L’accueil par le Pape de la délégation des victimes et de leurs parents, venus de Nice, a été admirable. C’était vraiment le père commun qui accueillait ses enfants blessés, en leur ouvrant toute la compassion de son cœur. Du coup, nous nous trouvions vraiment au sein du Jubilé de la miséricorde, qu’il a décidé et dirigé avec tant de détermination. C’était le Jubilé en acte, où nous sommes en situation de comprendre le mystère de l’amour de Dieu, tel qu’il s’est manifesté dans le don suprême du Christ. Et ce don n’est pas réservé aux seuls chrétiens. Il y avait une délégation juive et aussi la présence explicite des musulmans. On sait que plus d’un tiers des victimes de la Promenade des Anglais le 14 juillet, était d’origine musulmane. Le Pape les a tous accueillis, quels qu’ils soient, et il a tenu à saluer personnellement chacun, s’attardant parfois lorsqu’on voulait, sans doute, lui livrer un secret trop lourd, une peine insurmontable.
C’est dans cet esprit-là que se comprend l’appel à la paix et au pardon. Je dirais, avant toute tentative de dialogue interreligieux, il y a le service du frère, l’accueil de celui qui pleure. Et c’est le pur langage du christianisme, celui du Dieu qui a pitié de nos larmes. À partir de là, bien sûr, le Pape a évoqué directement l’espérance chrétienne de la résurrection, en sollicitant de la part de ses hôtes non chrétiens ce qui pouvait se rapporter à elle. Nous sommes dans un espace, qui n’est pas celui de la politique, même si les responsables niçois étaient bien présents.
Les politiques sont responsables de leur domaine propre, qui n’est pas incompatible avec l’espace religieux, dont ils sont à même de comprendre la singulière importance dans la vie de leur cité. Cela dit, ce domaine propre a de quoi remplir leur charge. Il y a le problème du terrorisme, de ses réseaux, de ses responsables, des jeunes contaminés par la propagande djihadiste. Il y a la question de l’immigration, qu’il faut poser et traiter dans ses termes justes. Ce qui n’est pas du tout évident. À l’approche de la présidentielle, il convient de prier aussi pour nos responsables, qui ont besoin d’être éclairés face aux défis qui sont, plus que jamais, les nôtres.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 septembre 2016.