Mossoul, les chrétiens dans la bataille - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Mossoul, les chrétiens dans la bataille

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Depuis le 17 octobre, l’offensive a débuté afin de déloger l’État islamique de la ville de Mossoul, au Kurdistan irakien, qu’il avait conquis en juin 2014. La ville et sa périphérie sont peuplées d’environ 400 000 chrétiens, dont 70 000 à Mossoul, ce qui en fait la deuxième région chrétienne de l’Irak après celle de Bagdad. Mossoul est en effet l’antique Ninive qui s’était montrée attentive à l’enseignement du prophète Jonas. Beaucoup de chrétiens ont cherché à fuir la ville et à émigrer en Europe ou en Amérique. Mais d’autres résistent courageusement afin de rester dans leur pays et d’y maintenir une présence chrétienne. Il est donc normal et logique qu’ils se trouvent aujourd’hui engagés dans les combats pour la reprise de la ville.

Les chrétiens d’Irak, s’ils pratiquent tous le rite syriaque oriental, ne forment pas une seule communauté et se répartissent en trois Églises. Les assyriens, nés du schisme nestorien à la suite du concile d’Éphèse de 431, les chaldéens monophysites, apparus après le schisme consécutif au concile de Chalcédoine de 451 et les chaldéens catholiques, restés fidèles à Rome.

Dans l’épreuve, les trois Églises font front commun et leurs fidèles sont, par conséquent, engagés dans les mêmes forces.

Tout d’abord, la Force de garde de la plaine de Ninive, dite NGPF pour Nineveh Guard Plain Force, formée dès 2004 et qui constitue la milice armée d’un parti assyro-chaldéen représenté au parlement irakien. C’est aujourd’hui la formation militaire chrétienne la plus importante qui mobilise environ 7 000 combattants.

Vient ensuite l’Unité de protection de la plaine de Ninive dite UPPN ou NPU pour Nineveh Plain Protection Units, créée en juin 2014 et qui compte plus de 5 500 hommes sur le terrain. Le groupe est financé par l’Organisation mésopotamienne américaine qui rassemble les assyriens établis aux États-Unis ainsi que par la diaspora assyrienne et chaldéenne du monde entier.

Même si les assyriens y sont les plus nombreux, les chaldéens monophysites et catholiques y sont également présents, l’évêque syro-catholique de Mossoul s’étant même rendu dans un de ses camps d’entraînement en février 2015 pour y soutenir les combattants.

On trouve aussi les Forces de la plaine de Ninive dite NPF pour Nineveh Plain Forces, qui comprennent également des membres des trois communautés mais avec une présence apparemment plus grande des chaldéens.
Il faut également citer la Dwekh Nawsha qui signifie, en araméen, la Brigade des Martyrs de Demain et la Brigade de Babylone.

Cette mobilisation des forces chrétiennes a toujours inquiété les responsables religieux qui redoutent une encore plus grande animosité à l’égard des chrétiens restés dans les zones toujours occupées par l’État islamique. En outre, ils craignent, dans le morcellement de ces forces, un émiettement des moyens et le risque de rivalités qui a coûté si cher, en leur temps, aux milices chrétiennes du Liban.

Pourquoi une telle dispersion alors même que celle-ci ne coïncide pas avec les différents courants du christianisme irakien ? En fait, il semble bien que ces différences résultent surtout de la position de chacune de ces unités au regard de l’autre partie de bras de fer, aujourd’hui sous le boisseau mais qui pourrait rejaillir demain, entre le gouvernement national irakien de Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan. Le NGPF est proche de ce dernier et plusieurs de ses membres appartiennent également à la Zeravani, la gendarmerie kurde appelée à sécuriser le territoire et à maintenir l’ordre dans les zones libérées. En revanche, la NPU est plus proche du gouvernement irakien. Quant à la Brigade de Babylone, elle est sous influence chiite, tout comme les nombreux chrétiens enrôlés dans les très controversées Hashd Al-Sha’abi (Unités de mobilisation populaire) connues pour leurs exactions à l’égard des populations sunnites.

Car un des enjeux, à l’issue de la guerre, sera la place des villages chrétiens situés à la périphérie de Mossoul. Il semble aujourd’hui qu’une majorité de chrétiens soit favorable à la création d’un gouvernorat de Ninive au sein du Kurdistan mais rien n’est établi à ce jour.

Pour l’heure, c’est l’unité et la fraternité d’armes qui président aux combats pour l’instant victorieux. Les villes chrétiennes de Bartella et de Qaraqosh ont été reprises en attendant la reconquête de Mossoul.

Plus qu’un espoir, une espérance à ne pas décevoir.