L’unique sujet de l’évangélisation est : la personne de Jésus Christ. A travers Jésus, nous avons un aperçu de la Trinité ; de Jésus vient l’Eglise. La Bible commence comme l’histoire d’un peuple qui attend le salut – l’histoire d’un exode dont le déroulement prépare l’Incarnation, la venue du Messie – puis raconte la suite des temps telle que l’a définie la Révélation : La Nativité, la Vie publique, la Crucifixion, la Résurrection, l’Eglise : « Je suis le Chemin, la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par Moi. » (Jean XIV 16.)
De temps en temps, j’achète des conférences audio-vidéo sur un tas de sujets intéressants, à un groupe nommé La compagnie enseignante. Ils les appellent les Grandes Conférences, et beaucoup méritent ce nom. Cependant, je n’en ai acheté aucune qui traite du Nouveau Testament, parce que l’orateur est Bart D. Ehrman. Je ne les ai pas regardées, donc je ne peux rien dire des qualités du Jésus historique ou des Christianismes perdus. Et le docteur Ehrman est peut-être un excellent professeur. Mais malgré tout, je ne peux pas me résigner à perdre mon temps et mon argent à écouter une conférence sur le Seigneur faite par un athée.
Le dernier livre d’Ehrman (et la série vidéo la plus récente) Comment Jésus est devenu Dieu : Exaltation d’un prédicateur juif de Galilée, prétend que Jésus « ne s’est jamais pris pour Dieu et n’a jamais proclamé qu’il l’était. »
C’est une curieuse assertion, face à ce qu’on lit dans les Ecritures. Aussi Brant Pitre, auteur d’un des meilleurs livres écrits récemment sur le Christianisme, Jésus et les racines juives de l’Eucharistie, a relevé le défi posé par le professeur Ehrman et consorts dans un nouveau livre : Le cas de Jésus : l’évidence biblique et historique sur Jésus.
L’évêque Robert Baron, dans sa postface du livre de Pitre, donne une excellente vue d’ensemble de ses arguments :
« Le Docteur Pitre a montré de façon percutante que les évangiles avaient été écrits soi par des témoins (Matthieu et Jean) soit par des auteurs associés de très près… (Marc et Luc). Ce sont d’anciennes mais authentiques biographies, (et non des œuvres folkloriques), qui ont été composées bien avant que ne s’établisse le consensus universitaire, et ils résultent d’un processus de communication déjà en œuvre du temps de la vie terrestre de Jésus. »
Les Evangiles et l’Eglise ne sont pas des légendes que l’on se transmet par un processus historique qui ressemblerait au jeu de société appelé le Téléphone, où chacune des versions chuchotées du message d’origine le déforme au point qu’il n’est pratiquement plus reconnaissable à la fin.
La plupart des lecteurs de TCT connaissent l’existence d’Evangiles apocryphes variés, attribués à Pierre, Thomas, Judas et d’autres. Le professeur Pitre les traite avec respect, mais pour les juger, il en défère comme pour beaucoup d’autres choses, aux Pères de l’Eglise primitive, Irénée, Eusèbe, et Cyril. Ces autorités sont unanimes dans leur opinion que tous ces soi-disant évangiles sont des pseudepigrapha, des faux. C’est important du fait que de nombreuses hérésies découlent de ces pseudepigrapha, et du fait du lien très net qui existe entre les apôtres et les Pères de l’Eglise. Irénée par exemple, était un élève de Polycarpe, lui-même élève de Jean. LE Jean.
Le Cas de Jésus traite de façon succincte et avec autorité de sujets tels que la datation et l’autorité des Evangiles, la continuité messianique entre l’ancien et le nouveau Testament, et – le plus important à mon avis – la question de l’identité du Christ, particulièrement le témoignage du Seigneur Lui-même à ce sujet. Une grande partie de la deuxième moitié du livre est consacrée à l’exploration de ce thème essentiel, qui est le cœur de la foi chrétienne et une pierre d’achoppement pour les non chrétiens.
Le professeur Ehrman susmentionné dit que Jésus ne s’est jamais proclamé deuxième personne de la Trinité. « Il est presque certain », a-t-il écrit, (« presque » sonne terriblement louche) « que les auto-proclamations que l’on trouve chez Jean ne sont pas historiques ». Mais comme l’écrit le professeur Pitre :
Faire une telle déclaration (que le Christ n’a jamais affirmé sa divinité dans les évangiles synoptiques) c’est ignorer complètement les deux miracles de Jésus au cours desquels il agit comme s’Il était le Dieu unique, ainsi que ses paroles… dans lesquelles il parle comme s’il était le Dieu unique.
Comme nous le savons, le Seigneur établit clairement et de façon récurrente pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre (Voir Matthieu XIII 16) exactement Qui Il est. L’explication de Pitre sur les nuances entre les Hébreux et les Grecs sont bonnes car elles établissent, et prouvent (à ma grande satisfaction) les déficiences des universitaires révisionnistes.
Pourquoi, s’écrient les critiques postmodernes, Jésus a-t-il si souvent caché son allégation d’identité divine ? S’Il était Dieu, pourquoi ne pas le crier sur les toits ? Cela sonne beaucoup comme Satan tentant Jésus pour qu’il se jette du pinacle du temple d’Hérode (en fait les critiques le poussent).
Et cela révèle simplement une mauvaise lecture de toute l’Ecriture qui – depuis la Genèse jusqu’à la Révélation – est l’histoire du déroulement du plan messianique de Dieu pour notre Salut. Mais l’accomplissement du plan dans la personne du Christ n’était pas du tout ce qu’attendait l’Israël du 1er siècle, et (n’en déplaise à René Girard) il était dangereux de le proclamer. Personne, pas même les apôtres jusqu’à la Résurrection, ne pouvait comprendre Dieu fait homme. D’où les paraboles, les signes et les miracles. Quand est arrivée la Révélation, la mort a suivi. La Mort et la Gloire.
Ceux du camp Ehrman se trouvent face à un « tri-lemme ». C.S. Lewis a écrit (Pur Christianisme) que devant une évidence biblique, on doit choisir entre trois options à propos de Jésus (c.à.d. à propos de ce qu’il dit de Lui-même) : Il était Fou, Menteur ou Seigneur. A ceci, Pitre ajoute clairement « Légende », mais c’est juste pour reporter l’allégation de folie ou de mensonge sur les apôtres.
Et la plus forte preuve que Jésus soit le Seigneur est ceci : plus de 2 000 ans après, 2,4 milliards de personnes en vie actuellement (et des milliards avant elles) croient en la divinité de Jésus-Christ.
12 juin 2016
Source Telephone: https://www.thecatholicthing.org/2016/06/12/telephone-how-whispering-historians-distort-the-story-of-jesus/