En dépassant très largement ses deux concurrents Juppé et Sarkozy à ce premier tour des primaires, et en bénéficiant de l’appui de Nicolas Sarkozy pour le second tour, François Fillon a réussi haut la main la première étape de sa course vers le rendez-vous de mai 2017 à l’Elysée.
Fillon a probablement profité des erreurs de ces deux autres principaux candidats : « le meilleur » d’entre tous, sans doute dans le but de se faire bien voir du microcosme médiatique jusqu’alors dominant, Alain Juppé, a tout de suite placé son centre de gravité en porte-à-faux par rapport à la cible électorale en brandissant plusieurs thèmes sociétaux idéologiques de la Gauche, comme l’inconcevable loi Taubira sur le « Mariage pour tous », ou le « vivre-ensemble » multi-culturel incluant une coexistence avec un Islam de France mal défini. Et en s’encombrant avec NKM d’une alliée snobinarde, emblématique de la Gauche caviar hors sol, capable d’indisposer durablement le public conservateur modéré. Ou en définissant le combat « contre l’extrême-droite » comme… un but prioritaire en soi, alors que l’engagement énergique et sincère dans une mouvance authentiquement patriotique suffirait amplement à dégonfler la baudruche du Front national.
Handicapé par un capital d’antipathie – ou d’agacement – accumulé depuis la fin de son difficile quinquennat et par quelques palinodies regrettables, malgré son brio intellectuel et son énergie, Nicolas Sarkozy a été lâché par beaucoup de ses anciens électeurs de 2007 ou de 2012.
De son côté, François Fillon a su attirer les gros bataillons de la Droite, en manifestant à la fois la fermeté suffisante, le calme nécessaire et la modeste prudence pour rassurer le public et pour mobiliser son électorat, autour des valeurs communes au monde des entrepreneurs, aux héritiers du gaullisme, au courant chrétien social et, à quelques nuances près, au mouvement familial en plein renouveau dans la foulée de la Manif pour tous. Avec ce capital d’adhésions, il peut se montrer raisonnablement confiant pour l’avenir, en restant conscient que sa longue marche vers la présidence n’est pas terminée.