Avortement et libéralisme sexuel avancé - les droits de l’enfant, les Nations Unies et l’ «l’Evangile de la Vie» - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Avortement et libéralisme sexuel avancé – les droits de l’enfant, les Nations Unies et l’ «l’Evangile de la Vie»

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Parmi les 0NGs, Associations, Comités (aux divers noms et statuts) qui s’engagent pour le développement de tout l’homme et de tous les hommes ou qui militent pour l’accès de tous et de chacun aux droits humains fondamentaux, il est deux groupes qui ne jouissent pas à l’égal des autres du soutien actif ou, à défaut, d’une approbation consensuelle minimale du public. Ce sont ceux qui défendent le droit de l’enfant à la vie, dès sa conception, et ceux qui militent pour un environnement culturel et médiatique, audio-visuel, publicitaire… qui soit moralement sain, préservant d’abord les enfants. Voici de façon synthétique quelques observations majeures sur cette réalité.

• Ces deux causes appartiennent aux droits de l’enfant, l’une en première position – droit de vivre, premier des droits -, l’autre très proche car appartenant au domaine de l’éducation : le droit à un environnement culturel et moral sain.

• Ces deux causes figurent dans les déclarations universelles des Nations Unies.

• Malgré cela, elles sont ignorées par la plupart des législations nationales en Europe ; elles sont souvent moquées et activement combattues, ces deux causes, par des groupes militants ou des lobbies puissants qui récusent leur caractère naturel et universel et ne veulent y voir que des positions religieuses archaïques, contraires aux libertés publiques.

• De fait, ce sont très majoritairement des chrétiens, qualifiés de traditionnels ou conservateurs (et autres religieux) qui soutiennent ces causes. Ils le font certainement entraînés et éclairés par la foi, mais aussi formellement déterminés par leur adhésion aux droits de l’homme – tels que discernés en conscience – et confortés par les déclarations internationales de droit. Leur combat est donc essentiellement laïque et républicain ; il est pleinement fondé à repousser l’accusation d’ingérence du religieux dans la sphère publique et profane. 1

• Majoritaires au sein de leurs associations, ces chrétiens se trouvent plus ou moins noyés dans la masse, composée de croyants et non croyants, dont la plupart sont devenus relativement indifférents à ces valeurs. Dans cette société occidentale, marquée par l’athéisme et le relativisme moral, dominent en effet l’acceptation de l’avortement et le libéralisme sexuel avancé (qui n’est pas sans rapport avec la déréglementation libérale de l’économie de marché)

• L’Eglise officielle interpelle de temps à autre, et en général de façon plutôt molle, ses fidèles, les pouvoirs publics et l’opinion, en défendant la valeur absolue de la vie humaine ainsi que la dignité de l’amour d’expression corporelle ainsi que le respect et la considération qui lui sont dus.

• On pourrait, sans forcer, imaginer Jésus à l’Heure du Jugement, poursuivant ainsi l’énumération de nos attitudes à l’égard des plus petits d’entre ses frères, ces “petits” qui parfois dans l’Evangile désignent précisément les enfants (Mt 18, 1-7) : “J’étais un petit enfant dont les parents voulaient se défaire par avortement et vous m’avez sauvé…”, ou encore : “J’étais un enfant (de zéro à 18 ans) abîmé par la pornographie et une image dégradée de l’amour humain… et vous ne m’avez pas délivré de ce fléau…”

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Mais comment opérer ce salut et cette délivrance ? Conversations, accompagnement individuel, discussions, aide concrète aux personnes, réunions de formation, catéchèse et prédication pertinentes et courageuses, enseignement… sont évidemment les premiers moyens à mettre en oeuvre. Mais on s’aperçoit sans tarder qu’il faut se rassembler et entrer dans un mouvement qui porte spécifiquement le souci de ces graves problèmes, soit capable d’argumenter, d’éclairer, d’entraîner un public anesthésié, d’interpeller les pouvoirs publics… C’est ce que font des mouvements, associations, ONGs telles que Alliance Vita, Fondation Jérôme Lejeune, AFC (associations familiales catholiques), CLER, Action pour la Dignité Humaine, CitizenGo, Laissez-les-vivre – SOS futures mères, Mère de miséricorde, Avenir de la Culture, la Manif pour tous… Ces organisations agissent premièrement au sein de leur milieu associatif dont elles entretiennent la veille et mobilisent les membres ; et elles entreprennent des actions directes au niveau politique, national et européen, alertant les pouvoirs publics et mettant en oeuvre une pression de signe contraire à la pression exercée par de puissants lobbies. Ce qui en partie dément ce constat désabusé du Christ, visant à faire réagir les siens (à la fin de la parabole de l’intendant infidèle) : “les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière” (Luc 16, 8)

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Trois observations à faire.

1 – Le refus du libéralisme sexuel avancé n’a pas seulement une valeur morale et culturelle en soi, intrinsèque. Il a aussi et presque immédiatement une projection économique et sociale, dans la mesure où il tente de freiner un enchaînement de conséquences néfastes. En effet, la dégradation de l’image publique de l’amour dans les médias et l’utilisation du corps de la femme à des fins commerciales flétrissent la pudeur, banalisent la sexualité, excitent en permanence les convoitises, tendent enfin à réduire et relativiser la qualité sentimentale, psychologique et morale de la relation amoureuse (comme dans les films de Woody Allen où les protagonistes ne se connaissent pas depuis une demi-heure que déjà ils couchent ensemble…). Quand survient son fruit inattendu et non «programmé», l’enfant, un nombre croissant de jeunes est pressé par le milieu de recourir à l’avortement… La solidité du lien familial et social, reposant sur certaine valeur de l’engagement dans une vie à deux, s’en trouve elle aussi fragilisée. Ce résultat n’est évidemment pas sans incidence sur l’augmentation du nombre de familles monoparentales (et celles-ci sont plus exposées que les autres à la pauvreté, surtout en milieu populaire), sur la précarité économique de femmes seules, sur la crise du logement….

Illustration : dans son rapport annuel 2007, le Secours Catholique/Caritas France avait fait savoir que «60% des familles qu’il accueille, pour raison de pauvreté en premier lieu, sont des familles monoparentales, le plus souvent de jeunes mères célibataires». Cette constatation n’a pas été démentie les années suivantes…

D’autres enquêtes et statistiques montrent les dégâts personnels et sociaux causés par le libéralisme sexuel avancé, et plus précisément par la pornographie, chez les enfants, adolescents et adultes, préjudices que notre société ne veut pas regarder en face, jugeant trop lourdes d’affrontements, idéologiques et pratiques – donc moraux et politiques -, les révisions et transformations à opérer, avec en toile de fond la quasi-complaisance ou l’indifférence de “progressistes” de divers bords, malgré quelques sursauts passagers, dans les milieux journalistique, culturel, enseignant, artistique et politique.

Soulignons donc pour conclure ce paragraphe que les défenseurs de la vie et de la dignité de l’image publique et médiatique de l’amour humain, qui se dressent au nom des droits de l’homme et de l’enfant, sont des alliés objectifs du progrès économique et social, et pas seulement les adeptes convaincus et courageux d’une vision humaniste, culturellement et moralement élevée.

2 – On observe que les personnes et organisations capables de se mobiliser pour la défense et protection de la vie avant la naissance, et pour une image de l’amour humain qui ne soit pas dégradante – néfaste au développement psychologique et moral des enfants (et des adultes) – restent souvent impassibles vis à vis d’autres agressions à la dignité humaine, dénoncées celles-ci principalement par des personnes, partis politiques, associations, organisations… se situant idéologiquement plutôt à gauche. Pourquoi ? (Il faudrait étudier ceci de près en essayant de cerner les conceptions culturelles et anthropologiques, et par voie de conséquence politiques, respectivement de droite et de gauche qui expliquent cette réalité) Y a-t-il des droits qui méritent d’être défendus à droite et d’autres, pas les mêmes, pour lesquels seule une mentalité de gauche serait capable de se mobiliser ?

En tout cas, pour être crédible sur le front de la défense des droits de l’homme et de l’enfant, il faut être présent partout, sinon dans un engagement militant organisé (chacun ne peut tout faire), du moins moralement et idéologiquement parlant. Et que ça se voie et qu’on le sache ! On peut certes hiérarchiser les droits de l’homme, c’est à dire mettre entre eux un certain ordre, mais ils sont indivisibles. On attend donc que la droite catholique traditionnelle anti-avortement soit aussi présente, par exemple, sur d’autres terrains où les droits humains sont en péril, bafoués, piétinés.

Tous ceux qui sont soucieux de la défense et protection de la vie humaine avant la naissance, et se trouvent confortés dans leur action par l’enseignement constant de l’Eglise en la matière – la grande encyclique Evangelium Vitae (l’Evangile de la Vie) du pape Jen-Paul II notamment – doivent sans cesse garder à l’esprit que Jean-Paul II dans le préambule de ce texte – en écho au Concile Vatican II et dans les mêmes termes que ce dernier -, montre une préoccupation comparable pour toutes sortes d’atteintes graves portées à l’intégrité et au développement de la vie humaine. 2

3 – La défense du droit de l’enfant à vivre – faisant l’objet d’une reconnaissance affective et morale, philosophique, politique, juridique – et qui prime sur les raisons, souvent sérieuses, que peut avoir une mère ou un couple de vouloir s’en débarrasser – ne devrait pas entraîner la condamnation des personnes qui ne respectent pas ce droit. Autrement dit, la loi doit être explicitement et solennellement contre l’avortement en raison de sa gravité – parce qu’il est un acte de nature meurtrière – mais dans l’état actuel de notre civilisation elle ne doit pas, je crois, le pénaliser ; d’ailleurs, elle n’est pas près d’avoir la majorité législative requise pour le faire…

«Je crois» ? Aux juristes de se prononcer sur la viabilité de ce paradoxe. Il me paraît pourtant qu’il est la seule manière de traiter ce drame de façon civilisée et surtout d’inverser la tendance actuelle (étant donné le contexte national et européen).

J’insiste donc sur cette condition à mettre en oeuvre par la société, les parents, les enseignants, les philosophes, les journalistes, le corps médical, les services sociaux, les confessions religieuses et les pouvoirs publics : la dépénalisation de l’avortement peut et doit aller de pair :

• avec une volonté concertée de valorisation extrême de la vie humaine et sa défense dès ses commencements (comme cela se passe magnifiquement dans les centres hospitaliers où l’on protège au mieux, avec un dévouement infini, le petit enfant qui vient de naître, fragile ou prématuré, dès lors qu’il est accepté),

• et avec l’interdiction de banaliser sa pratique et d’en faire une fallacieuse propagande – comme est en train de faire le gouvernement actuel qui promeut l’avortement (voir les affiches du Planning Familial), le facilite largement, cherche à faire adopter «le délit d’entrave numérique», et occulte de façon scandaleuse tout ce que la République est capable de faire pour accompagner les jeunes mamans en difficulté, désireuses de garder leur enfant. (Voir à ce propos, publié par Alliance Vita : «Guide des aides publiques à l’attention des femmes enceintes. Toutes les aides pour conduire votre grossesse à son terme er élever votre enfant»), de sorte que même dépénalisée, sa pratique devienne exceptionnelle (230.000 par an en France depuis des dizaines d’années !)

A l’origine, la loi Veil (1974), il ne faut pas l’oublier, n’autorisait l’avortement que pour des raisons graves, de telle sorte que le déroulement de cette loi était placé sous le signe du respect de la vie humaine comme attitude et reconnaissance primordiales. L’article 1. de la loi dit en effet ceci :“La vie doit être respectée dès son commencement”. 3 Hélas ! cette inspiration s’est volatilisée et Simone Veil, auteur de la loi qui porte son nom, a renoncé à la faire valoir (et elle fut reçue à l’Académie française, le 20 novembre 2008, jour anniversaire de la Déclaration des droits de l’enfant, le 20 novembre 1959 ! et cette somme de beaux esprits ne trouva rien à redire). La reconnaissance de situations extrêmes donnant l’autorisation légale d’avorter – et c’est acceptable qu’il en soit ainsi dans une société laïque et démocratique, car à l’héroïsme nul n’est tenu – s’est muée en un droit inconditionnel.

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Voici la transcription d’un “commentaire” que j’avais envoyé à la lettre d’information – “Décryptage” de la fondation de service politique, du 14 novembre 2008 (en réaction à l’article : “USA : les évêques ne laissent pas de répit à Obama”), et surtout le texte de “Vinciane”, qui poursuit le dialogue :

a) Benoit A. Dumas (16/11/2008) : Je croyais que le débat était tranché depuis les dernières élections américaines qui opposèrent Georges Bush et John Kery ! L’Eglise s’oppose à l’avortement, elle a raison, mais elle ne fait pas de la position d’un candidat, en faveur de l’avortement ou opposé à celui-ci, le seul critère de son éligibilité par les catholiques, car cette question, est une question, certes importante, mais parmi de nombreuses autres. Les évêques USA s’étaient déjà prononcés dans ce sens.

Pour ce qui est de Barack Obama, il a dit sa tolérance à l’avortement là où les lois des états l’admettent, mais il a aussi dit qu’il s’efforcerait de restreindre dans les faits la pratique de l’avortement par diverses mesures économiques et sociales susceptibles d’en dissuader certaines femmes. Une politique sociale attentive aux plus démunis peut faire plus contre l’avortement qu’une position de principe limpide mais rejetée dans la pratique.

Je pense que l’Eglise en France devrait être beaucoup plus courageuse pour appeler solennellement à la défense de la vie humaine menacée. Le respect de la vie de l’enfant à naître figure dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies et dans la Convention sur les droits de l’enfant.
Etre contre l’avortement et dire qu’il est un acte de nature meurtrière, parce qu’il détruit la vie d’un être humain en formation (préférable au mot « personne », au stade embryonnaire), ne veut pas dire le pénaliser à nouveau. Car ce n’est pas en le pénalisant qu’on fera progresser la culture de la vie. Il y a bien d’autres moyens, et premièrement la réflexion philosophique et morale, la formation, la lutte contre le machisme et l’irresponsabilité masculine, la lutte contre le libéralisme sexuel avancé.

b) Vinciane (17/11/2008): «Tout à fait d’accord avec les propos équilibrés de Benoit A. Dumas, qui me semblent beaucoup plus nuancés et justes que des prises de position passionnées et caricaturales.

«Pour moi, l’Eglise devrait rappeler passionnément le droit à la vie de chacun, mais ne pas pour autant vouloir influencer le vote dans un sens ou dans l’autre. (sur cette restriction, je ne suis pas d’accord avec Vinciane, tout est dans la manière de parler)

«Pas seulement le droit « à la vie », mais « à une vie digne et humaine » : il ne suffit pas de naître, il faut encore pouvoir vivre comme un être humain, dans toutes les dimensions de ce terme ! La fécondité d’un couple ne se compte pas uniquement au nombre d’enfants qu’il a, mais encore bien plus à la manière dont il élève (« élever » – le mot dit bien ce qu’il veut dire ! -) ses enfants physiquement, affectivement, spirituellement, moralement, psychologiquement, etc…

«Mieux vaut bien élever le nombre d’enfants qu’on peut généreusement accueillir (quitte à en limiter le nombre par les moyens contraceptifs – et non abortifs !) que d’en avoir « autant que Dieu vous en envoie » et être totalement débordés, et ne pas pouvoir leur donner l’amour, l’attention, la tendresse, le temps, l’intelligence émotionnelle, etc… dont un enfant a besoin pour être heureux et devenir un adulte épanoui et épanouissant pour ses propres enfants !»

De ces deux courriers il ressort que la position anti-avortement – appelons-la plutôt position pro-vie – surtout quand elle se manifeste publiquement, doit intégrer dans sa visée l’avenir des enfants nouveaux-nés. La position pro-vie n’abandonne pas les enfants à la naissance : leur croissance et développement en tous domaines devrait lui importer pareillement.

Vinciane l’a souligné pour ce qui concerne la famille. Il en va de même au sein de la société et de «la Société des Nations». La Convention sur les droits de l’enfant des Nations Unies (février 1990) le déclare en ces termes : “Les Etats parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social” (Art 27.1). (Ces cinq adjectifs reviennent comme un leit-motiv au long de la Convention !). “Les Etats parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales (…) pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l’enfant à mettre en oeuvre ce droit”. (Art 27.3)
Souscrire au droit inconditionnel de l’enfant à la vie, implique un positionnement intégratif de plus vaste portée, comme le dit cette recommandation solennelle de la Convention : “Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.” (Art 3.1)

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L’opposition à la dégradation des moeurs (avortement et libéralisme sexuel avancé) est loin de constituer le tout de l’engagement en faveur du «développement physique, mental, spirituel, moral et social des enfants», préconisé par les Nations Unies. Il y a tant d’enfants dans le monde qui sont privés de bien-être et des conditions minimum de bonheur, parce que leur vie est saccagée par toutes sortes de maux ! Il faut donc saluer et imiter chez les uns leur engagement admirable en faveur de tous les droits de l’enfant – droit à la santé, droit à la nourriture, droit à l’éducation…. 4 Et en même temps et du même mouvement, ne cesser de faire admettre que «la considération primordiale en faveur de l’intérêt supérieur de l’enfant» s’appuie impérativement sur le respect absolu de son droit de vivre.

  1. Reconnaître la valeur sacrée de la vie humaine est d’abord une affaire de conscience droite, laïque et citoyenne.

    • Rappelons à ce sujet que l’encyclique du pape Jean-Paul II «l’Evangile de la vie» énonce dès le principe que, croyant ou pas, à la lumière de la raison naturelle, chacun peut reconnaître la valeur sacrée de la vie humaine dès sa conception :

    «Malgré les difficultés et les incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec la lumière de la raison et sans oublier le travail secret de la grâce, arriver à reconnaître, dans la loi naturelle inscrite dans les cœurs (cf. Rm 2, 14-15), la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu’à son terme ; et il peut affirmer le droit de tout être humain à voir intégralement respecter ce bien qui est pour lui primordial. La convivialité humaine et la communauté politique elle-même se fondent sur la reconnaissance de ce droit. (…)».

    Les citoyens qui intègrent les rangs des manifestations pro-vie ne doivent donc pas se laisser impressionner par les laïques «grand teint» qui dénoncent l’intrusion d’opinions religieuses et cléricales dans ces prises de position publiques. Ces prises de position, même si elles sont «en dernier ressort» motivées par la foi, ressortissent essentiellement, objectivement au domaine public et moral. Il faut le dire clairement. C’est pourquoi, il est vivement souhaitable que certains participants ne prêtent pas le flanc à de telles critiques en mêlant à ces manifestations : étendards, prières et slogans religieux…qui n’y sont pas à leur place et ont pour résultat d’entretenir ou de créer la moquerie et la confusion.

    • Par ailleurs, les associations d’inspiration chrétienne qui font entendre leur voix contre la dégradation des moeurs, plus ou moins cautionnée par la passivité des pouvoirs publics, trouvent cependant au moins un appui dans le Code Pénal, publié sous la présidence de François Mitterrand (1981-1995), en vigueur depuis le 1er mars 1994 – et dont les articles se rapportant à notre sujet demeurent largement inopérants bien qu’ils ne soient pas (encore) passés tout à fait à la trappe. En voici quelques uns :

    Art. 227.22 : Le fait de favoriser ou de tenter de favoriser la corruption d’un mineur est puni de de cinq ans d’emprisonnement et de 500 000 F d’amende.

    Art. 227.23 : Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image d’un mineur lorsque cette image présente un caractère pornographique, est puni d’un an d’emprisonnement et de 300 000 F d’amende.

    Art. 227.24 : Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 500 000 F d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. (on est mineur de 0 à 18 ans…)

    Art. R 624.2 : Le fait de diffuser sur la voie publique ou dans les lieux publics des messages contraires à la décence est puni de l’amende prévue pour les contraventions de 4e classe. Est puni de la même peine le fait, sans demande préalable du destinataire, d’envoyer ou de distribuer à domicile de tels messages.

    Art. R 625.8 : Le fait, par tout moyen, de procéder publiquement au racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles est puni de l’amende prévue pour les contraventions de 5e classe.

  2. Lettre encyclique précitée de Jean-Paul II, n° 2 : multiples crimes et attentats contre la vie humaine :

    «Dans une page d’une dramatique actualité, le Concile Vatican II a déploré avec force les multiples crimes et attentats contre la vie humaine. Trente ans plus tard, faisant miennes les paroles de l’assemblée conciliaire, je déplore ces maux encore une fois et avec la même force au nom de l’Eglise tout entière, certain d’être l’interprète du sentiment authentique de toute conscience droite: Tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les tentatives de contraintes psychiques; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie infra-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable: toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l’honneur du Créateur. »

    Déplorant la pratique massive de l’avortement et l’obscurcissement de la conscience morale chez un grand nombre, le pape poursuivait :

    «Des choix considérés jadis par tous comme criminels et refusés par le sens moral commun deviennent peu à peu socialement respectables. La médecine elle-même, qui a pour vocation de défendre et de soigner la vie humaine, se prête toujours plus largement dans certains secteurs à la réalisation de ces actes contre la personne; ce faisant, elle défigure son visage, se met en contradiction avec elle-même et blesse la dignité de ceux qui l’exercent. Dans un tel contexte culturel et légal, même les graves problèmes démographiques, sociaux ou familiaux, qui pèsent sur de nombreux peuples du monde et qui exigent une attention responsable et active des communautés nationales et internationales, risquent d’être résolus de manière fausse et illusoire, en contradiction avec la vérité et avec le bien des personnes et des nations.”

    Le résultat auquel on parvient est dramatique: s’il est particulièrement grave et inquiétant de voir le phénomène de l’élimination de tant de vies humaines naissantes ou sur le chemin de leur déclin, il n’est pas moins grave et inquiétant que la conscience elle-même, comme obscurcie par d’aussi profonds conditionnements, ait toujours plus de difficulté à percevoir la distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent la valeur fondamentale de la vie humaine.”

    l’Evangile de la Vie (Evangelium Vitae): lettre de Jean-Paul II, n° 4

  3. L’introduction de cet article premier est due à Jean Foyer. Il avait été nommé garde des sceaux par le Général de Gaulle en 1962. Ministre de la santé de Georges Pompidou en 1972, il devint, après son départ de ce poste, un farouche opposant à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse.
  4. Citons quelques organisations où l’engagement auprès des enfants occupe une place particulièrement importante : la chaîne de l’espoir, les enfants du monde, enfants du Mékong, Handicap international, les orphelins apprentis d’Auteuil, le BICE (bureau international catholique de l’enfance), Action contre la faim, Médecins sans frontières…