La première réunion du « Saint et grand Concile » des Eglises orthodoxes espéré depuis une quarantaine d’années s’est achevée samedi en Crète par un message au monde entier. Pendant cette semaine de la Pentecôte, ce rassemblement ecclésial « panorthodoxe » a eu lieu en territoire grec à la demande du Patriarcat de Moscou, mais s’est déroulé en son absence, sous la présidence du Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée, regroupant dix Eglises sur quatorze. La hiérarchie de l’Eglise orthodoxe russe a préféré s’abstenir de participer à la rencontre, ainsi notamment que l’Eglise de Bulgarie. Abstention peut-être causée par la persistance de la rivalité multiséculaire entre les Patriarcats de Moscou et de Constantinople…
Cependant, ce Concile panorthodoxe a pu déboucher à la fois sur une « encyclique » et sur un message final adressé « au peuple orthodoxe et à toute personne de bonne volonté » : le texte de ce message manifeste à la fois une réelle ambition spirituelle et une ferme ouverture œcuménique, traduisant à la fois le souci d’unité entre orthodoxes et la volonté de dialogue, « en particulier avec les chrétiens non-orthodoxes ». En outre, il aborde de front le thème de l’indépendance de l’Eglise à l’égard du pouvoir, un thème crucial en ce début de XXIème siècle. Tout en mettant en garde, à juste titre, contre l’ensablement dans un sécularisme qui diluerait l’influence spirituelle de l’Eglise.
Il évoque aussi le principe de liberté religieuse comme « un droit fondamental », soutenant « la liberté de conscience, de foi, de culte », et « le droit de chaque croyant de pratiquer librement ses devoirs religieux, sans immixtion d’aucune sorte de la part des pouvoirs publics, ainsi que la liberté d’enseigner publiquement la religion et assurer les conditions de fonctionnement des communautés religieuses ». Des conditions concrètes d’exercice de cette liberté fondamentale, clé de voûte de toutes les libertés.
Il a été décidé de convoquer à l’avenir ce « Saint et grand Concile tous les sept ou dix ans » : ainsi, le monde orthodoxe pourra se souder davantage, en s’habituant à une concertation fraternelle plus régulière.