La liturgie et la vie. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La liturgie et la vie.

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Le mot « Liturgie » vient du Grec leitourgas (Λειτουργας) « une personne qui effectue une tâche ublique ». Dans l’usage catholique le mot « liturgie » s’applique à un ensemble de pratiques et rites religieux communs, essentiellement la Messe. On pourrait la définir comme « œuvre de Dieu ». Mais le mot « liturgie » au sens large du terme semble s’employer dans les diverses activités humaines. En pratique, les actes liturgiques sont simplement pris tels-quels, sans plus, en raison de leur simple but liturgique, sans les détailler.

Un exemple : le mois d’Août est aux États-Unis le début de l’ « année sportive ». Les rencontres préliminaires sont un simple préalable à la saison proprement dite débutant en Septembre. Ces rites sont familiers. Les spectateurs envahissent les stades, chantent l’hymne national et se consacrent au spectacle de la rencontre. Les évènements dominants sont les grands matchs, avec en tête la solennité du « Super Bowl » [Finale du championnat de foot-ball américain]. Mais on ne qualifie pas de « liturgie » la saison de la Ligue Nationale et ses rites (par exemple le baiser sur le « Trophée Lombardi »). On va simplement au spectacle.

Un autre exemple, « Liturgie » militaire : défilés en musique pour la relève de la garde, en grand uniforme, avec véhicules, armement et salves d’honneur. Là encore, on ne songe guère à de la « liturgie ». Mais on éprove un sentiment de patriotisme, de fierté nationale, en admirant la discipline et le courage de nos soldats et la puissance de leurs équipements, à eux « un grand merci », l’acclamation est devenue de nos jours un acte d’encouragement militaro-liturgique.

Les liturgies laiques ont bien des points communs avec la liturgie religieuse — « l’encens » des effets pyrotechniques lors de concerts de rock a des relents « liturgiques ». Tout comme les églises, les stades et salles de concert incitent les foules à un comportement « rituel » lors de leurs « célébrations ».

La liturgie laïque, comme la liturgie religieuse, est contrôlée par l’attachement aux rites. Mais il y faut quelques règles élémentaires. Dépourvues de sensibilité religieuse, nos tendances liturgiques innées deviennent vite rigoureuses, hors de proportion, parfois même destructrices. Il ne faudrait pas sous-estimer l’importance des risques de débordements dans un cadre culturel de foi et de pratiques liturgiques religieuses.

Les émeutes à la sortie des matchs de foot-ball en Afrique du Sud, les célébrations alcoolisées de victoires sportives, les débauches lors de concerts de rock révèlent les conséquences de l’absence de religion dans une liturgie. Les rites militaires eux-mêmes isolés de la religion tournent mal (Sieg Heil). Foi et liturgie religieuse étant écartées, le vide liturgique est vite comblé par des formes « liturgiques » dangereuses.

La raison d’être de la plupart des (bénignes) liturgies laïques est de proposer une distraction en commun, ou d’exalter la puissance et la gloire des armées de la Nation. Les liturgies laïques ne sont nullement au service de Dieu, mais au service de l’homme.

Par contre, la liturgie sacrée a pour but le culte — le moyen d’entrer en union avec le Dieu vivant. Les ajouts rituels et symboliques (comme la musique sacrée) doivent être agréables, plaisants, car la beauté et notre soumission à la volonté divine doivent concourir à la gloire de Dieu.

Plongés dans la liturgie nous devenons moins conscients des pratiques liturgiques en tant que telles. Tout comme les amateurs de foot-ball ne sentent guère leur liturgie laïque, il se peut qu’un catholique dévot (tels des Saints comme Padre Pio ou S.S. Jean-Paul II) « s’évade » de la Messe en une prière authentique et une dévotion d’union avec le Christ et Son Corps Mystique.

On court des risques quand la liturgie devient familière. La familiarité devenant paresseuse peut induire une lassitude, et engendrer une demande de liturgies « animées » — excitation + distraction. Une telle attente personnelle dénote une rupture dans la compréhension du but véritable du culte divin, « rendre à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc, 12:17).

La liturgie sacrée ne concurrence nullement le côté distrayant des liturgies laïques. Il est pratiquement impossible à la liturgie sacrée de dépasser l’excitation suscitée par un match de foot-ball, ou un concert de rock, ou un défilé militaire — ni même la prostitution religieuse dans les temples de la Grèce antique (Rien de nouveau sous le soleil).

Le rituel de la relève de la garde sur la Tombe du Soldat Inconnu est instructif car honorant ceux qui se sont sacrifiés au cours des batailles. « Nul n’a plus grand amour que celui de déposer sa vie pour ses amis. » (Jn, 15:13). Liturgie laïque qui se rapproche bien de la liturgie catholique. On n’attend guère l’ajout de pratiques rituelles comme, par exemple, l’insertion d’airs populaires à l’acte solennel.

Il devrait donc être évident que les fidèles s’abstiennent de demander à leurs pasteurs (ou les pasteurs à leurs fidèles) de « jazzéifier » la Messe— qui est une représentation de la Croix et de la Résurrection — avec toutes ces musiquettes malvenues, lassantes postconciliaires, pseudo-religieuses et bien laïques. Même les catholiques « conservateurs » doivent se méfier, une « belle musique » de quelque style qu’elle soit, risque d’avoir pour effet corrosif de distraire plutôt qu’aider à la prière.

Une Messe ne devrait être « entraînante » que dans la mesure où la célébration aide nos âmes à entrer en union intime avec le Christ et Son Corps Mystique.
La liturgie et le rituel ont un rôle d’instruction et de transformation. Alors qu’on peut tirer profit en voyant la messe sous son aspect académique, on tirera un bien plus grand profit en suivant la Messe avec une foi vivante orientée et engagée par les mots et l’action. Notre transformation dans le Christ par la liturgie n’a rien de magique, elle touche graduellement, mystiquement, nos esprits, nos cœurs, nos émotions.

Voilà qui explique l’importance du Troisième Commandement pour le jour du Seigneur. Assister à la messe chaque semaine est non seulement nécessaire sous peine de péché mortel (sauf circonstances donnant une excuse valable), c’est aussi indispensable pour persévérer dans notre cheminement vers le Christ.

La liturgie peut avoir des effets sanctifiants visibles sur les fidèles. Interrogez un prêtre ayant assisté un paroissien apparemment inconscient, qui tentait de faire le Signe de Croix, et dont les lèvres desséchées tremblaient pendant la récitation du Notre Père. Tout comme la liturgie convenablement suivie, c’est merveilleux – splendide.

20 août 2017

N.d.T. : texte français des citations bibliques tiré de la Bible de Jérusalem.

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Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/08/20/liturgy-and-life/

Le miracle de la Messe, par Simone Martini – vers 1315 – Chapelle San Martino, Assise.