Le Cardinal Burke calomnié - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le Cardinal Burke calomnié

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Une des figures les plus pittoresques de la Marche pour la Vie de cette année était un excentrique passionné – probablement un fondamentaliste ou un évangélique – qui portait un grand panneau anticatholique et hurlait dans un mégaphone. Je n’en ai saisi qu’un bout – le truc habituel sur le pape qui serait un antéchrist et les catholiques qui « adorent Marie comme une déesse ».

Pauvre homme. Mais accordons-lui ceci : à part la folie, il croit réellement que les formes de la primauté chrétienne et les contenus de la foi ont de l’importance. Je l’ai entendu dire à un autre marcheur : « C’est un truc sérieux, tu sais. »

Effectivement.

Vendredi, à Washington, nous avons eu dans le Washington Post   une chose pas très sérieuse : sous le titre « Comment le pape François doit purger l’Église catholique de la pourriture d’extrême-droite », on y diffamait stupidement le cardinal Raymond Burke.

C’était écrit par une journaliste, Emma-Kate Symons, avec autant d’intelligence des faits et de leur contexte dans l’Église que le type au mégaphone. Voici la phrase d’ouverture : « Le pape François doit prendre des mesures plus sévères contre le catholique américain le plus influent à Rome, le cardinal Raymond « Breitbart » Burke. »

Breitbart a interviewé une fois Burke – sur l’islam, s’il vous plaît – vous voyez. Donc maintenant Breitbart est son deuxième nom.

Les gens troublés par le catholicisme orthodoxe existent, et ils existeront toujours. Mais cette « journaliste » n’était pas en train de délirer au coin d’une rue ou sur un blog de la gauche alternative, mais dans le Post, qu’on a connu autrefois modéré. Il a effectué un virage à bâbord depuis que Jeff Bezos d’Amazon l’a acheté. Mais tout rédacteur en chef, quelles que soient ses tendances, devrait avoir jeté pris connaissance de cet article et reconnu son absurdité. Une solennelle absurdité.

Mais le Post n’est pas seul à laisser la passion envahir le professionnalisme. Plus tôt, la semaine dernière, The New York Times avait un reportage à la une – en fait une entreprise de démolissage mal référencé – par Jason Horowitz avec à peu près les mêmes phrases : « Steve Bannon oriente le combat sur un nouveau centre d’influence : le Vatican. »

Toute cette histoire idiote remonte à une rencontre qui eut lieu en 2004 entre le cardinal Burke et Steve Bannon, le bagarreur de la Maison Blanche. Dans son hystérie contre le président Trump, les médias aiment portraiturer Bannon comme une sorte de commando prêt à l’assaut. Je ne suis pas un fan de Bannon ou de Breitbart (j’ai refusé une fois de venir à la radio de Breitbart pour un entretien avec Bannon à propos de la critique catholique de Trump parce que je savais qu’il allait simplement me démolir. Il promettait de ne pas le faire. Mais ensuite c’est exactement ce qu’il a fait pour la personne qui s’est présentée : Robbie George.) Pourtant la vérité est la vérité. Le modus operandi de Bannon va parfois à l’encontre de ses intentions, à mon avis, mais les média se discréditent tout simplement avec leurs tactiques à la McCarthy contre lui, et tout le cabinet de Trump, dans ce domaine.

Mais revenons à Burke. Le reportage du Post s’appuie sur cette rencontre de 2014 pour en tisser une histoire vraiment insensée : que Burke fait partie d’un mouvement globalement antimusulman, antiféministe, pro nationaliste, pro tout-ce-qui-est-mauvais, mouvement qui a accédé au pouvoir avec la victoire du Donald et est inspiré par Bannon. Mais, comme notre astucieux ami Phil Lawler l’a noté, la rencontre a eu lieu en 2014, c’est-à-dire presque deux ans avant que Trump commence sa campagne. Et bien avant que personne ait pu penser que Bannon pouvait travailler pour Trump. Ainsi comment donc peut-il se faire que cette seule rencontre, il y a des années, ait marqué tellement Burke que François doit maintenant purger « l’Église catholique de la pourriture d’extrême-droite. »

Oui, Bannon a aussi pris la parole dans une conférence sponsorisée par la Fondation Dignitatis humanæ à Rome. Burke est au bureau de Dignitatis humanæ. Ergo, le politicard trois fois divorcé et le vaillant défenseur de l’indissolubilité du mariage doivent être interchangeables. Non ?

Et, ce n’est pas accidentellement, notre intrépide journaliste a découvert qu’un autre cardinal au bureau de Dignitatis Hujmanæ avait aussi signé les dubia sur Amoris laetitia. Ce qui implique bien que l’opposition à la communion pour les divorcés et remariés fait partie de cette « pourriture d’extrême droite. »

Comme beaucoup de médias dans le courant dominant, on a tracé ici entre les deux une ligne fictive, comme toute personne qui connaît réellement bien la situation devrait le prendre en compte. Bannon, comme on l’a remarqué, est un bagarreur – le monde parfois a besoin de bagarreur de la bonne espèce. Burke par contraste est le plus doux des hommes – le monde en a aussi besoin. Si vous ne savez pas cela, vous ne connaissez pas Burke. Bannon a parlé des menaces que représentent pour l’Occident l’Islam et le marxisme culturel et comment il faut les combattre politiquement. Burke aussi – comme beaucoup d’entre nous – mais comme on peut s’y attendre pour des raisons différentes, et sur un ton très différent.

Burke s’est longtemps surtout consacré à des sujets doctrinaux dans l’Église et – ne l’oublions pas – il a servi comme spécialiste du droit canonique au tribunal de la Rote. Un travail technique qui demande de l’intelligence ; sans politique partisane ou populiste. En fait, il parle souvent – une chose qui, au moins pour moi, est l’expression de sa passion la plus profonde – de la façon dont l’échec de l’éducation catholique a blessé l’Eglise et obscurci les enseignements que lui a confiés Jésus pour notre salut. Il a dit peu de choses qu’on pourrait, au sens habituel du mot, appeler politique.

Mais associez Bannon et Burke dans la culpabilité et vous avez là une aubaine type gauchiste qui vous permet de faire d’une pierre deux coups. Le cardinal était déjà en froid avec François à propos du licenciement et du réengagement du Grand Chancelier de l’Ordre de Malte. Cet incident aussi avait ajouté à la confusion et l’avait rendue pire. Mais le résultat est que le pape François a maintenant nommé un délégué personnel à Malte et le cardinal patron (Burke) semble maintenant sans portefeuille. L’histoire du Post ne va pas arranger les choses.

Et ensuite, bien sûr, il y a cette affaire de Burke et de trois autres cardinaux publiant les dubia sur Amoris lætitia – on se demande non seulement si aujourd’hui, en contradiction avec l’histoire passée du catholicisme, la communion est permise aux divorcés et remariés, mais aussi si la théologie morale a opéré un changement à propos de la conscience, des normes sans exceptions, de l’intrinsèquement mauvais, et de la véritable théologie de la Sainte Eucharistie.

Vous pouvez penser que Burke et les autres ont eu tort de publier leurs dubia (ils les avaient présentés d’abord au pape en privé). Ou vous pouvez penser que Burke lui-même a été injustement traité (comme d’autres dans la Curie) en étant démis de son office sans explication. Mais vous seriez fou à lier si vous mettiez sur le même plan un prince de l’Église aux manières douces avec tout ce que les médias du courant dominant trouvent répugnant – et pire – à propos de notre nouvelle administration.

Simplement un signe de plus qui montre comment les choses se sont détraquées dans l’Église et le monde.

Une des catégories morales qui a disparu, avec beaucoup d’autres choses dans la culture occidentale, est la calomnie. C’est pire que le mensonge. C’est mentir pour nuire. Allez voir dans l’Encyclopédie catholique. Et, s’il vous plaît, identifiez-la quand vous la voyez.

13 février 2017

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/02/13/the-slandering-of-cardinal-burke/