Dans la loterie pour l’attribution du prix du plus mauvais président des Etats-Unis, les candidats habituels sont James Buchanan, Andrew Johnson et Warren Harding. Lorsque William Jefferson Clinton a quitté ses fonctions, j’ai rédigé un article très déterminé dans lequel je soutenais que non seulement Clinton avait été le pire individu jamais devenu président, mais aussi qu’il avait été le plus mauvais président. Par la suite, la vox populi semble avoir décidé que, même si ces deux assertions sont justes, nous ne pouvons pas porter de jugement. Notre culture moderne ne possède pas de normes « objectives » pour établir des distinctions aussi irréfléchies.
Quelque temps après ces affirmations péremptoires de ma part, je déjeunai avec le regretté Joseph Sobran, un homme aux opinions inhabituellement tranchées. Je lui exposai mon point de vue. Il m’écouta patiemment. Après un court instant, il répondit : « Le pire individu, certes, mais pas le pire président ». Naturellement, je mordis à l’hameçon et demandai qui avait été le pire. Et sans surprise, si vous connaissiez la tournure d’esprit de Sobran, les pires selon lui étaient « Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt ». Ce qui me fit beaucoup rire.
Mais le point de vue sensé de Sobran se fondait sur les abus du pouvoir présidentiel qui, selon lui, avaient été commis par ces deux présidents. Ils avaient agi sans tenir compte du Congrès. Finalement, ils avaient été soutenus par la Cour suprême, instituant ce que nous appelons à présent « la constitution vivante ». C’est cette dernière qui, à la différence de la Constitution écrite, a permis à un président comme M. Obama, avec ses expressions galvaudées, de rédiger des décrets et des ordonnances exécutives en tout genre.
Avec ces décrets, il a fait de nos autorités militaires des agences d’ingénierie sociale et non pas des cadres des forces armées. Lorsque ces directives arbitraires étaient sans effet, l’option qu’a chaque président de ne pas appliquer certaines lois existantes relevant de sa responsabilité s’est avérée particulièrement efficace dans son travail de sape de la culture.
Presque tout un chacun aujourd’hui, y compris M. Obama lui-même, a établi une « évaluation » de sa présidence. Kevin Williamson a souligné que M. Obama pensait que le travail du président consistait à « faire des discours ». George Will a déclaré que M. Obama était le président le plus loquace que nous ayons jamais eu. L’ennui c’est qu’il n’avait pas grand-chose à dire. Victor Davis Hanson a examiné les domaines où se posaient de graves problèmes à l’échelle du monde. M. Obama a négligé un grand nombre d’entre eux et en a aggravé d’autres.
La première fois que j’ai vu M. Obama, lors de son premier discours d’inauguration, je me suis dit : « Voilà un tyran classique » et j’ai écrit un article à cet effet. Car un « tyran » classique n’est pas une bête sauvage. Mais plutôt un être populaire, doux, beau parleur, régi uniquement par ses propres fantasmes. Il surgit dans une démocratie où les citoyens ont largement perdu le contact avec l’ordre naturel.
C’était selon sa propre conception de l’Amérique que M. Obama voulait transformer le pays. L’Amérique des pères fondateurs ou de la tradition ne l’intéressait pas. En effet, cet héritage devait être modifiée pour assurer la sécurité dans le monde de l’Amérique qu’il voulait refonder et qui lui ressemblerait beaucoup. Et, pour lui rendre justice, il a réussi à bien des égards. Ses origines musulmanes et communautaristes étaient des traditions qui n’avaient presque rien à voir avec notre définition de la civilisation occidentale, revêtue d’un éclat particulier en Amérique.
L’héritage d’Obama va faire couler beaucoup d’encre. Il va sans aucun doute rapidement signer un contrat lucratif pour écrire un livre expliquant la gloire de ces huit dernières années, bien qu’elles aient été terribles. Alors que la plupart des gens ont compris que tout se désintégrait jusqu’aux fondements mêmes, M. Obama a eu l’impression que tout progressait d’un succès à l’autre. Il a survolé l’Amérique, mais ne l’a jamais réellement vue. Les traits essentiels de son caractère ont été assez bien décrits par Platon et Aristote. Comme M. Clinton, il aurait probablement été réélu pour un troisième voire un quatrième mandat sans la réaction à Franklin Roosevelt et la limitation à deux mandats.
Je passe sur ses opinions religieuses. C’est un populiste de gauche qui identifie religion et politique. Les catholiques ont mis longtemps à reconnaître les efforts que M. Obama a déployés pour assimiler la religion et le droit positif. Sans laisser aucune marge entre ces deux domaines. La religion ne devait pas entraver la marche du « progrès » social. Qui aurait pu imaginer il y a dix ans que les libertés d’expression et de religion seraient contestées parce qu’elles freinaient l’ingénierie sociale que M. Obama et ses amis imposaient aux ambassades, lois, autorités militaires, soins de santé, services médicaux, écoles et environnement du pays, voire aux aliments que nous ne pouvons pas manger.
Mais cet homme encore jeune n’a-t-il vraiment rien accompli de valable ? Le comédien Jack Benny confronté un jour à un voleur qui demandait avec insistance « La bourse ou la vie ! » est devenu célèbre en répondant : « Je réfléchis ! Je réfléchis ! » M. Obama nous a obligés à nous rappeler tout un ordre des choses qui a été implacablement détruit étape par étape. Est-ce que je pense que ce souvenir à l’échelle du pays est en cours actuellement ? « Je réfléchis ! Je réfléchis ! »
Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/01/17/on-the-worst-president/