Pavoiser ? Faire la fête ? Ou attendre prudemment le « joli mois de mai ? - France Catholique
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La justice de Dieu
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Pavoiser ? Faire la fête ? Ou attendre prudemment le « joli mois de mai ?

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Hier soir ce fut d’un côté l’allégresse d’une foule heureuse de saluer de mille façons François Fillon : elle le voyait d’avance gravir allègrement les marches du grand escalier du Palais de l’Élysée – si tant est qu’un tel escalier existe vraiment ! D’un second côté on en voyait qui pleuraient silencieusement de l’échec extrême infligé au Maire de Bordeaux, leur idole du moment : ayant trop investi sur des chances de succès depuis longtemps publiées par des sondages à ce point catégoriques que tout la gens médiatique considéraient comme évidemment paroles d’évangile…

L’admirable fut l’empressement de ces plumitifs, tout au long de l’incroyable soirée, de faire oublier combien ils avaient pendant des semaines prédit aussi bien l’inévitable sacre d’Alain Juppé que l’impossible tentative de son rival : que l’on voyait, sans la moindre chance de réussite, courir absurdement vers le soleil tel le fils de Dédale, ce malheureux Icare plongeant dans la mer de tristesse. Très grand et beau tableau de Pieter Bruegel.

Cent fois l’on a entendu gloser sur son improbable assurance, ou pire, sa ‘’suffisance’’ souriante dont il témoignait devant le candidat bordelais soutenu par d’infaillible sondages lui ouvrant en effet la route vers le soleil … Sur également sa certitude qu’il ne pouvait qu’emporter la victoire alors qu’il ne faisait qu’à peine émerger d’on ne sait quel trouble marécage…

Tout ce petit monde des experts en politique aurait accepté avec bonne humeur ce revirement si les chiffres n’avaient pas soudain ridiculisé ce que l’on pensait devoir être la seule réalité possible : quelqu’un a lancé : « Ce vraisemblable déjà inacceptable c’était 52-48, et non pas 72-28 ! Pensez donc, un tel revirement, cette frénésie d’un peuple drogué ! »… Un autre : « Certainement il y a eu comme un tsunami ! », mot qu’un autre corrigea : « Oui, un vrai raz de marée ! »…

On ne joue pas avec les études scientifiques, dont les sondages sont les fruits précieux ! Certains des « sondagistes », à moins qu’on ne les nomme « sondeurs », ou plus précisément « sondageurs » quoique le mot n’existe pas, furent interrogés : ils ne savaient que répondre ! Mais différends utilisateurs de ces dangereux outils donnèrent leur avis, tel François Bayrou : « Soit un sondage vous déstabilise, soit il vous rassure. Dans les deux cas, c’est mauvais… Les sondeurs compétents ont aussi quelque chose à dire. Il est plus intéressant d’entendre leurs voix que leurs chiffres. » Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s’essaye à la lucidité, affirme : « Le monde des politiques a deux défauts : le narcissisme et le court-termisme. Mal utilisé, le sondage le complaît dans ses deux défauts ! » Quant à l’ancienne présidente du Medef et vice-présidente de l’IFOP, Laurence Parisot, elle constate en professionnelle : « Le personnel politique a une utilisation quasi puérile des sondages. »

François Bayrou, circonspect, pense que ces sondages sont inévitablement dangereux. Il assume tranquillement le possible : « Il arrive, dit-il, qu’il y ait des manipulations. » Lesquelles ? Silence. Mais Christophe Barbier, éditorialiste à L’Express, laisse entendre qu’il faut avoir confiance et ne pas croire que le trio formé par les politiciens, les journalistes et les sondeurs mènent obligatoirement un jeu dangereux : « Il n’y a pas de connivences », assure-t-il. Nous voilà tranquillisés.

Mais François Fillon n’a plus de souci à cet égard : seule la France est désormais sa maîtresse.