« Au prix du Sang » : un beau film mais qui n'est plus fait pour notre époque ! - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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« Au prix du Sang » : un beau film mais qui n’est plus fait pour notre époque !

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Quel dommage que ce beau film soit négligé !

C’est grâce à la France Catholique que je suis allé voir le Prix du Sang, film de Roland Joffé. Le thème m’en intéressait par son originalité et son côté « politiquement incorrect ». Vous pensez : une partie de la vie de José Maria Escriva, de l’Opus Dei, organisation œuvrant pour la sainteté et l’apostolat sur fond de la terrible période de la guerre civile espagnole, en 1934. J’avais vu et lu aussi – Marie-Christine Renaud d’André dans le même journal – des réserves objectives : film compliqué, beaucoup de flash-back, musique forte et envahissante… Une raison pour aller le voir.

J’y suis donc allé.

Première remarque, nous étions cinq (je dis bien 5) spectateurs. Certes à la séance de midi, sur les Champs-Élysées (la seconde et dernière était à 14 heures. heures de grande fréquentation, c’est bien connu). Nous ne risquions pas de nous gêner ! 1

Beau film. Au-delà de tous les a priori socialo-politico-religieux.
Acteurs excellents, images superbes, thème, je le répète, original et traité de manière objective : à aucun moment je n’ai senti le parti pris.

Je ne répéterai pas le scénario, qui a été résumé dans ces colonnes ; je le préciserai cependant un peu : une enquête journalistique menée de nos jours sur la jeunesse de ce prêtre Escriva, meilleur ami, depuis son enfance, d’un garçon qui deviendra un magistrat. Avec, pour cadre, la guerre civile opposant les Républicains rouges (dans l’optique de notre époque, et depuis le lendemain de la guerre, les « gentils ») aux Nationalistes (dans la même optique, les « méchants »). Pour rassurer les disciples admiratifs des rouges – c’est-à-dire la plus grande partie de nos contemporains – on voit à l’écran beaucoup plus ces Républicains que leurs adversaires.

Évidemment une image dérange, l’exécution par les gentils Rouges d’un méchant prêtre, reconnaissable à sa soutane.

Des atrocités, l’objectivité commande de le reconnaître il y en eut des deux côtés, la cruauté entraînant la cruauté. Mais il est vrai que celle de Rouges, à notre époque et dans l’esprit des gens, est plus « pardonnable » que celle des Nationalistes bientôt Franquistes. Ces religieuses violées avant d’être tuées, ces enfants crucifiées… détails…

Brochant sur le tout, une belle histoire d’amour (il n’y a pas de camp pour cela) entre deux républicains, de sexe opposé quand même, un jeune chef charismatique et une volontaire hongroise. Évidemment, il y a un traître : une taupe nationaliste, infiltré chez les rouges, amoureux lui aussi de la Hongroise, et qui recueillera le fils fait avec le républicain en se faisant passer pour son père (vous me suivez ? Relisez lentement…).

Et bien entendu, cet enfant né d’amour presque politique, enfant du champ de bataille de Madrid est… le journaliste qui hait l’ancien magistrat, cette taupe, ce père moribond, mais il est vrai peu reluisant !

Parmi les belles images, l’une m’a frappé par son symbolisme : ce visage d’une statue de la Vierge, au milieu des ruines d’une église détruite sans doute par les Rouges (les gentils) : d’une grande pureté, émouvante, et sur lequel coulent les larmes qui n’ont pas de camp.

Ah, si, précisons : bien que le père Escriva soit très souvent à l’écran, sa présence n’est pas envahissante, et il ne s’agit nullement d’une hagiographie, simplement l’histoire d’un prêtre croyant en sa mission de prêtre au moment où on les tuait, et qui finit par quitter l’Espagne sur la pression de ses amis. De belles images du passage des Pyrénées, qui précèdent celui des jeunes Français qui, à partir de 1941, s’évadèrent de France pour rejoindre, par l’Espagne, l’armée d’Afrique !

Je suis sorti du cinéma remué, ému, réfléchissant. L’un de mes cinq « confrères spectateurs », jeune et barbu, m’a regardé et a applaudi…

Dommage qu’il n’ait été que le seul. Un journaliste faisant la critique ironique du film – c’est son droit absolu – a évoqué lui aussi « ses » cinq spectateurs en se demandant qui diable ils pouvaient être !

« Le film, à la vue très courte, n’est qu’une suite de vignettes mélodramatiques, qui a tendance à renvoyer dos à dos Républicains espagnols et fascistes sous prétexte de guerre fratricide ou d’exactions. On comprend aisément pourquoi il n’y a pas eu de projections de presse. Une question reste entière : qui étaient les cinq autres personnes dans la salle ? »

Cela veut-il dire que ce nombre est la moyenne à chaque séance ? Calculons : à deux séances par jour, soit 28 sur deux semaines et à 5 spectateurs, cela nous donnerait 140 spectateurs pour un très beau film.

On est très loin du succès de Bienvenue chez les Ch’tis, monument d‘humour subtil (on passe quand même un bon moment).

Sans doute ce film, n’avait déjà par eu de succès aux États-Unis au moment de sa sortie. Mais pourquoi, dans ce cas, l’avoir reprogrammé ? Il n’est ni pour notre temps, ni pour l’esprit de nos contemporains. Mais il n’est pas inutile de montrer que celui dont l’Église a fait un saint, ce dont elle assume la responsabilité, a été un prêtre vivant une époque plus que difficile et dont le but a été, comme il le dit si simplement dans les dernières images de ce film, de faire l’œuvre de Dieu. On a dit tout et son contraire sur l’Opus Dei… les noms de certains de ses membres ou sympathisants français, cardinaux, politiques, professeurs, personnalités diverses plaident cependant en sa faveur.

  1. Il est encore projeté demain lundi et mardi aux mêmes horaires. Il ne tient qu’à vous d’aller le voir et de vous faire votre propre opinion.