Le mystère dans le sourire d'enfant du Christ - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le mystère dans le sourire d’enfant du Christ

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La première action d’un homme est de sourire. Quand les besoins naturels d’un bébé sont satisfaits, qu’il a bu le lait de sa mère, qu’il a été changé, qu’il a suffisamment dormi, et quand il a finalement acquis suffisamment de contrôle et de coordination pour que nous puissions dire qu’il fait quoi que ce soit – la première chose que nous pouvons lui attribuer, qui est distinctement humain (non pas téter et fouiller, ce qu’il fait comme le font tous les animaux), est qu’il sourit.

Je ne parle pas de ces moments quand un très jeune bébé dort et que ce qui ressemble à un sourire effleure sa figure, ou lorsque parfois il sourit « dans le vague ». Je parle plutôt d’un bébé plus âgé , de deux ou trois mois, qui peut finalement fixer ses yeux assez longtemps pour regarder dans les yeux de sa mère, et qu’il lui sourit.

On peut dire que c’est la première chose qu’un bébé humain fait. Ce n’est pas lever la main dans un geste, ni proférer un son, ni hocher la tête, mais c’est sourire à un autre être humain. C’est tellement étonnant que tous se rassemblent autour de lui, et s’exclament, « Regardez, il vous a souri ! » Nous voyons que son sourire est distinctement humain en raison de son caractère, mais aussi de ce en quoi il se développera ultérieurement.

Ainsi, ce sourire a une signification. Ce n’est pas « un simple réflexe » car il a un but et prend place dans un contexte. Oui, il est « ancré » et par cela nous voulons dire qu’il n’est pas appris. En fait, il est spontané, mais il en est ainsi de l’intelligence rapide de l’homme mûr – car «  la nature ne réfléchit pas » ainsi que le dit Aristote.

Mais s’il a une signification, c’est une signification qui nous vient de notre nature – et par conséquent de l’Auteur de la Nature, car le sourire d’un bébé n’est pas son propre acte particulier – comme, plus tard, chaque enfant forme des phrases par sa manière individuelle.

Donc, laissons l’Auteur de la Nature présenter la signification du sourire du bébé: « Lorsqu’une femme est sur le point d’enfanter, elle est dans la souffrance, parce que son heure est venue: mais, à peine a-t-elle donné le jour à l’enfant, qu’elle oublie son angoisse, dans la joie de ce qu’un homme est venu au monde » (Jn 16:21). Nous pouvons présumer que la mère et l’enfant sont joyeux pour la même chose, et ce que nous voyons dans le sourire du bébé, c’ est la joie qu’un homme est venu au monde.

La joie « qu’un homme » est venu au monde, et non que « je » suis venu au monde – car c’est la joie pour la valeur de sa nature et de son existence, et non pas pour lui personnellement. Un bébé n’est égoïste que dans le sens où il lutte toujours pour répondre à ses besoins. Mais il est complètement désintéressé et abandonné car, dépendant comme il est, il n’a aucune pensée de lui-même comme étant opposé aux autres; il est entièrement « avec » nous.

Mais il y a de la joie par le fait qu’un homme vient de naître « au monde ». La phrase suggère à la fois « une origine » et « une arrivée ». Et nous voyons les deux à la fois dans le sourire d’un bébé. Ainsi dès le départ : Dans le sourire d’un enfant, nous voyons que l’enfant vient de quelque part, non du sein maternel mais du Père.
Dans son sourire, il partage avec nous quelque chose qui, autrement est cachée. Nous sentons que son sourire est une révélation d’une relation particulière qu’il entretient avec le Créateur, en tant que nouveau et innocent « nouveau ». (selon la phrase de St Josemaría Escriva). C’est pourquoi le sourire d’un bébé peut même évoquer la honte et même un sentiment d’indignité.

En bref: sans aucun doute le sourire d’un enfant est une joie partagée avec une autre personne et elle est fondamentalement sociale. Il nous demande de lui répondre avec joie avec un même sourire et nous le faisons.

Cette transcendance dans l’immanence, que le philosophe juif Emmanuel Levinas avait reconnu sur le visage humain, est reconnue en premier dans le sourire d’un bébé. Imaginez donc le sourire de l’enfant Christ, exprimant la joie que l’homme-Dieu vient d’arriver dans le monde.

Notre Seigneur comparait sa Passion à la naissance d’un enfant dans ce verset de l’Evangile de St Jean. Faisons de même. Pour de nombreux saints, leur dernier acte ainsi que le premier était de sourire. Est-ce que le Seigneur et Modèle des saints, alors, a souri sur la Croix? Il a probablement souri, en dépit de ses souffrance, quand il regarda la Vierge Marie et dit à Jean, « voici ta Mère « .

St Thomas d’Aquin relie cette phrase sur la Croix aux noces de Cana : quand la Mère de Jésus dit : « Ils n’ont plus de vin » »(2:3), Il répliqua, « 0h, Mère, en quoi cela me concerne-t-il? Mon heure n’est pas encore venue », c’est à dire l’heure de ma passion, quand je souffrirai par ce que j’ai reçu de vous, ma nature humaine. Et maintenant que l’heure est venue Il reconnait sa mère.

Comme « il y a un lien direct reliant la crèche et la Croix » ainsi que le Pape François le disait dans son homélie de Noël, les mots exprimés sur La Croix se relient aussi à Bethlehem. A travers les yeux de Marie. En bon disciple qu’elle était, elle devait se souvenir de l’enseignement de son Fils et regarder en direction de La Croix comme étant une sorte de naissance.

Et, si nous supposons que notre Seigneur lui a souri du haut de La Croix, nous pouvons imaginer qu’elle a vu, dans ce sourire, le sourire de son propre bébé. La signification de ces deux sourires a du être la même. Dans les deux cas, Marie avait vu la joie de la nature humaine du Christ, lui étant enlevée, révélant la divinité, venue dans le monde pour le sauver par sa Passion.

Alors ici il y a une antidote au sentimentalisme à propos de Noël, en ce que le sourire de l’Enfant-Dieu impliquait. Car il signifiait, comme le disait le pape François, que « le mystère de Noël, qui nous questionne et nous déstabilise, est à la fois un mystère d’espérance et de tristesse.


Mickael Pakaluk, est Aristotle scholar and Ordinarius de l’Acadenie Pontificale Saint Thomas d’Aquin, est enseignant à la Bush School of Business and Economy à la Catholic University of America.

Il réside à Hyattsville, MD, avec son épouse Catherine, qui enseigne aussi à la Bush School, et avec leurs huit enfants.

https://www.thecatholicthing.org/2016/12/31/the-mystery-in-the-christ-childs-smile/