Avant-hier soir, j’ai tenu à écouter attentivement le long et précis discours de François Fillon : espérant de sa part qu’il saurait exprimer à quel point était nécessaire une vigoureuse et salutaire reprise en main de notre pays. Persuadé également que des candidats tels Bayrou, Macron ou Le Pen n’étaient que des gratte-miettes face à celui dont j’avais déjà entendu et lu de ces prises de position, sans avoir naturellement oublié la médiocrité évidente de ceux que je viens de citer. Par exemple, se rendre compte que Macron n’a jamais osé s’aventurer sur les sujets dérangeants. Le difficile, il verra plus tard, aux calendes grecques sans doute, une fois bien au chaud dans une tanière dorée…
Malgré la durée de la conférence de Fillon, le public venu l’entendre a fait preuve d’une patience exemplaire : mon avis est que l’orateur, ce soir-là, s’est définitivement montré véritable homme d’état. Il a fait comprendre posément à ce public, qui n’en attendait pas moins, l’immense besogne que le prochain Président de la France devra affronter face à notre peuple, dont on sait bien qu’il rassemble aussi bien pauvres que riches, bourgeois ou paysans, ouvriers qu’intellectuels, chrétiens ou athées : mais surtout amoureux de cette vieille nation, traitée en nullissime pendant cinq ans et aujourd’hui exsangue, peu préparée à affronter les plus rudes obstacles dont les complexités ne sont pas d’extravagantes chimère ou illusions.
Toutes les minutes ou presque, cette foule de tous âges n’a cessé de l’applaudir alors qu’il passait en revue l’ensemble des actions que son gouvernement entreprendrait afin de redresser ce qui est aujourd’hui nocif : soit tous les innombrables travaux qu’il mettrait en route s’il était élu, sans se contenter de la seule question de l’immigration-émigration, ce à quoi certains journaux prétendaient qu’il se limiterait.
J’avoue avoir été heureusement surpris par l’ampleur de son programme et son assurance quand il lui fallait s’exprimer aussi bien sur le positif que sur le négatif.
En parallèle, je lis les opinions outrageantes déversées sur les épaules du vainqueur des primaires : le pire lui est promis, une défaite du genre Trafalgar ! Jeu facile pour Marine Le Pen, quoique elle soit la plus dépourvue du nécessaire savoir économique. Entendre le racoleur David Rachline pérorer sur ce que l’on devrait penser du « vrai Fillon » ne manque pas non plus d’extravagance… M’ébahir de la prétention de monsieur Bayrou à lui barrer la route comme pour mieux faciliter l’élection d’un Hamon ou d’un Valls allait de soi ; de celle d’un Juppé, qui se disait, quand il avait le vent en poupe, d’accord avec les propos économiques de son rival pour tourner aussitôt casaque dès que ce vent lui fut défavorable : pensait-il donc s’accoquiner avec un crabe de la Gauche comme pour ménager son propre avenir dans le guêpier du Centre ?
François Fillon insiste sur le seul but que devrait poursuivre tout candidat : l‘intérêt seul de la France, non le sien ; sur l’unique sentiment à nourrir : l’aimer ; sur la principale préoccupation à soutenir : redresser la situation catastrophique issue du hollandisme ; sur l’obligation immédiate de rétablir « l’idée de notre nation » qu’avaient d’elle nombre de pays ; sur le laisser-aller général concernant les allées-venues des « migrants », susceptibles de provoquer divers désastres. Entre autres sujets naturellement.
Un point d’obscurité reste à préciser par François Fillon : j’évoque ici l’un de ses propos d’il y a quelques mois sur l’avortement : pratique si ancrée dans l’esprit des Français qu’il n’envisageait point d’en modifier l’ensemble des lois qui la concernent. Cela allait de soi, puis-je dire, car s’il avait proposé une telle réforme, il n’aurait plus eu la moindre chance d’être élu… et nous aurions alors, triomphants, de ces Messieurs de la Gauche…
Je pense cependant qu’il ne peut rester sans répondre à la question qui taraude un grand nombre de ses potentiels électeurs : si déjà il décidait, pour le moins comme pour le mieux, qu’il soutiendrait fermement les associations « pro-vie » telles celles qui seront à la Marche du 22 janvier prochain, un grand progrès éclairerait notre horizon. Car le « pro-vie » a du mal à s’imposer en France, alors qu’aux Etats-Unis ces associations, des plus vivantes, font merveille.
Remarque finale : il me semble que les gens des diverses Droites devraient sur le champ cesser de ne penser qu’à leurs intrigues et visions lointaines pour se mettre d’urgence au service de celui que vise François Fillon : ce redressement de la France, ce à quoi devraient toujours penser l’ensemble des hommes dévoués à la Politique. Cela permettrait de les reconnaître dans la foule de ceux qui n’ont d’autre pôle que leur nombril.