Trois personnages, tous chrétiens et tous confrontés à la mort, sont amenés, sans l’avoir vraiment décidé, à participer à une messe de semaine où, de manière inattendue et prodigieuse, ils vont redécouvrir les principaux enjeux de leur foi. Il y a là une jeune veuve, cadre supérieure débordée et mère d’un pré-ado en grande demande affective, un chauffeur de bus un peu fruste qui apprend par un coup de téléphone, alors qu’il est en plein service, que son fils va mourir à l’hôpital, et une très vieille bourgeoise un peu désorientée…
Ils entrent, quasiment ensemble, dans cette immense église mexicaine, chacun accueilli par un jeune homme différent qui se révèle être leur ange gardien. La messe va commencer où tout ce qu’ils croyaient plus ou moins connaître va se révéler à eux sous un autre jour et se transformer en une rencontre authentique avec le Christ, soit par le biais de la confession, soit par l’intercession de la Vierge Marie et la prière des anges…
Il faut surmonter plusieurs chocs esthétiques pour entrer dans cette belle histoire croisée au scénario relativement complexe. D’abord le dessin animé en « trois dimensions stéréoscopiques » où les personnages semblent être faits en pâte à guimauve et se déplacent comme sur un tapis mousse. Les décors ensuite : appartements et urbanisme de logiciel d’architecte-décorateur. Et surtout cette immense église dégoulinante de décorations dont nous n’avons guère l’équivalent en Europe, même si elle décline tous les codes sulpiciens… en y ajoutant quelques particularités sud-américaines : la Vierge est celle de Guadalupe, sa transformation en personnage de dessin animé est une épreuve. Le visage du Christ est inspiré d’une iconographie traditionnelle, mais là aussi réinterprétée selon les canons de la 3D avec les limites du procédé. Quant aux visions du Purgatoire et à l’action tentatrice du Diable, elles évoquent évidemment Jérôme Bosch et une esthétique de film d’horreur. Cela dit, sans exagérer, le film est visible par tous, surtout par les enfants. On sait que ceux-ci ne lisent plus rien, n’ont que peu de contacts avec des enseignants capables de témoigner de leur foi (cela est d’ailleurs plus ou moins interdit) et sont souvent éloignés de l’Église par l’éclatement des familles et la culture de la distraction perpétuelle et de la performance culturelle et/ou sportive (les activités du mercredi !). Alors ce dessin animé, qui joue sur la corde sensible, et met en images très simples la doctrine du Salut par la foi, ne pourra faire que du bien.
Il est sûrement difficile de mesurer quel impact ce film a pu avoir dans une société sud-américaine encore imprégnée de culture chrétienne, même si elle connaît le même envahissement que la nôtre par les écrans. Mais dans notre société, encore plus laïcisée — si c’est possible – que celle du Mexique, cette production à gros budget fait figure d’ovni et ceux qui ont le courage de la distribuer dans des salles de cinéma françaises font œuvre de salut public. Ils méritent en effet une médaille pour cette tentative de faire partager le fond de la foi et de la culture chrétienne au plus grand nombre. Et surtout, ils méritent la reconnaissance des familles plus ou moins catholiques en mal de transmission du catéchisme. Les chrétiens plus engagés pourront aller plus loin en organisant des projections publiques avec des débats, grâce à un matériel pédagogique fort bien fait fourni par la communauté de l’Emmanuel.
Film d’animation mexicain (2011). Version doublée en français (2017). Réalisateur : Bruce Morris. Scénaristes : Louis de Velaso. Producteur : Pablo Jose Barroso. Musique : Mark Mckenzie. (1h10). (Adolescents). Sortie le 22 mars 2017.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=204193.html