Outre une divergence de tactique politique, la querelle désormais publique entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen au sein de l’état-major du Front national traduit plus profondément une fracture « sociétale » importante : c’est bien sur le dossier fondamental des questions de société qui ont soulevé la France de ces dernières années que le divorce s’est prononcé, entre ces deux personnalités. Et c’est bien, d’abord, la question de la réaction devant le « mariage homosexuel » qui a provoqué la séparation philosophique entre un Philippot complaisant vis-à-vis de l’establishment post-soixante-huitard, d’une part, et d’autre part une Marion Maréchal-Le Pen entrée résolument dans la mouvance populaire historique de la « Manif pour tous » du printemps 2013.
Ensuite, ces derniers jours, c’est la question plus ancienne de l’avortement et de son remboursement par la Sécurité sociale qui a été soulevée : ce débat a rappelé çà et là – et pas seulement au Front national – un clivage plus ancien, malencontreusement ravivé par l’activisme législatif du Parti socialiste à l’affût des délits d’opinion à pourchasser.
Devant ces controverses internes et ces dissensions notoires ruinant peu à peu la relative cohésion d’hier, Marine Le Pen, la patronne du Front national, aura désormais bien du mal à maintenir un cap mobilisateur pour tous les militants: l’ancien « paquebot » lancé sur les eaux de la politique par Jean-Marie Le Pen semble menacé par des mouvements centrifuges à bâbord comme à tribord…