entreprenants arrivent avant que la tempête ne soit terminée. Ils viennent aussi avec un bon tremblement de terre, un bon incendie, une bonne émeute ; n’importe quoi de bon comme cela. Après une bonne « fracture et rafle », et jusqu’à ce que la brèche soit fermée, ils peuvent continuer à passer par le trou.
Dans l’esprit du pillard, il y a des objets gratuits à l’intérieur. « Cueille les boutons de rose pendant que tu le peux. »
Des objets gratuits, cela signifie tout ce qui n’est pas surveillé. « Si je ne le prends pas, d’autres le prendront » ; pour le pillard, c’est l’équivalent d’un argument moral. Dans son cœur, il ne le croit probablement qu’à moitié. L’homme, libéré de contraintes artificielles, dans les complexités de l’ordre social et religieux, raisonne comme n’importe quel animal le ferait. Nous pourrions dire que la catastrophe nous ramène à la nature.
Les journalistes travaillent selon le même principe. Au cours de ma carrière manquée dans cette profession, j’ai été confronté à plusieurs reprises à la tentation. Je tombais sur quelque chose qui n’avait pas besoin d’être reportée ; une « nouvelle » qui ne pouvait faire de bien à personne. Pas un grand scandale, peut-être, mais une possibilité dans l’esprit journalistique. Une fenêtre avait été laissée ouverte quelque part sur les sales petits secrets de quelqu’un. Appelle les flics et perds le scoop ? Ou appelle le bureau de la ville et garde-le ? On veut être « le premier avec la nouvelle. »
Car les saletés se vendent, comme les biens volés. Les gens achètent et ne demandent pas d’où cela provient. J’en suis venu à associer le journalisme avec le pillage.
Y compris les nouvelles de pillage. Que gagne-t-on par ces rapports ? Certains arguments pourraient être faits de l’état de la nature : si je ne le prends pas, mon rival le fera. La nouvelle elle-même dégrade tous ceux qu’elle touche.
Ou bien, il y a un « besoin de savoir » public. Les gens ont besoin de savoir qu’ils doivent surveiller leurs biens. Les voleurs se présentent comme des « chiens de garde » dans ce but. Oua-oua, oua-oua.
Et pourtant, les gens « le savions déjà. »
La première fois que j’ai entendu cette phrase délicieusement non grammaticale, c’était des lèvres d’une très jeune fille rencontrée dans des circonstances improbables dans ma période d’auto-stop, il y a de nombreuses années dans l’état de Géorgie. Elle était parvenue à Atlanta depuis la côte de l’ouragan. Un peu trop mignonne, un peu trop simple à mon avis – et maintenant sur la route. J’ai supposé que c’était une fugueuse. J’ai pensé à une petite sœur chez moi et qu’il fallait faire quelque chose parce qu’elle était évidemment en danger.
Je me souviens d’avoir dit : « Les hommes sont des loups, » parmi d’autres apothegmes pittoresques.
A quoi, elle a répondu : « Je savions ça déjà. »
« Prends cet argent, saute dans le car, et rentre chez toi. »
Hélas, elle a pris l’argent, mais pas le car. Et l’a fait comprendre.
Le criminel et le saint fonctionnent avec le même carburant. Du Texas nous voyons des images de grands hommes forts emportant des femmes et des bébés vers la sécurité à travers les inondations. Une grande légende en caractères gras indique « Masculinité toxique. »
Et oui, cela traduit une vérité – la moitié d’une grande vérité. Fais un homme d’un garçon et il saura ce qu’il doit faire en cas d’urgence. Il n’aura pas même besoin de réfléchir. Il doit défendre ceux qui sont sans défense, accepter le danger et risquer sa vie.
Alternativement, il pourrait prendre des objets gratuits pendant qu’ils sont là à sa disposition.
On pense à Jonathan Swift et à sa tentative contre l’abolition du christianisme. Il a présenté « Un argument pour prouver que l’abolition du christianisme en Angleterre pourrait, comme les choses se présentent maintenant, être accompagnée par des inconvénients et peut-être ne pas produire les nombreux effets positifs proposés.
De la date de publication (1708), nous pouvons voir que la modernité n’est pas très nouvelle. Et elle n’a jamais été confinée à l’Angleterre non plus. L’abolition du christianisme en Amérique, par exemple, a fait une différence perceptible. Pour la grande majorité aujourd’hui, Dieu pourrait aussi bien être Puff le dragon magique. Il n’est ni la source de la loi morale, ni son défenseur final. Les caméras de sécurité peuvent compter, mais Dieu n’est pas censé surveiller.
Souvent même les chrétiens entièrement catéchisés agissent comme s’ils ne croyaient pas. Car l’homme qui succombe à une terrible tentation joue l’athée pour ce jour. Il peut se croire chrétien les autres jours, quand il n’y a pas de tentations importantes. Mais il se trompe. Car Dieu le REGARDE.
Et, pour être parfaitement pratique, grâce aux progrès effrayants de la technologie, même votre réfrigérateur pourrait bien vous observer aussi.
Tout de même, comme un animal, vous prenez des risques. Et si vous êtes attrapé, blâmez la vidéo, pas vous-même. Le loup blâme le piège, pas sa propre inattention.
La « dé-moralisation » (dans l’ancien sens, je l’ai écrit avec un trait d’union) est une chose stupéfiante. On devient idiot ; on est facilement attrapé. L’intelligence élémentaire s’est perdue avec notre héritage chrétien. Nous ne sommes pas seulement mauvais – tous les humains sont mauvais – nous ne « savons plus ce qui est bon ».
Cette petite fille en Géorgie, à laquelle je pense de temps en temps : elle « savions ça », mais en fait ne « savions » rien. Ce qu’elle a appris ne viendrait que d’une expérience humaine brute ; et elle ne le retiendrait pas parce que, selon mes souvenirs, elle n’avait pas de structure morale.
On ne peut pas se passer d’instruction morale, bien qu’elle soit peut-être ennuyeuse. Sans structure, sans architecture morale réfléchie, il n’y a pas de place où mettre les fruits de l’expérience. Elle doit être enseignée par prescription ainsi que par l’exemple.
Appelez ceci religion, car c’est ce que c’est, que la religion soit catholique ou « autre ». (Et cela fait une grande différence aussi.)
En l’absence d’une formation imposée, cette petite fille était devenue une victime ambulante, prête à être exploitée ; mais elle était aussi une délinquante ambulante. Voleuse, par exemple, prête à se servir de sa propre apparence innocente. Prostituée peut-être, dans quelques semaines. Et pillarde certainement, si on lui donnait la moitié d’une occasion
Créature sauvage qui « savions » à la manière d’un animal ; qui prend ou est pris.
C’était une sorte d’anomalie à cette époque-là. Mais ces jours-ci, elle représente la jeune fille typique diplômée de nos écoles publiques. Et bientôt, peut-être, nous pourrons dire que nous sommes tous des pillards maintenant.
Vendredi 15 septembre 2017
Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/09/15/back-to-nature-2/
Image : Masculinité toxique