En quoi sommes-nous Catholiques ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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En quoi sommes-nous Catholiques ?

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Nous plaçant hors de toutes autres religions, l’Eucharistie est notre base catholique. Il est bien connu que le conflit majeur lors de la Réforme protestante au XVIème siécle était centré sur l’Eucharistie. Était-ce un sacrifice ? Était-ce en vérité et en substance le Corps et le Sang du Christ ? L’Église Catholique répondait d’un retentissant « OUI ». L’Eucharistie crée l’Église [Lumen Gentium], guide l’interprétation des Écritures [Dei Verbum], et trace pour les catholiques le chemin de vie dans le monde [Gaudium et Spes]. L’Eucharistie marque la différence fondamentale qui fait de nous des catholiques.

L’Évangile de saint Jean nous propose un exemple de cette différence. Bien que Jean ne donne pas de récit de l’institution de l’Eucharistie lors de la Sainte Cène; il nous propose un enseignement royal, magistral, sur l’Eucharistie dans son célèbre « Discours sur le Pain de Vie ». Il débute par le récit d’un événement familier dans les Évangiles synoptiques, la multiplication des pains et des poissons. Jésus s’adresse à Philippe et lui demande : « D’où nous procurerons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » (Jn, 6,5). Il posait la question pour éprouver Philippe, comme Il met à l’épreuve chacun d’entre nous face aux défis écrasants relevés de nos jours. Les quatre Évangiles relatent l’impossibilité pour les disciples à satisfaire un tel besoin et la manière miraculeuse de Jésus pour multiplier la maigre ressource de quelques pains d’orge et poissons afin de nourrir 5.000 hommes (Jn, 6,10) — et bien davantage, en comptant les femmes et les enfants.

Tous, présents ce jour, furent assouvis, nourris par les pains et les poissons. Jésus dit alors à ses disciples: « Rassemblez les morceaux en surplus » (Jn, 6,12). « Ils les rassemblèrent donc et remplirent douze couffins avec les morceaux des cinq pains d’orge restés en surplus à ceux qui avaient mangés. » (Jn, 6-13).

Un instant de réflexion sur ce qui fut effectivement récolté dans les couffins. C’étaient des restes de pain et de poisson, morceaux de nourriture pris et tombés par terre. Aliments mordus par des gens peu soucieux d’hygiène, manipulés par des jeunes ou des anciens qui ne se lavaient pas les mains avant le repas, aliments épicés par l’herbe et la terre lors de leur séjour au sol. Pourquoi donc Jésus demandait-Il à Ses disciples de récupérer une telle nourriture? N’aurait-il pas mieux valu la laisser par terre pour nourrir des bêtes la nuit suivante ?

À ces questions, une bonne réponse que Jésus donne au sujet de cette récolte : « fin que rien ne soit perdu. » (Jn, 6-12), Jésus ne voulait certes pas qu’on gaspille la nourriture, mais il y a un autre motif pour cette récolte. En discutant avec les chefs des juifs, Jésus déclarait « Moi, je suis le pain de vie » (Jn, 6-35).

« C’est mon Père qui vous adonné le pain du ciel, le vrai.» (Jn, 6-32), Jésus Christ descendu du Ciel pour donner la vie au monde. «Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jn, 6-37;38).

Quelle est la volonté de Celui qui a envoyé Jésus? « Or c’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour.» (Jn, 6-39). Ainsi est tracé un parallèle entre les bouts de pain et de poisson restés à la fin du repas et nous-mêmes qui sommes les restes de la distribution initiale lors de la création, « au commencement », avant la chute. Nous ne faisons pas partie du « premier service » de la création, nus sommes tous des restes.

Et quelle attitude avons-nous devant les restes ? Une habitude répandue consiste à les jeter. D’une certaine manière, il est plus commode d’élaborer un repas avec des produits frais plutôt qu’avec un choix de restes pris dans le réfrigérateur. Quel est le point de vue de Jésus sur les restes ? Il veut que rien n’en soit gaspillé.

En matière d’aliments, le Père a donné à Jésus en abondance du pain et des poissons par le miracle de la multiplication des pains, et en matière de Salut le Père nous L’a donné! Jésus prie donc sses disciples de récupérer les restes afin que rien de ce que le Père a donné ne soit gâché.

Pour des motifs analogues, Jésus nous confie à Pierre en disant par trois fois: « Pais mes agneaux » (Jn, 21-15;17), signifiant: prends soin des restes pour lesquels j’ai offert ma vie! Jésus invite Pierre, tous les apôtres, et tous autres membres de l’Église à agir de même selon la grâce et les Sacrements ainsi reçus.

Toute la vérité concernant la mission du Christ est reprise jour après jour par l’Eucharistie. Au cours de la Messe, le Père « Rassembleur » envoie son Fils, Jésus-Christ, « véritable pain », descendre du Ciel pour accomplir Sa volonté. Jésus, «obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix» (Ph, 2-8) revient pour réunir les fragments de nos vies et les porter au Père.

En quoi sommes-nous catholiques ? L’Église catholique, tout comme la communauté humaine, hommes et femmes conçus en ce monde, est constituée des restes provenant de la Chute. Et cependant les membres de l’Église se distinguent de l’immense communauté humaine en ce qu’ils sont en communion avec l’Esprit Saint, hommes et femmes s’efforçant de porter leur amour aux « restes » au lieu de céder à la tentation de s’en débarrasser.

La vie de l’homme est devenue de nos jours un bien consommable, que ce soit dans le sein par l’avortement ou chez lez faibles et affligeants devenant victimes des pressions culturelles qui poussent à la « logique » eugénique de l’euthanasie. Notre Guide vers le salut, Jésus-Christ, ne nous a jamais, ni maintenant, jetés comme des restes, mais, par l’Eucharistie, nous soutient, «Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » (Jn, 13-34).

C’est ainsi que nous sommes catholiques, suivant la Parole offerte à beaucoup par l’Eucharistie.

N. d. T. : Texte français des citations bibliques tiré de la Bible de Jérusalem.

Le miracle des pains et des poissons, par le Tintoret, c. 1550 [Met Museum]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/04/what-makes-us-catholic/